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Au Fond Des Ténèbres

Au Fond Des Ténèbres

Titel: Au Fond Des Ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gitta Sereny
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à nouveau confirmée ». Suivait la lecture par l’évêque de la déclaration du Saint-Office.
    Le sermon fut prononcé à l’occasion d’une messe commémorative du couronnement de Pie XII. La seule réaction du pape à ce sermon – destiné si mystérieusement à devenir lettre morte pour tous les travaux historiques ultérieurs – fut de remercier l’évêque (le 19 mars 1941) de ses lettres « des 10,11 et 17 janvier, des 8,15 et 22 février ainsi que du 6 mars [lettre où l’évêque avait inclus un extrait du sermon] dont Nous avons pris connaissance avec attention, principalement du sermon à l’occasion de la messe de couronnement à Sainte-Hedwige. Il Nous est agréable d’accueillir toutes paroles sincères pour lesquelles vous autres évêques défendez publiquement les droits de Dieu et de la Sainte Église… »
    (« Tout le monde se moquait bien de ce que ces gens-là racontaient à l’église », dit Dieter Allers quand je le questionnai sur les réactions de la population aux sermons de Preysing, Galen et autres. « Presque personne n’allait à la messe d’ailleurs, dit-il, on ne se souciait que de la croûte et de la fin de la guerre. » Je crois que Herr Allers sous-estime l’efficacité de l’information du bouche à oreille. Il se peut néanmoins qu’il ait vu juste ; en ce cas on peut penser qu’il devenait d’autant plus important – à partir du moment où les Églises commençaient à admettre que le public était au courant – de diffuser par voie d’imprimés, leurs informations, et plus particulièrement la position finalement adoptée par le Saint-Office sur l’euthanasie, quels que puissent être les risques encourus.
    Mais le seul lieu d’Allemagne où l’on put lire la déclaration du Saint-Office fut la petite ville de Rottenburg en Wurtemberg (lieu significatif si l’on se rappelle que le premier ecclésiastique qui ait soulevé la question fut l’évêque protestant du Wurtemberg). Un seul journal, La petite Gazette diocésaine y publia le texte le 24 mars 1941 – en latin. Mais à cette date le Programme d’euthanasie était devenu un scandale public et, par toute l’Allemagne, des hommes d’Église courageux élevaient des protestations. Cinq mois plus tard, quelle qu’ait pu être la raison, Hitler donnait ordre d’y mettre fin.
    Quant au pape Pie XII, il n’éleva qu’une seule fois la voix contre l’euthanasie – clairement et succinctement – dans sa lettre pastorale Mystici Corporis qui parut le 29 juin 1943. À ce moment-là, elle ne pouvait plus être d’aucun secours aux 60 000 à 80 000 enfants et adultes dont beaucoup étaient de simples handicapés qu’on a trouvé depuis lors le moyen de guérir et qui avaient été mis à mort.
    Pendant longtemps il a été généralement admis dans l’opinion que l’ordre donné par Hitler d’arrêter le Programme d’euthanasie découlait directement de la pression exercée par les Églises et le public.
    Mais Dieter Allers devait me dire que lorsque Brack et Blankenburg avaient envisagé avec lui sa nouvelle affectation qui devait prendre effet dès janvier 1941, ils lui avaient dit expressément qu’il en aurait « pour six mois ». Selon Allers, « Nous comptons en avoir fini à la fin juillet », aurait dit Brack textuellement.
    Une remarque à peu près aussi énigmatique m’a été faite au Vatican, par le père Burckhardt Schneider, SJ – historien d’excellente réputation – qui a conclu que le rôle du sermon de Galen avait été négligeable. « Le Programme était de toute façon achevé, nota-t-il, on en avait plus ou moins fini avec tous ceux qu’on avait eu l’intention de tuer. En fait, il s’est poursuivi d’une certaine façon… »
    La chose à quoi faisait ainsi allusion le professeur Schneider concernait ce qui fut fait dans plusieurs instituts d’euthanasie après l’arrêt officiel du plan, lorsque sous la désignation de code « 14 f 13 » des milliers d’internés des camps de concentration, prisonniers politiques, criminels « récidivistes » et Juifs furent qualifiés d’aliénés incurables et passés par les chambres à gaz [33] . Tous les membres de l’ancien personnel de T4 avec lesquels j’ai parlé de cette évolution prétendent aujourd’hui qu’ils le déplorent mais qu’ils n’en ont rien su à l’époque.

5
    « À Hartheim, dit Stangl, la liquidation se poursuivait sans heurt, mais il n’en

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