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Au Fond Des Ténèbres

Au Fond Des Ténèbres

Titel: Au Fond Des Ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gitta Sereny
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peut percevoir une certaine admiration pour les insurgés tant chez lui que chez certains SS avec qui j’ai parlé.
    Il m’a dit : « Au moment de la révolte, il y avait environ huit cent quarante Juifs dans les deux camps. Quand la fusillade a cessé, au bout de dix minutes, nous avons crié que ceux qui voulaient notre protection, devaient se rassembler devant mes quartiers. »
    [« Quand ça a commencé, a dit Suchomel, Tchechia – vous vous souvenez, la belle rousse – travaillait dans la cuisine. Les SS, les hommes de ménage et les filles de cuisine étaient tous couchés sur le plancher des couloirs parce que ça tirait de l’extérieur. Tchechia était tout près de moi. Je ne sais pas si elle avait eu vent de l’insurrection. Je sais que Wirth se vantait quelquefois d’être arrivé à faire s’entretuer les Juifs. Eh bien, j’étais là et je n’ai jamais vu ni entendu parler d’un seul cas de ce genre, si ce n’est, bien sûr, qu’il y avait les mouchards juifs de Kuttner et que des Juifs mouraient à cause d’eux – c’est vrai. Mais peut-être même n’y en avait-il pas beaucoup. Mais je sais très bien que la fameuse “Kappowa” Paulinka a donné au moins six Juifs à Kuttner. Après la révolte, on l’a retrouvée la tête fracassée, sur le sentier qu’elle avait essayé d’emprunter pour fuir au camp du haut. Et ils ont eu encore un autre informateur aussi ; mais ce sont les deux seuls cas que je connaisse…]
    « Plus d’une centaine se sont présentés à nous quand nous les avons appelés, m’a dit Stangl. En attendant, les troupes de sécurité avaient entouré le camp à une distance de cinq kilomètres. Et bien sûr, ils en ont rattrapé la plupart. »
    Est-ce qu’ils ramenaient ceux qu’ils rattrapaient ?
    « Oh ! non, ils les fusillaient. Vers la fin de l’après-midi, les chiffres ont commencé à arriver. J’avais quelqu’un au téléphone pour compter et additionner. Vers 5-6 heures il est apparu qu’ils en avaient rattrapé quarante de plus qu’il ne s’en était enfui. J’ai pensé : “Mon Dieu, ils vont commencer à tirer sur les Polonais d’à-côté. Ils sont en train de tirer sur tout ce qui bouge… “ »
    Franciszek Zabecki, le contrôleur du trafic de la gare de Treblinka, a, bien entendu, été témoin de la révolte. Il dit que ça a commencé exactement à 3 heures de l’après-midi.
    « J’ai entendu tirer et presque au même moment j’ai vu les incendies. Ça a brûlé jusqu’à 6 heures du soir. Les SS sont allés voir le maire pour lui dire que quiconque aiderait les évadés serait fusillé sur-le-champ. Il y a eu des centaines de soldats tout autour, presque immédiatement, les gens avaient peur d’être pris pour des Juifs, alors ils se sont barricadés dans leurs maisons. Les soldats tiraient à vue sur tout ce qui bougeait. Une femme, Helen Sucha, a caché un Juif ; ils l’ont emmenée au camp de travail et on n’en a jamais plus entendu parler. »
    « Est-ce que les Polonais se sont joints aux patrouilles allemandes, comme tous les survivants l’ont prétendu ? »
    « Je crois, m’a répondu Zabecki, que les gens avaient bien trop peur d’être confondus avec les Juifs pour s’aventurer dehors, mais bien sûr, il peut y en avoir eu quelques-uns. Personnellement je n’en connais pas. Je sais seulement que nous, de la Résistance, nous étions bigrement heureux que les Juifs se soient révoltés enfin… »
    « J’ai donné ordre de cesser le feu dès que j’ai réalisé qu’ils tiraient aveuglément sur tout ce qui bougeait, a dit Stangl. Oui, je me souviens parfaitement maintenant : il nous en restait cent cinq. C’est ça. J’ai aussi donné tout de suite l’ordre qu’aucun de ces cent cinq ne soit tué. Il fallait arrêter les représailles : c’est ce qui nous avait fait haïr par tout le monde. Aussi, personne d’autre n’a été tué à Treblinka, du moins tant que j’y ai été… »
    D’après les rapports, les exterminations ont continué après la révolte ? Peut-être après votre départ ?
    « Je ne pense pas. Comment auraient-ils fait ? Tout – toutes les installations – avait été incendié… »
    [« Après la révolte et tous les incendies, seules les chambres à gaz restaient intactes, a dit Suchomel. Elles étaient en briques. Et Stangl m’a dit : “Les idiots, pourquoi ne les ont-ils pas brûlées ?” Voyez-vous, a-t-il ajouté avec un certain

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