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Au pied de l'oubli

Au pied de l'oubli

Titel: Au pied de l'oubli Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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a rassurés. Ils ont plein de petits trucs.
     Ils rallongent la chaînette du plafonnier et ils l’attachent au poignet du
     bébé.
    — Pour que la lumière les avertisse… en déduisit le curé. Quelles difficultés
     en perspective ! Léo est courageux.
    — Surtout amoureux ! Comme Hélène…
    D’un air pensif, Julianna ajouta :
    — On ne peut pas dire que les Gagné et les Rousseau prennent toujours les
     chemins les plus faciles !
    Le curé lui sourit gentiment.
    — C’est ce qui vous rend si forts j’imagine. Je vous envie…
    — De quoi ? s’étonna Julianna.
    — De posséder autant… lui répondit-il.
    — Allons donc, monsieur le curé ! Qu’est-ce que vous me chantez là !
    — Rien Julianna, rien...
    Le curé se leva.
    — Bon, il est l’heure que je rentre, moi.
    Julianna avait encore quelque chose à lui demander.
    — Attendez un peu, monsieur le curé. Pour le mariage de Léo, je m’apprêtais
     justement à vous téléphoner. Nous aimerions que vous soyez l’officiant de leur
     cérémonie. Hélène pourrait être à l’avant, près de vous, et traduire en
     signes.
    Soudain mal à l’aise, le curé Duchaine répondit :
    — Je suis désolé, Julianna, mais… je ne crois pas que cela sera possible.
    — Pourquoi ? Vous ne changez pas encore de paroisse ! Vous venez de revenir
     dans la région.
    — Non, Julianna. C’est autre chose... Je ne serai plus prêtre.
    — Je ne comprends pas.
    — Je quitte l’ordre, j’enlève mon col.
    — Vous défroquez ?
    — Je déteste cette expression, dit le curé.
    — J’en reviens pas… Pourquoi ce… ce revirement ?
    — C’étaient pas des paroles en l’air tantôt, Julianna. Je vous envie, toi,
     François-Xavier, vos enfants… Je vous ai toujours enviés. Nous sommes tellement
     nombreux à être entrés en religion juste parce que c’était à peu près tout ce
     qui s’offrait à nous. Je désire faire mes propres choix, avoir mes propres
     opinions, les émettre haut et fort.
    — Cela va être difficile de s’habituer à l’idée, dit Julianna.
    — Je crains de choquer bien du monde, se désola-t-il. Le changement fait si
     peur, à moi le premier, avoua-t-il.
    Julianna se pencha vers lui.
    — Pour nous, il n’y aura rien de changé. Vous avez été, vous êtes et vous
     resterez notre grand ami. Mais je veux savoir une chose.
    — Quoi ?
    — Votre prénom. Je ne pourrai plus vous appeler « monsieur le curé ».

Q UATRIÈME PARTIE
    – T
immy, arrête de
     bouger ! lui intima Julianna.
    — Il faut pas monter sur les chaises ! Des chaises, c’est pour
     s’asseoir !
    Debout sur une chaise de la cuisine, Timmy était tout sauf conciliant.
    — Je vais finir par le piquer, marmonna-t-elle, des épingles de couture entre
     les lèvres.
    Tant bien que mal, Julianna prit la mesure du pantalon qu’elle devait
     réajuster.
    — Il a encore maigri ? demanda Mélanie en entrant dans la pièce, vêtue de sa
     robe de carnaval.
    — Depuis un mois, il a moins d’appétit. Bon, tu peux descendre, mon
     gaillard.
    — Ce qui s’est passé avec Bernard l’a secoué, je pense…
    Julianna déshabilla Timmy.
    — Je n’aurai pas le temps de faire dans la finesse. Je vais juste coudre une
     pince. De toute façon, avec sa chemise à carreaux par-dessus, ça paraîtra
     pas.
    — Moi aussi, j’aurais besoin d’un petit ajustement sur mon costume.
    Julianna s’impatienta.
    — Mélanie, vous vous êtes donné le mot ou quoi ? Je peux pas tout faire ! On
     devrait déjà être partis pour le carnaval depuis dix bonnes minutes !
    Énervée, Julianna essayait de penser à tout. Elle déposa le
     pantalon sur le dossier de la chaise.
    — Approche, que je regarde ce qui cloche, dit-elle à Mélanie.
    En soupirant, elle examina la robe d’époque.
    — C’est vrai qu’elle est un peu juste au niveau de la taille. Tu vas devoir te
     rentrer le ventre.
    Fatigués d’attendre les femmes dans le salon, François-Xavier et Pierre,
     habillés à l’ancienne, vinrent voir ce qui les retardait.
    — Êtes-vous prêtes, les créatures ? s’informa François-Xavier.
    — Presque... répondit Julianna.
    Pierre siffla d’admiration en détaillant Mélanie.
    — T’es ben belle !
    Julianna sourit de satisfaction. Elle était particulièrement fière de sa
     réalisation. Sa belle-fille allait en faire tourner, des têtes ! Elle était tout
     simplement magnifique. D’un

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