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Au pied de l'oubli

Au pied de l'oubli

Titel: Au pied de l'oubli Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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de son père. Il savait trop bien à
     quel point celui-ci l’aimait…
    « Pis cette fois, Zoel Rousseau, si tu te relèves encore de ton lit, j’t’en
     promets tout une ! » le menaçait-il à bout de patience.
    Zoel lui offrait son sourire taquin qui voulait dire : « Essaye pas papa, je
     sais que tu le feras pas… »
    Les larmes aux yeux, François-Xavier avait regardé la tombe.
    Son fils ne se relèverait plus… François-Xavier avait enlacé sa femme et
     s’était détourné de la fosse. Les pleurs avaient redoublé tout en suivant le
     patriarche. Dominique était agité et donnait des coups de pieds à sa mère,
     voulant qu’elle lui lâche la main afin d’aller courir et jouer un peu. En le
     grondant, Pierre avait tenté de le ramener à l’ordre et de le maintenir contre
     lui. Dominique s’était tortillé de colère. Il n’en pouvait plus de ces adultes
     tristes qui ne s’occupaient plus de lui à part pour le forcer à rester sage
     comme une image !
    — Chicane-le pas, avait dit doucement François-Xavier à Pierre. Viens voir
     grand-papa, avait-il ajouté en tendant les bras à son petit-fils.
    Celui-ci avait accepté avec joie le changement de porteur. Son grand-papa était
     indiscutablement associé au plaisir. Dominique avait retrouvé la bonne humeur et
     avait lancé un regard victorieux à ses parents. François-Xavier avait fouillé
     dans sa poche.
    — Tiens, joue avec ça, avait-il dit à Dominique en lui donnant son trousseau de
     clés.
    À la sortie du cimetière, l’attention du groupe avait étéattirée par une silhouette claudicante qui venait à leur rencontre.
    — Mononcle, matante…
    — Jean-Marie ! s’était exclamée Julianna en se jetant dans les bras de son
     neveu et en pleurant de plus belle.
    — J’ai pas connu Zoel, avait repris Jean-Marie, j’avais quitté Saint-Ambroise
     quand il est né… mais je tenais à vous présenter mes condoléances.
    — Je savais que tu nous oublierais pas, avait dit Julianna en se reculant et en
     admirant le fils de Georges.
    — Jamais, matante Julianna, jamais. Je vous aime ben trop pour ça.
    À la droite de François-Xavier, Georges s’était raidi. Henriette l’avait averti
     d’une légère pression sur le bras que ce n’était ni le lieu ni le temps de
     réagir à la présence imprévue de son fils aîné. Celui dont il refusait qu’on
     prononce le nom…
    — T’as toujours été mon préféré… avait repris Julianna, soudain très volubile.
     T’as-tu vu comment c’est bête, un accident ? Quand t’étais petit, tu t’étais
     cassé la jambe… Zoel… un coup de sabot à la tête… T’as été chanceux, t’es juste
     resté boiteux… C’est rien, quand on y pense… Moi, ça me dérangerait pas que
     Zoel, il soit boiteux ou qu’il soit devenu un pas fin-fin comme Timmy,
     mais pas mourir de même… non, pas mourir de même !
    Julianna s’était affaissée.
    — Pierre, ramène ta mère à la maison tout de suite.
    — Venez maman, venez…
    Quand Mélanie avait voulu délester François-Xavier de son petit garçon, son
     beau-père avait refusé.
    — Il est tranquille. Rentre avec Timmy et les autres. Je vous suis avec
     Georges.
    Henriette avait lâché le bras de son mari pour prendre celui de
     sa belle-sœur.
    — Je l’accompagne. Je vas lui faire une infusion, avait-elle dit.
    Docile, Julianna s’était laissé escorter jusqu’à la voiture de Pierre.
    S’adressant à Jean-Marie, François-Xavier avait expliqué :
    — Ta tante est ben éprouvée…
    — Pour vous aussi, ça doit être dur. La séparation d’un fils...
    François-Xavier avait fait un petit signe de dénégation.
    — Y a rien qui peut séparer un père de son fils, rien. Pas même la mort… encore
     moins la chicane, avait-il ajouté après avoir regardé tour à tour Georges et
     Jean-Marie qui, face à face, se toisaient.
    — Grand-papa ! s’était soudainement exclamé Dominique en lui donnant un gros
     bec sur la joue.
    Son grand-père n’allait tout de même pas lui aussi le délaisser !
    Avec émotion, François-Xavier avait serré Dominique contre lui.
    — C’est pas possible comment ces petits bouts d’homme vous apportent de la
     joie… même en de pareils moments…
    Affectueusement, il avait ébouriffé les cheveux de son petit-fils.
    — Tout le monde est invité à la maison pour manger un morceau, avait-il repris.
     T’es le bienvenu, avait-il dit

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