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Au pied de l'oubli

Au pied de l'oubli

Titel: Au pied de l'oubli Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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qui en pouvait plus de garder le secret. Elle m’a téléphoné
     hier pis...
    — Elle est enceinte ? blagua Isabelle.
    — Eh que t’es simple  ! Franchement, non, imagine-toi donc, chère, que
     Georges...
    — Georges a une maîtresse !
    — Isabelle !
    — Que c’est qu’il a fait, d’abord ?
    — Un peu après les funérailles de Zoel, il est parti tout seul un bon matin,
     pis il est monté à Normandin voir Jean-Marie ! annonça Julianna.
    — Hein ? Tu me niaises ! fit Isabelle, incrédule.
    — J’te jure ! Il est allé frapper à sa porte, sans l’avertir. Il a dit qu’il
     était temps qu’il connaisse son petit-fils Bernard.
    L’attention d’Isabelle fut attirée par les rires de ses enfants.
    — Ah ! V’là les filles pis le petit qui rentrent. Tu perds rien
     pour attendre. Tantôt, tu me racontes tout en détail !

    — Oh, les belles pommettes rouges, bonnes à croquer !
    Avec tendresse, Mélanie embrassa la joue rebondie de son fils. Dominique la
     repoussa, pressé d’enlever la tuque de laine qui lui avait donné trop chaud et
     qui lui piquait le fond de la tête. Mélanie retira le foulard dont elle l’avait
     enturbanné.
    — Maman, j’ai soif, pleurnicha l’enfant.
    — Attends, laisse-moi déshabiller ton cousin.
    — Moi aussi veux de l’eau, dit Bernard.
    — Il faut être patients un peu, mes cocos...
    — As-tu besoin d’aide, Mélanie ?
    — S’ils arrêtaient juste de gigoter.
    — Viens, Bernard, je vais t’enlever tes bottes d’hiver.
    Avec soin, Jeanne-Ida s’accroupit devant son fils.
    — Fais attention au ventre à ta maman, le prévint Mélanie.
    D’un jour à l’autre, Jeanne-Ida mettrait au monde son deuxième enfant. Cela
     pouvait arriver n’importe quand. Mélanie eut un serrement au cœur. Si elle
     n’avait pas perdu son bébé, elle aussi serait sur le point d’accoucher. Mélanie
     se secoua. Allons, elle ne devait pas être jalouse du bonheur de sa cousine.
     Pierre et elle étaient en visite à Normandin depuis le lendemain de Noël.
     Mélanie avait passé un merveilleux temps des Fêtes. Ces jours de vacances dans
     son village natal avaient été plaisants, mais éreintants. C’était un tourbillon
     de réceptions. Une soirée à jouer aux cartes chez la tante Édith, un petit verre
     chez l’oncle Paul, de ladanse, des chansons à répondre... ah,
     une tempête de festivités ! Jeanne-Ida et son mari les avaient accueillis à bras
     ouverts. Il faut dire que le cousin de Pierre était un homme remarquable.
     Vraiment, Jean-Marie était une perle rare. Mélanie devait avouer que l’ancien
     moine avait fait des miracles. Jeanne-Ida était transformée. Les deux femmes
     terminèrent d’enlever les vêtements chauds de leurs enfants. Mélanie retira son
     manteau de neige. Elle venait de passer une heure à traîner dans la luge les
     deux petits garçons.
    — Timmy t’a pas fait de misère ? s’informa-t-elle auprès de sa cousine.
    — Il a pas bougé de devant la télévision.
    — J’espère que t’en as profité pour te reposer un peu, dit Mélanie en
     accrochant les habits d’hiver pour les faire sécher.
    — Je me suis étendue dix minutes, mais j’arrive pas à trouver une position
     confortable. Il est temps qu’il sorte, lui.
    — Ou elle…
    — Vous êtes vraiment obligés de partir demain ? J’ai pas envie d’être toute
     seule quand ça va être l’heure.
    — Ma tante Édith vient toujours pour tes relevailles ?
    — Oui, mais c’est pas pareil.
    — Jeanne-Ida, on est ici depuis presque dix jours. Toute bonne chose a une fin.
     Allez, je m’occupe de préparer le repas. T’as une idée ?
    — J’aimerais quelque chose de léger.
    — Que dirais-tu de patates jaunes avec des œufs à la coque ?
    — Ça va faire le bonheur de tout le monde.
    — Je m’y mets tout de suite, dit Mélanie en se dirigeant vers la cuisine.
    Elle ouvrit la porte de la dépense qui servait aussi de chambre froide.
     L’immense placard était construit sur unmur extérieur et
     comportait une trappe laissant entrer l’air glacial et parfois, par jour de
     grand vent, un peu de neige. Mélanie empoigna la chaudière contenant les pommes
     de terre et l’apporta sur la table de la cuisine. Elle étendit une feuille de
     journal. Avant de peler les légumes, elle sortit du réfrigérateur une douzaine
     d’œufs. Avec précautions, elle les déposa au fond d’une casserole

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