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Au pied de l'oubli

Au pied de l'oubli

Titel: Au pied de l'oubli Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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table et s’apprêta à le servir.
    — Laisse, Hélène, dit Isabelle. Avec ta blessure, t’en as assez fait, va
     t’amuser un peu. T’as même congé de vaisselle.
    Réjouie, Hélène ne se le fit pas dire deux fois. Comme si elle flânait, elle
     contourna le chalet. De quelques gestes de la main, elle expliqua à l’Indien
     qu’elle lui donnait rendez-vous à leur endroit secret.
    Avec un grand sourire, Chapeau quitta son poste d’observation et se dirigea
     vers la forêt. Après un rapide coup d’œil pour s’assurer que personne ne les
     remarquait, la jeune femme lui emboîta le pas.
    Isabelle prit le couteau et entreprit de tailler le gâteau en parts
     égales.
    — Voilà pour toi, Julianna.
    — Non merci, je passe mon tour. Je vais me sacrifier pour finir le punch, par
     exemple.
    Isabelle fronça les sourcils. Julianna devrait peut-être seméfier de l’effet sournois d’un jus alcoolisé en plein après-midi d’été.
     Isabelle tendit à François-Xavier l’assiette refusée.
    — Oh, t’as ben une belle montre ! s’exclama-t-elle en remarquant le bijou à son
     poignet.
    — C’est le cadeau que Julianna m’a offert hier soir, expliqua
     François-Xavier.
    — Bateau, elle a dû coûter des bidous, maugréa Georges.
    — Jaloux, le grand frère ? demanda Julianna en riant.
    Manifestement, l’alcool l’égayait.
    — Georges, intervint Henriette, vous devriez remettre votre chapeau. Le soleil
     tape fort.
    Georges ignora les conseils de son épouse.
    — C’est peut-être ça qui arrive à Julianna. Elle a pas toute sa tête certain
     pour donner une montre si chère !
    — Elle est très belle, approuva le curé Duchaine.
    — Ouais, maman vous a gâté pas pour rire, surenchérit Jean-Baptiste, la bouche
     pleine de dessert.
    — J’en ai une presque identique, fit remarquer Yves, assis en face de
     Julianna.
    Julianna se retint pour ne pas envoyer un coup de pied à son patron. C’était
     Yves qui l’avait conseillée quant au choix de la montre. Quelle journée de
     fous ! Elle ne supportait plus la présence d’Yves. Elle sentait son regard
     appuyé et il ne lui était pas difficile de comprendre le message dans les yeux
     de l’homme. Il lui rappelait leur conversation de la veille. Il désirait plus
     qu’une simple relation de travail. Il était venu chercher sa réponse.
    Julianna allait craquer et piquer une crise nerveuse. Elle avait l’impression
     que tout le monde devinait les sentiments d’Yves à son endroit. Alors, elle
     buvait. C’était la seule échappatoire.
    — Et toi, qu’est-ce que tu lui as donné pour te faire pardonner
     qu’elle t’endure depuis si longtemps ? voulut savoir Henry.
    — Un p’tit rien tout nu que j’ai eu, dit Julianna.
    François-Xavier fouilla dans sa poche et tendit son présent à son épouse.
    — J’attendais le gâteau de fête... dit-il.
    Surprise, Julianna prit doucement son cadeau entre les mains.
    — Oh, tu ne m’as pas oubliée...
    Julianna reconnut la boîte rectangulaire. Il lui avait acheté un bijou ! Une
     chaîne en or ou un collier de perles peut-être, elle en rêvait ! Comme elle
     regrettait son attitude, ses paroles !
    — Oh, François-Xavier, je...
    Émue, Julianna était belle à voir. Elle offrit à son mari un sourire de femme
     amoureuse qui chavira François-Xavier et secoua Yves à la fois.
    — Ouvre-le, Julianna ! s’impatienta Isabelle.
    Lentement, savourant le mystère de découvrir la forme que le bijou revêtirait,
     Julianna souleva doucement le couvercle du boîtier de velours bleu foncé.
     François-Xavier ne la quittait pas des yeux, surveillant sa réaction, content de
     l’effet produit par son cadeau. Telle une image au ralenti, le visage de
     Julianna perdit toute trace de joie, son sourire s’affaissant en un rictus de
     déception.
    — Un porte-clés ? dit-elle en jetant un regard d’incompréhension à son
     mari.
    François-Xavier balbutia :
    — Euh... oui, je pensais que... t’en avais pas pis... un porte-clés, c’est
     pratique.
    — Pratique... répéta Julianna.
    De colère, elle serra le poing autour de l’objet, refoulant
     l’envie de le lancer à la figure de son mari.
    — Merci, j’en rêvais, vraiment, ça valait la peine d’attendre trente-cinq ans
     pour recevoir ce cadeau... pratique. J’ai hâte de fêter notre cinquantième.
     Qu’est-ce que ça va être ? Un ouvre-boîte ?
    Un terrible malaise plana

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