Avec Eux...
vivant lâaventure quâon commence à découvrir la nature. Au début, il sâamusait avec des jouets dâadultes, les petits ULM, les petits hovercrafts (nous avons tourné sur le lac du loch Ness, dans le Connemara, avec un petit hovercraft pour une personne, qui a été construit pour lui), les montgolfières monoplaces⦠On a testé ces jouets dâadultes dans des univers magnifiques, en même temps quâil apprenait à les piloter. Câétait ça son adrénaline à lui. Lâémission aurait dâailleurs pu sâappeler « Adrénaline ».
Au même moment, Philippe de Dieuleveult nous faisait découvrir le monde comme Cousteau nous avait fait découvrir la mer. Mais ils nâont pas inventé une mécanique différente. Nicolas a amené cette petite dimension supplémentaire, celle du frisson, de lâextrême et du jouet pour adultes, car nous sommes tous des grands enfants avides de ces bijoux technologiques qui permettent, à condition de les maîtriser et dâen supporter le coût, de devenir des aventuriers de lâan 2000. Câétait donc à travers toutes ces choses quâon a commencé à faire découvrir la nature.
Mais au bout dâun moment, cela ne lui a plus suffi. Nicolas Hulot a eu envie dâêtre davantage en phase avec les pays dans lesquels il se rendait et, pour commencer, dâéviter de les polluer. Lâémission a continué quand même assez longtemps, mais on utilisait, plutôt que des montgolfières à pétrole, des parapentes pour voler avec les aigles et des choses de cet ordre. On a même fait construire un petit scaphandre personnel dans lequel il est descendu dans toutes les mers du monde pour aller voir les poissons de plus près. Il a nagé avec les raies manta, qui sont très dangereuses. Il est allé au triangle des Bermudes où tout le monde est supposé disparaître à jamais. Il a traversé le cap Horn. Il nây a sans doute pas un petit espace de cette planète quâil ne connaît pas !
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Cela nâenlève rien à Nicolas, mais je pense que notre relation et mon pouvoir de directrice de programmes ont permis à tout cela dâexister. Câest parce que jâavais ce pouvoir que jâai pu faire exister Ushuaïa . Sans notre rencontre, je ne dis pas que Nicolas nâaurait pas créé cette émission, mais il ne lâaurait pas fait ainsi. Il fallait que quelquâun se mette en danger pour lui comme je me suis mise en danger. Non pas un danger physique â ça câétait plutôt son domaine⦠â, mais un vrai risque professionnel.
Un jour, Ãtienne Mougeotte et Patrick Le Lay me disent que cela ne marchera jamais, que mon Ushuaïa nâintéresse personne. Après avoir ruminé cette mise à mort en règle, jâappelle Francis Bouygues à 1 h 30 du matin, pour lui dire que si cette émission est arrêtée je donnerai ma démission. Ce nâétait pas très grave : il mâavait voulue pour ma différence et il allait me perdre aussi pour ma différence. Je jouais quitte ou double, trois semaines après le lancement delâémission. Jâai même encore la lettre de Le Lay me signifiant son envie dâarrêter Ushuaïa  !
Par contre, il faut lâavouer, tout nâétait pas idéal dans lâémission. Nous étions en plateau, avec un décor dâaventures, avec un faux bateau, une fausse mer et des faux bancs, comme si on allait sur une péniche sur la Seine pour raconter des expéditions au cap Horn !
« Comment voulez-vous quâon fasse rêver des gens avec un faux bateau muni dâune fausse voile, du faux bruit de vent et quelquâun qui raconte les histoires des autres ? » leur ai-je dit.
Moi, je cristallisais sur la capacité de Nicolas Hulot à nous emmener dans un ailleurs auquel le téléspectateur nâa pas accès, mais quâon allait lui faire vivre par procuration. Ils faisaient une erreur de production, une erreur de programmation en transformant un aventurier en un animateur lambda mettant en scène dâautres aventuriers. On se trompait sur toute la ligne. Ce quâon montrait jusquâalors, câétaient les aventures des autres, puisque Nicolas était enfermé sur un
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