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Au pied de l'oubli

Au pied de l'oubli

Titel: Au pied de l'oubli Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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femme... dit Pierre.
    — Ah, les femmes... Qui sait... si tu m’avais pas présenté Jeanne-Ida en venant
     me voir au monastère, je porterais peut-être encore ma bure. Astheure qu’on est
     deux hommes mariés, je peux bien te le dire, le baiser qu’elle m’avait donné a
     réveillé bien des affaires en moi...
    Ils arrivèrent au bout du chemin.
    — Tu veux conduire ? offrit Jean-Marie en désignant la motoneige.
    — Je peux ? fit Pierre, les yeux brillants.
    — Certain ! Ramène-nous vers ces créatures qui nous font perdre la tête... et
     qui vont nous la couper si on rentre trop tard.

    — Georges Gagné a monté à Normandin voir son fils... répéta Isabelle en
     sirotant son chocolat chaud.
    — Il était temps que mon frère enterre la hache de guerre, dit Julianna en
     mettant du sucre dans sa tasse de café.
    — Y a du Henriette là-dessous. Ça prend une femme pour réussir un tel tour de
     force.
    — Peut-être bien...
    Curieuse, Hélène, qui venait de pénétrer dans la cuisine afin de préparer le
     souper, tendit l’oreille.
    — J’ai jamais compris comment un père pouvait être en froid avec son fils.
     Georges a enfin vu clair.
    Hélène tressaillit. Elle s’adressa à sa tante Julianna.
    — Papa a fait la paix avec Jean-Marie ? demanda-t-elle d’une petite voix.
    — Oui, Hélène. C’est une bonne nouvelle, hein ?
    — Ils étaient fâchés depuis le feu, c’est ça hein ?
    — C’est compliqué, Hélène... Même avant ta naissance, ils ont toujours été
     comme chien et chat, ces deux-là. L’important, c’est que ton père revienne à de
     meilleurs sentiments.
    — C’est vrai. On peut juste s’en réjouir, ajouta Isabelle. Ton frère avait rien
     fait pour mériter ça.
    — J’ai jamais pensé à Jean-Marie comme à un frère… C’est un étranger pour
     moi.
    — Pauvre chouette… Ta famille a été toute séparée.
    Hélène prit une grande inspiration.
    — Si papa est plus d’adon, c’est le bon moment pour aller le voir...
    — Tu veux descendre à Jonquière ? s’étonna Julianna.
    Jamais sa nièce n’avait émis ce désir.
    — Je sais pas si on va avoir le temps, Hélène, argumenta Isabelle. Dès le
     retour d’Henry, on ferme le chalet pis on remonte à Québec. Avec l’école qui
     reprend...
    Le courage n’avait jamais été la plus grande des qualités d’Hélène. Pourtant,
     cette fois, elle se lança :
    — Je pense pas revenir à Québec avec vous autres.
    — T’aimerais nous rejoindre plus tard ? demanda Isabelle avec une note
     d’agacement dans la voix.
    — Non, je reste ici, pour tout le temps.
    — Hein ? Tu veux plus habiter avec nous ? s’exclama Isabelle, perplexe.
    — Ben...
    Ne pouvant cacher sa déception, Isabelle reprit :
    — Je peux pas t’attacher Hélène... Si tu préfères t’installer chez ta tante
     Julianna...
    — Avec Pierre et sa famille, on est déjà cordés, serré, leur rappela Julianna.
     Je suis désolée, Hélène, mais...
    — Je retourne pas chez vous non plus, matante.
    Julianna ouvrit grand les yeux d’ahurissement en tirant une conclusion.
    — Tu n’as toujours bien pas dans l’idée de demander à Georges de t’héberger ?
     C’est pour ça que tu veux le rencontrer !
    Hélène la détrompa.
    — Habiter chez mon père, jamais de la vie !
    — Ben là, ma pauvre fille, il va falloir que tu sois plus claire, s’impatienta
     Julianna.
    Hélène affermit sa voix.
    — Je vais vivre avec mon mari.

    Les œufs bouillaient. Dans un gros chaudron, Mélanie fit revenir un morceau de
     lard. La fumée qui s’en dégagea lui piqua les yeux. Elle s’empressa d’y ajouter
     l’eau et les tranches de pommes de terre. Tout en cuisinant, Mélanie
     réfléchissait à ce que sa cousine lui avait relaté précédemment.
    — Comme ça, Jean-Marie pis son père se sont pas sautés dans les bras !
    Jeanne-Ida étira ses jambes devant elle.
    — Loin de là ! Ils sont restés en silence un bon moment. Pis Jean-Marie a
     offert de lui montrer où il travaillait.
    — Pierre m’a déjà raconté que quand il était petit, son parrain était l’homme
     le plus jovial du monde !
    Jeanne-Ida ne répondit pas. Tout en se frottant le bas des reins, elle fronça
     les sourcils.
    — Je pense que je vais prendre un bain chaud, déclara-t-elle en se
     levant.
    — Tout de suite ?
    — C’est pas poli avec la visite, mais j’me comprends

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