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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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comme une distinction. Vraisemblablement, Hitler tenait tant à la conclusion stupide et banale de sa journée qu’il ne voulait pas la voir perturbée. J’ai souvent remarqué aussi que Hitler éprouvait une certaine appréhension à fréquenter des hommes qui lui étaient supérieurs dans un domaine. Il lui arrivait d’en recevoir ; mais seulement dans l’atmosphère réservée d’une audience officielle. Ce fut peut-être une des raisons pour lesquelles il s’était attaché en ma personne un tout jeune architecte ; en face de moi, il n’éprouvait pas de tels complexes d’infériorité.
    Après 1933, les aides de camp purent dans un premier temps inviter des dames choisies par Goebbels en général dans les milieux du cinéma. Mais n’étaient en général admises que des femmes mariées, le plus souvent accompagnées de leur mari. Hitler observait cette règle pour couper court aux rumeurs susceptibles de porter atteinte à l’image forgée par Goebbels d’un Führer menant une vie rangée. Vis-à-vis de ces femmes, l’attitude de Hitler était celle d’un élève d’un cours de danse, participant au bal de la fin du cours. Avec elles, il mettait un certain zèle timide à ne pas faire de faux pas, à distribuer des compliments en nombre suffisant, à faire le baise-main à l’autrichienne pour les recevoir ou leur dire au revoir. La soirée terminée, il restait encore un moment encompagnie de ses intimes pour s’extasier sur les femmes de la soirée, plus sur leur silhouette que sur leur charme ou leur esprit, et toujours un peu comme un lycéen, convaincu de l’inaccessibilité de ses désirs. Hitler aimait les femmes grandes et minces ; Eva Braun, plutôt petite et menue, ne correspondait pas du tout à son type.
    Subitement, en 1935, si je me souviens bien, ce fut terminé d’un jour sur l’autre. La raison m’en est toujours restée cachée ; des racontars peut-être, ou Dieu sait quoi, de toute façon, Hitler fit savoir brusquement qu’à l’avenir on devait cesser d’inviter des dames ; il se contenta désormais de vanter les mérites des divas des films du soir.
    Ce n’est que plus tard, vers 1939, que Hitler assigna dans sa résidence berlinoise à Eva Braun une chambre contiguë à la sienne, aux fenêtres donnant sur une cour étroite. Ici plus encore qu’à l’Oberzalzberg, elle menait une vie complètement coupée de tout, se glissant par une porte et un escalier de derrière, ne descendant jamais dans les pièces du rez-de-chaussée, même quand il n’y avait que de vieilles connaissances, tout heureuse quand je lui tenais compagnie pendant mes longues heures d’attente.
    A Berlin, Hitler n’allait que très rarement au théâtre, sauf pour aller voir des opérettes. Il ne manquait jamais une nouvelle mise en scène d’une des opérettes devenues classiques, comme La Chauve-souris ou La Veuve joyeuse . Je suis sûr d’avoir vu en sa compagnie dans les villes d’Allemagne les plus diverses au moins cinq ou six fois La Chauve-souris , dont il subventionnait les décors fort dispendieux en puisant abondamment dans la caisse privée de Bormann.
    Il éprouvait par ailleurs un grand plaisir aux spectacles frivoles, allant quelquefois au Wintergarten, un théâtre de variétés berlinois, et il y serait certainement allé plus souvent si une certaine crainte du qu’en-dira-t-on ne l’avait retenu. Parfois, il y envoyait à sa place son intendant qui devait, en rentrant le soir, lui rapporter le programme et lui raconter ce qu’il avait vu. Il alla quelquefois également au théâtre Métropole, où on donnait d’insipides revues peuplées de nymphes nues.
    Tous les ans, il assistait pendant le festival de Bayreuth à toutes les représentations du premier cycle sans exceptions. A ce qu’il m’a semblé, et pour autant qu’un profane en matière de musique puisse juger, il montrait dans les discussions avec M me  Winifred Wagner une aptitude à juger des détails musicaux ; pourtant, ce qui l’intéressait encore plus, c’étaient les réalisations scéniques.
    Mais à part cela, il fréquentait fort peu l’Opéra et même l’intérêt qu’il semblait, au début, porter à ce spectacle disparut bientôt. Même sa prédilection pour Brückner resta sans conséquences. Certes, avant chacun de ses discours culturels au congrès de Nuremberg, il faisait jouer un mouvement d’une symphonie de Brückner, mais, pour le reste, il se contentait de veiller à ce

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