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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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1938 et explicable par une dégradation de sa santé due aux méthodes thérapeutiques de Morell. Je suis au contraire d’avis que les intentions et les projets de Hitler n’ont jamais varié. La maladie et la crainte de la mort ne firent que le pousser à en accélérer la réalisation. Seule une opposition supérieure en forces pouvait encore tromper ses desseins, mais, en 1938, ces forces ne se manifestaient pas. Au contraire, les succès de cette année-là encouragèrent Hitler à accentuer son rythme déjà élevé.
    La fébrilité avec laquelle il nous poussait à avancer nos travaux était, me semblait-il, étroitement liée à cette fièvre intérieure. A l’achèvement du gros œuvre il déclara aux travailleurs : « Ce n’est déjà plus le rythme américain, c’est déjà le rythme allemand. J’ai la prétention de travailler, moi aussi, plus vite que les chefs de ces États qu’on appelle démocraties. Je crois qu’en politique aussi nous imposons un autre rythme, et s’il est possible d’annexer au Reich un État en deux ou trois jours, il doit aussi être possible d’ériger un édifice en un ou deux ans. » Il est vrai que je me demande parfois si l’excessive passion qu’il mettait à construire n’avait pas en plus pour but de camoufler ses projets, et la multiplication des poses de premières pierres celui de faire illusion aux yeux de l’opinion publique.
    Cela devait se passer en 1938, à l’hôtel Deutscher Hof à Nuremberg. Hitler parlait du devoir de chacun de ne dire que les choses que tout le monde pouvait entendre. Parmi les personnes présentes, il y avait le Reichsleiter Philip Bouhler et sa jeune épouse. Celle-ci objecta que de telles restrictions ne s’appliquaient certainement pas à notre petit comité, car nous saurions tous garder un secret qu’il nous confierait. Hitler répondit en riant et en me désignant : « Personne ici ne sait se taire, sauf un. » Pourtant les événements des mois qui suivirent, ce n’est pas de lui que je les appris.
     
    Le 2 février 1938, je vis le commandant en chef de la Marine, Erich Raeder, blême et hagard, traverser en titubant le hall de la Chancellerie. Il ressemblait à un homme guetté par une attaque. Le surlendemain, je lus dans le journal que le ministre des Affaires étrangères von Neurath avait été remplacé par von Ribbentrop, et le commandant en chef de l’armée de terre von Fritsch par von Brauchitsch. C’est Hitler en personne qui avait prisle haut commandement de la Wehrmacht, exercé jusqu’à ce jour par le Feldmarschall von Blomberg, Keitel était nommé chef d’état-major de Hitler.
    Je connaissais le Feldmarschall von Blomberg pour l’avoir vu à l’Obersalzberg. C’était un homme courtois et très distingué, jouissant d’un grand prestige auprès de Hitler qui, jusqu’au moment où il le révoqua, l’avait toujours traité avec beaucoup de prévenances. A l’automne 1937, il était venu, à l’instigation de Hitler, dans mes bureaux de la Panser Platz voir les plans et les maquettes de notre projet berlinois. Il resta environ une heure, montrant son intérêt sans démonstrations inutiles. Un général l’accompagnait, approuvant chaque mot de son chef d’un petit signe de tête. C’était Wilhelm Keitel, devenu depuis le plus proche collaborateur de Hitler au haut commandement de la Wehrmacht. Ignorant tout de la hiérarchie militaire, je l’avais pris pour un aide de camp de Blomberg.
    A la même époque, le général de corps d’armée von Fritsch, que je ne connaissais pas jusqu’alors, me pria de venir le voir dans ses bureaux de la Bendlerstrasse. L’intérêt qu’il portait aux projets de Berlin n’était pas de simple curiosité. Je déployai les plans sur une grande table à cartes. Gardant ses distances, d’une froideur et d’une concision toutes militaires mais presque désobligeantes, il écouta mes explications. Les questions qu’il me posa me donnèrent l’impression qu’il était en train de supputer dans quelle mesure une évolution pacifique de la situation pouvait intéresser un Hitler absorbé par ses grands projets aux échéances lointaines. Mais peut-être me suis-je trompé.
    Je ne connaissais pas non plus le ministre des Affaires étrangères, le baron von Neurath. Un jour, en 1937, Hitler trouva que la villa du ministre n’était pas suffisamment vaste pour lui permettre de satisfaire aux obligations officielles de sa charge. Il m’envoya

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