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Au Fond Des Ténèbres

Au Fond Des Ténèbres

Titel: Au Fond Des Ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gitta Sereny
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très vaste programme de recherches à long terme pour l’amélioration de la santé publique. »
    « Il y a une chose dont je peux témoigner personnellement, dit Frau Allers, et je vous autorise à me citer : à Schloss-Hartheim en tout cas, on n’avait aucune possibilité de prendre des photos de gens en train de mourir. Aucun dispositif sur la porte, rien qu’un tout petit œil comme on en met sur les portes d’entrée. Vous y mettiez un œil pour voir, mais on n’aurait pas pu prendre des photos. »
    Vous avez vu vous-même par ce petit œil ?
    « Oui. »
    « C’était uniquement pour permettre aux docteurs de certifier que c’était fini, dit son mari. Il y a eu un homme qu’on a envoyé à Hartheim pour une semaine ou deux afin de voir comment ça fonctionnait, je me rappelle ; c’est le Dr. Gorgass qui a travaillé plus tard à Hadamar. Mais, autant que je me souvienne, c’est le seul cas. »
    J’ai demandé à Allers, si les dossiers du personnel de T4 permettaient de penser que le professeur Heyde était pour quelque chose dans la notation de ce personnel. Il m’a répondu qu’il n’existait pas de dossiers du personnel à T4 ; et il a affirmé que les dossiers des hommes étaient conservés au siège de leur poste d’origine. [Affirmation inexacte : l’administration de T4 payait l’intégralité du traitement, ou en tout cas les primes du personnel de T4. Quand j’ai insisté là-dessus, Herr Allers m’a concédé qu’il avait pu y avoir des « fiches » individuelles, pour « raisons administratives », mais pas de dossiers du personnel.] Il a ajouté qu’à sa connaissance le professeur Heyde n’avait rien à voir avec la notation du personnel.
    Il est alors revenu une fois de plus sur la façon dont on entrait à T4. « Aucun d’entre eux, en dehors de ceux qu’on a appelés plus tard les brûleurs n’aurait pu y entrer sans y mettre du sien, dit-il de nouveau. Vous avez parlé de Münzberger : bon Dieu, il était charpentier  ; qui aurait pensé à recruter justement celui-là, à moins qu’il ne fasse une demande (qu’il a sûrement faite) pour ce qui lui paraissait – à lui comme à tous les autres – un emploi pépère. Sauf les brûleurs – eux, c’était peut-être autre chose ; eux, c’était proprement des hommes de troupe. C’était des numéros. N’importe quel sergent les piquait un par un : “Toi et puis toi et puis toi”, et le sergent ne savait pas pourquoi on les piquait, vous pouvez me croire. Quand le Programme d’euthanasie s’est achevé… » Je l’ai interrompu :
    « Mais il ne s’est pas réellement achevé, en fait ? Après il y a eu « 14 f 13 » n’est-ce pas ? »
    « Jusqu’à maintenant, dit-il avec irritation, on a dit des choses sensées ; si c’est pour me sortir ça à présent, inutile de continuer. » Il n’en a pas moins continué : « Là-dessus, je ne sais pas grand-chose – je ne sais que ce que j’ai pu lire. Mais il y a une chose que je sais, pour avoir suivi les procès des “docteurs” : autant que je me rappelle, le professeur Nitsche, qui était un vieil homme admirable (« un homme adorable » dit sa femme) n’est allé qu’une seule fois à Dachau ; il l’a déclaré au procès ; il n’y a trouvé personne qu’il ait pu considérer comme un malade mental, et il l’a dit à l’époque. Je n’en dirai pas autant du professeur Heyde ou du Dr. Mennecke ; ces deux-là et d’autres étaient des médecins militaires SS ; ils ont pu avoir à aller là-bas plus souvent. Mais certainement tous les deux, Nitsche et Heyde, croyaient à l’euthanasie, pas en tant que nazis, en tant que médecins responsables.
    « Ce que je voulais dire, c’est que lorsque le Programme d’euthanasie a pris fin, presque tout le personnel – n’oubliez pas qu’ils étaient quatre cents – a été envoyé en Russie. Vous me dites maintenant que Wirth et tout un groupe sont allés à Chelmno-Kulmhof [36]  : je vous donne ma parole que c’est vous qui me l’apprenez. Je sais que le Dr. Eberl est allé quelque temps en Russie comme médecin, et j’avais toujours cru qu’il en avait été de même pour tous.
    « Dans leur livret de paie ils avaient tous une feuille rouge signée de l’OKW [haut commandement de la Wehrmacht], continua Herr Allers, et portant qu’ils ne devaient pas être envoyés en première ligne. C’était l’ordre du Führer : il ne voulait pas

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