Avec Eux...
sâétait suicidé. Cela avait forcément influé sur sa façon de voir la vie.
Il faut lire Les Chemins de traverse , un autre de ses livres, quâil a sorti en 1989, parce que cela explique tout Nicolas. Cela montre sa force. Nicolas nâest pas une « petite personne ». Cela peut aider à comprendre pourquoi il va au plus loin du plus loin et pourquoi il nâa pas peur. En fait, je pense quâil nâa pas peur de mourir. On nâa peur de rien quand on ne craint pas la mort, il me semble. Câest comme cela quâil est, même sâil aime la vie comme un fou, même sâil aime le bon vin. Câest quand même quelquâun qui a besoin de se frotter à lâimpensable, à lâimpossible, et dans des conditions invraisemblables. Il a un courage assez rare, que la plupart des gens qualifieraient dâinconscience.
Donc il venait de publier ce livre quand on partageait lâascenseur, et je lui disais quâil valait beaucoup plus que son emploi à TF1. Il était également à France Inter où il animait diverses émissions, comme La Poignée dans le coin , sur la moto, ou une autre, plus culturelle, qui sâappelait LâAgenda de⦠à partir de lâagenda dâune personnalité et de ses rendez-vous, il faisait une interview. Par exemple, si câétait Luc Besson, qui rencontrait tel ou tel acteur, il lui demandait pourquoi, ce qui se préparait⦠Même chose si Besson était allé faire un repérage dans tel ou tel endroit. Ensuite, Nicolas a conçu une émission dâaventures en radio, ce qui est quandmême assez compliqué à réaliser : faire passer ses sensations par la voix et le souffle. Cela lâa toujours passionné.
Après cette brève rencontre dans lâascenseur, on ne sâest plus vus. Jâétais dans une autre vie. Et puis je suis passée à Antenne 2, dont le patron était Jean Drucker. Je veux insister sur le fait que je dois tout à Jean Drucker, le frère de Michel.
Je suis alors directrice dâune unité de variétés, et Nicolas sâétait rappelé que je lâaimais bien. Il reprend contact avec moi et me dit : « Je sais que ce nâest pas du tout ton domaine de compétences et que tu travailles sur les variétés, mais je trouve quâon devrait faire un truc ensemble. » Je réponds : « Oui, pourquoi pas, il faut réfléchir, en tout cas tout ce qui est aventure, écologie, nature, je suis pourâ¦Â » Il sâapprêtait à tenter une aventure au pôle Nord, en ULM, avec des copains. Paul-Ãmile Victor était le parrain de cette opération, le propos étant dâatterrir au pôle magnétique. Il nâavait pas du tout dâargent pour financer son truc, il allait le faire en radio, mais sans images câétait un peu vain. Bref, on en parle, on en reparle, on se revoit. Et à force de se voir pour en parler, on sort ensemble. On sort vraiment ensemble.
Je prends donc rendez-vous avec Jean Drucker, et je lui dis : « Pourquoi on ne tenterait pas lâaventure ? » Et je finis par le convaincre (lâamour aide toujours à convaincre) de diffuser chaque jour, avant le journal, une petite bulle pour parler de lâavancement de cette aventure hors du commun. Tout le monde me dit que cela nâintéressera personne, mais je suis pour ma part persuadée quâau contraire cela allait intéresser le public, parce que le raid était original, impossible, à la fois une aventure, une opération survie et une mission scientifique, entre ULM et chiens de traîneau, bref, toute une histoireâ¦
Jean Drucker accepte le projet. Pendant toute lâaventure, on faisait donc un point quotidien avec Paul-Ãmile Victor, Nicolas Hulot et Hubert de Chevigny, et ils ont réussi à mener à bien leur exploit.
Nous nâavons pas eu lâidée dâ Ushuaïa tout de suite après cet épisode, mais on voulait monter un magazine dâaventures extrêmes. Je voulais rester dans lâimpossible. Et on a effectivement commencé par lâimpossibleâ¦
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Nicolas, câest vrai, a participé à des Paris-Dakar ou à des choses du même genre ; il était dâabord dans lâaventure avant dâêtre dans la nature. Mais câest en
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