Avec Eux...
plateau et quâon achetait des images, alors que lui voulait les créer. Comme on nâavait pas assez dâargent pour monter lâémission quâon imaginait tous les deux, jâai appelé Rhône-Poulenc en leur tenant ce discours : « Vous êtes des pollueurs, vous avez une mauvaise image, il y a une possibilité de vous acheter une jolie lumière, une belle image, en interne comme en externe, pour que les gens soient fiers de travailler chez Rhône-Poulenc. Je suis en train de produire un magazine de pureté, de contemplation de la nature, dâécologie, dâéveil des sens, où lâimage de la pollution, des laboratoires pharmaceutiques et autres laboratoires polluants serait gommée. On pourrait appeler cela Bienvenue dans un monde nouveau !  »
Comme nous nâavions pas le droit de faire figurer un sponsor à lâimage, il y avait un petit carré transparent sur lâécran avec lâinscription « Bienvenue dans un monde nouveau ». Rhône-Poulenc a ensuite acheté sur la chaîne des spots de pub où ils communiquaient avec toujours ce petit carré transparent qui cadrait lâimage, avec cette fois « Rhône-Poulenc, Bienvenue dans un monde nouveau ».
Ils ont financé lâémission pendant très longtemps. Câest comme ça quâon a pu partir aux quatre coins du monde. Je pense que si je nâavais pas été avec Nicolas, sâil nâavait pas été mon amour fou, je ne serais pas allée aussi loin. Mes batailles naissent par amour ou par admiration. Mais je ne fais pas de calcul sur le business que cela va générer, jamais, vraiment jamais. Sinon je serais milliardaire. Les produits siglés Ushuaïa mâappartiennent symboliquement, mais ils ne mâappartiennent pas financièrementâ¦
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Nicolas mâa emmenée dans son monde, une communion incroyable. Il peut rester allongé sur un sol aride pendant des heures, à regarder un petit oiseau et à lâétudier. Il est fait du même bois que les photographes du National Geographic . Ce que fait vivre Nicolas à toute personne qui le rencontre, personne dâautre ne peut lâapporter. Câest le goût du monde, câest une communion avec la nature quâon éprouve rarement. On a beau faire tous les voyages possibles â et en lâoccurrence, je les ai refaits plus tard, les mêmes, mais en first class cette fois, jâai vu les mêmes gens, les mêmes oiseaux, les mêmes paysages ; ce nâétait pas aussi enrichissant. Câest aussi à travers un homme que jâai pu vivre ces extases liées à la nature.
Notre couple a existé, je crois, dans une histoire. Je nâai pas envie de dire que ma présence était indispensable, maison vivait cela dans une telle osmose que jâétais prête à tout, pour lui. Je me souviens dâun tournage sur la Grande Muraille de Chine. Jâai pris un vol Paris-Pékin, juste pour assister au tournage, parce que, moi, par ailleurs, la Muraille de Chine ne mâa pas spécialement passionnée. Et jâai découvert que Nicolas et Yazid Tizi, lâun des réalisateurs dâ Ushuaïa , fou de ce quâil appelait joliment la « glisse de lâair », avaient à cette occasion créé une école de parapente pour les petits Chinois, une jolie manière de découvrir la Chine vue dâen haut. Et une belle action.
Avec lui, il y en avait toujours.
14. Un jour de lâan en Namibie
Ushuaïa mâa permis de remplacer cotillons et serpentins, lors dâune période de fêtes de fin dâannée et début de la suivante, par des heures dâattente dans le souffle chaud du désert du Kalahari, là où les arbres bouteille, ces bottlebooms qui ne poussent quâen Namibie, ne donnent pas dâombre. Nous étions dans un car de tournage, au bord dâun lac, où depuis trois ou quatre jours nous planquions pour obtenir lâimage rare du moment très précis où, au petit matin, les lions viennent boire. Ils viennent en groupe, avec une lenteur hallucinante, et jâobservais ainsi une famille entière de lions, caressés par lâaube au bord dâun lac dâAfrique subtropicale, quand câétait le plein hiver et les fêtes en France. Câest un sentiment
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