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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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prévu une luxueuse salle de cinéma d’exclusivités, un cinéma populaire de deux mille places, un nouvel opéra, trois théâtres, une nouvelle salle de concert, un palais des congrès appelé « Maison des nations », un hôtel de 21 étages et de 1 500 lits, des music-halls, de grands restaurants et des restaurants de luxe, et même une piscine couverte de style romain ayant les dimensions des Thermes de l’époque impériale ; tout cela pour donner à cette nouvelle avenue une animation digne d’une grande ville  1  . Des cours intérieures calmes, bordées de colonnades et de petits magasins chic, devaient inciter à la promenade à l’écart du bruit de la circulation ; une large place devait être faite à la publicité lumineuse. Hitler et moi avions imaginé toute cette avenue comme une exposition-vente permanente de produits allemands, destinée surtout à attirer les étrangers.
    Lorsque aujourd’hui je revois les plans et les photos des maquettes, ces parties de l’avenue me paraissent mortes, pétrifiées dans leur uniformité. Le lendemain de ma libération, en me rendant à l’aéroport, je passai devant l’un de ces bâtiments  2   ; je découvris alors en quelques secondes ce dont je ne m’étais pas aperçu pendant des années : dans nos constructions, nous négligions toutes proportions. Même pour les entreprises privées, nous avions prévu des blocs de cent cinquante à deux cents mètres de long, nous avions uniformisé la hauteur des bâtiments et des façades des magasins, nous avions rejeté les gratte-ciel derrière l’alignement de la rue, renonçant ainsi à un moyen d’égayer et d’aérer la perspective. Quand je regarde les photos des bâtiments commerciaux, je suis effrayé par leur aspect monumental qui aurait rendu vains tous les efforts que nous faisions pour donner à cette avenue une animation digne d’une grande ville.
    La meilleure solution que nous ayons trouvée, était celle de la gare centrale devant laquelle s’ouvrait au sud l’avenue d’apparat de Hitler ; l’édifice aurait avantageusement tranché sur les autres monstres de pierre grâce à son ossature d’acier largement apparente, revêtue de plaques de cuivre et garnie de surfaces vitrées. Nous avions prévu pour le trafic quatre niveaux superposés, reliés entre eux par des escaliers roulants et des ascenseurs. Cette gare devait surpasser le Grand Central terminal de New York.
    Les hôtes officiels auraient descendu un grand escalier. Comme tous les autres voyageurs sortant de la gare, ils auraient dû être subjugués par cette perspective architecturale symbolisant la puissance du Reich ou, pour parler plus précisément, ils auraient dû en être littéralement « assommés ». La place de la gare, longue de 1 000 mètres et large de 330 mètres, devait être bordée d’armes prises à l’ennemi, à l’instar de l’allée des béliers entre Karnak et Louxor. Hitler avait exigé cet élément décoratif après la campagne de France, et confirmé son ordre à la fin de l’automne 1941, après ses premières défaites en Union soviétique.
    Pour terminer et couronner cette place, Hitler avait prévu d’élever, à 800 mètres de la gare, son Grand Arc ou, comme il disait parfois, son Arc de Triomphe. L’Arc de Triomphe de Napoléon représente certes, sur la place de l’Étoile, avec ses 50 mètres de haut, une masse monumentale donnant aux Champs-Élysées, après 2 kilomètres de longueur, une conclusion imposante, mais le nôtre, long de 170 mètres, large de 119 mètres et haut de 117 mètres, aurait largement dominé tous les autres édifices de la partie sud de l’avenue, les écrasant absolument par ses proportions.
    Après quelques tentatives infructueuses je n’eus plus le courage d’inciter Hitler à modifier cet édifice qui était l’une des pièces maîtresses de son projet. Il l’avait conçu bien avant de subir l’influence bénéfique du professeur Troost : des réalisations architecturales auxquelles il songea dans les années vingt et dont il avait dessiné les ébauches dans un carnet perdu depuis, ce monument est le meilleur exemple qui ait été retenu. Il refusa d’écouter toutes les propositions que je lui fis d’en modifier les proportions ou d’y apporter des simplifications, mais il sembla satisfait lorsque, sur les plans terminés, je remplaçai le nom de l’architecte simplement par trois croix.
    Par l’ouverture du « Grand

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