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Au Fond Des Ténèbres

Au Fond Des Ténèbres

Titel: Au Fond Des Ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gitta Sereny
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faveur de l’euthanasie. Il dénombrait ensuite, avec des accents presque désespérés, tous les évêques allemands qui s’étaient exprimés contre l’euthanasie, commençant par le cardinal Bertram et le cardinal Faulhaber en 1934 – et il reproduisait textuellement de longs extraits de l’un et de l’autre –, jusqu’à l’archevêque Gröber en 1937. Il poursuivait en mentionnant brièvement la correspondance du Vatican avec le gouvernement allemand, telle qu’elle est reprise dans les «  Livres blancs du Vatican de 1934 et 1935, époque où le Vatican rejetait déjà énergiquement ce mal mineur qu’est la stérilisation. Malheureusement, il n’était plus paru de Livres blancs au cours des années suivantes et nous ne saurions affirmer aujourd’hui avec certitude, poursuivait l’évêque d’une façon significative, que le Saint-Siège s’est prononcé sur le sujet quand l’euthanasie a été entreprise en 1939 sur une grande échelle. Nous sollicitons aujourd’hui du Vatican des informations à ce propos ».
    M gr  Neuhäusler revient alors aux protestations ultérieures des évêques allemands [après une longue et fatale pause de trois ans], celles des cardinaux Bertram et Faulhaber en août et en novembre 1940, de l’archevêque Gröber et de l’évêque Bornewasser de Trêves, de l’évêque du Limbourg et, naturellement, de l’évêque extraordinairement courageux de Münster, le comte Galen, ces dernières en 1941 ; et celles, pour finir, de la lettre pastorale de tous les évêques allemands, datée du 12 septembre 1943, tout à fait remarquable pour l’époque, et dans laquelle les évêques protestent non seulement contre l’euthanasie mais contre le meurtre « d’otages innocents, prisonniers de guerre ou d’institutions pénales, et d’êtres humains d’origines et de races étrangères ».
    Après avoir fourni ce flot de protestations des évêques contre l’euthanasie, écrit M gr  Neuhäusler, j’ai été prié le 3 mars 1967 par un avocat de la défense [qui assistait le 3 mars 1967 à une réunion où des questions furent posées à l’évêque cinq heures durant sur l’attitude de l’Église à l’égard de l’euthanasie au cours de cette période] d’expliquer pourquoi les évêques avaient si longtemps gardé le silence après leur protestation initiale de 1934. « Il m’a été possible de répondre qu’après tout on ne tire pas sur des lièvres qui ne sont pas là ou qui tout au moins n’apparaissent pas. En 1938 et 1939, il n’y a pas eu destruction de vies humaines non valables, au moins sur une grande échelle, et en tout cas pas à la connaissance du public. » Il ajoutait toutefois cette remarque [tristement significative] : « J’ai fait personnellement un effort pour jeter quelque lueur dans ces ténèbres en adressant autour de 1939 un Domkapitular aux deux endroits que l’on soupçonnait de pratiquer l’euthanasie, Grafeneck et Hartheim ; cette double démarche fut vaine. Personne dans ces deux villes ne savait rien ou n’osait parler. Ce n’est que lorsque des malades d’asile furent enlevés de nuit dans les hôpitaux par cars entiers [en 1940] que l’on se trouva fondé à protester. »
    L’argument ne vaut que si les Églises estiment que le fait pour elles d’élever des protestations contre des actes incompatibles avec la moralité ou les droits de l’homme doit dépendre de l’ampleur de la notoriété publique de ces actes. Il semble bien – M gr  Neuhäusler a raison – que ce soient là les critères qui furent appliqués de 1939 à 1945, période dont traite ce livre ; mais il n’est pas pour autant facile d’admettre que ces critères se justifient moralement de quelque façon que ce soit.
    On m’a objecté que le nonce apostolique et plusieurs évêques, à qui la consultation Mayer fut montrée, n’avaient fait qu’en « prendre connaissance », ils ne l’avaient pas « approuvée ». Ainsi l’Église catholique n’était en aucune manière compromise par l’interprétation du dogme que proposait Mayer et par son opinion. Cela est vrai, bien sûr. On n’a aucune preuve que M gr  Wienken, M gr  Berning, le cardinal Orsenigo ou même les Drs. Roth ou Patin aient obligatoirement approuvé tout ou partie de la consultation du professeur Mayer. Mais l’objection passe à côté du point crucial : à savoir que la consultation fut commandée, puis portée à la connaissance de

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