Au Pays Des Bayous
préserver de l'humidité et assurer leur étanchéité.
11 Zizania aquatica , avoine des marais.
12 Le poste établi au détroit Pontchartrain prit le nom de Détroit ; actuellement la ville de Detroit, État du Michigan.
2.
Une colonie privatisée
La mode des compagnies
À partir du moment où se développa, en Europe, une conception colonialiste et mercantile des territoires reconnus outre-mer par les explorateurs, les puissances maritimes encouragèrent la constitution de sociétés de commerce au long cours, capables de mettre en valeur et d'exploiter ces contrées lointaines. Sous le nom générique de compagnie, ces entreprises se virent concéder, par des gouvernements déjà disposés aux annexions stratégiques, des privilèges commerciaux, voire le monopole d'exploitation de tel ou tel pays conquis. Les premières compagnies, sociétés en nom collectif, ne comptaient souvent qu'une douzaine d'associés recrutés par cooptation parmi des armateurs et des négociants aisés ayant le goût de la spéculation et prêts à investir, sans s'effrayer des risques inhérents aux expéditions organisées sur la foi d'informations délivrées par les navigateurs. Ces derniers rapportaient, il est vrai, des Indes, de Chine ou des îles d'Amérique des preuves de leurs dires : métaux précieux, bois de teinture, étoffes de soie ou de coton, épices, thé, café, toiles peintes, porcelaines translucides et bien d'autres denrées et objets que l'Europe ne produisait pas et qui trouvaient aisément preneur. Aussi, dès la seconde moitié du XVII e siècle et pendant le XVIII e , les compagnies se multiplièrent et les plus importantes devinrent de véritables sociétés par actions, au sens moderne du terme. Philippe Haudrère, auteur d'une thèse remarquable sur la plus fameuse lignée de ces sociétés, connue sous le nom de Compagnie des Indes, révèle que cette dernière comptait, en 1721, cinquante mille actionnaires. « Grâce à ce grand nombre d'actions, toute la population participe aux activités commerciales. Parmi les actionnaires, financiers et banquiers voisinent avec des artisans ou des littérateurs tel Voltaire », précise l'auteur. Ce ne fut toutefois qu'après la Hollande et l'Angleterre que la France eut ses compagnies de commerce.
Dès 1624, des marchands dieppois s'étaient unis et cotisés pour fonder une Compagnie du Sénégal qui allait devenir, en 1634, la Compagnie du Cap-Vert. En 1626 fut créée, « pour commercer outremer », la Compagnie Saint-Christophe qui devint, en 1635, la Compagnie des Isles d'Amérique. La même année, à Nantes, la Société commerciale du Havre et du Morbihan amorça une activité. Richelieu, en 1627, encouragea la création de la Compagnie des Cent-Associés destinée à l'exploitation de la Nouvelle-France. Champlain y adhéra, ainsi que de nombreux négociants et bourgeois rouennais, dont l'oncle de Robert Cavelier, futur sieur de La Salle, qui devait prendre possession de la Louisiane en 1682.
En 1642, la Compagnie de Madagascar, fondée par le maréchal de La Meilleraye, installa ses services à Port-Louis dans une ancienne citadelle construite, en 1590, par l'ingénieur Cristobal de Rojas pour les troupes que Philippe II d'Espagne avait envoyées en Bretagne. Les privilèges accordés à cette société passèrent en 1664 à la première Compagnie des Indes. Il est à noter que les conseils d'administration de ces entreprises se réunissaient généralement au Louvre, ce qui prouve assez l'intérêt que le roi et ses ministres portaient au commerce colonial, dont tous attendaient profits et prestige.
L'année 1664 vit donc la création des deux grandes compagnies qui, plus que d'autres, allaient marquer l'histoire coloniale de la France et, pour l'une d'entre elles, le destin de la Louisiane. Ces deux sociétés par actions se partagèrent, dès leur création, le monopole d'exploitation des territoires français d'outre-mer.
La Compagnie des Indes occidentales se vit attribuer les établissements d'Afrique et d'Amérique, la Compagnie des Indes orientales reçut en partage le domaine colonial de l'océan Indien, de la côte orientale de l'Afrique jusqu'aux îles de la Sonde. Le commerce du Levant et du Nord fut confié à des compagnies de moindre importance ou spécialisées dans la traite des Noirs comme la Compagnie de Guinée, qui bénéficia, jusqu'au traité d'Utrecht, du privilège de l' asiento de negros . La Louisiane, par
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