Avec Eux...
peur au départ. Mais si je lâemmenais dans un endroit où il y avait des chiens, il nây avait pas de problème. Je pense que câest un enfant qui a énormément souffert, qui a vécu à la campagne et qui a peut-être été mordu par des animaux, qui a vécu parmi eux et quasi comme eux.
Il faudrait que je lui raconte, parce quâil ne le sait pas, comment il a été abandonné. Il a été déposé devant un centre denutrition par une vieille dame qui allait mourir elle-même, avec un petit papier où était écrit « Né dans lâannée du Chien ». Pour sa date de naissance, jâai indiqué le 30 juillet 1994, une année du Chien câest forcément 1994, on en est sûr, mais cela peut être nâimporte quel jour de cette année. Quant à ses parents, la mère était prostituée et le père est décédé après avoir sauté sur une mine antipersonnel. Câest quand même un destin terrifiant que celui qui lui était promis.
Quand je dis : « Merci, M. Juppé », câest que ce petit garçon, si je nâétais pas allé le chercher, si je ne lâavais pas pris (je ne dis pas que quelquâun dâautre ne lâaurait pas choisi, mais jâen doute un peu, parce que cela exigeait tellement dâimplication), câétait un enfant sans destin, qui aurait fini dans la prostitution, voire comme réservoir pour dons dâorganes, sur cette fameuse route, là , où lâon peut « acheter » des enfants. Câest ma grande gloire, ma grande fierté, ma grande victoire, dâoù le nom de Sorey, qui veut dire « Victoire » en khmer.
En guise de conclusion
Pourquoi vous avoir écrit tout ça ?
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Sans doute pour partager mes rencontres particulières avec ces personnalités souvent rares que jâai eu la chance de croiser, évoquer ces moments hors du commun, parler aussi des moments difficiles, des doutes, des douleurs et trahisons, de tout ce qui fait un chemin de vie.
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Mais jâai surtout voulu transmettre une conviction inébranlable : ce qui nous arrive dans la vie ne sâappelle jamais hasard, mais destin. Destin que lâon se dessine soi-même.
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Aujourdâhui, tous nos horizons, économiques ou sociaux, passent du « gris clair au gris foncé ». Nouvelles anxiogènes et perspectives effrayantes font partie du quotidien, mais, malgré ça, je voudrais dire à tout ceux qui rêvent dâentrer dans ce monde particulier qui est celui des médias, du show-business, de la communication et à qui on ferme systématiquement les portes, de ne jamais renoncer à leur rêve. Même si tout, lâentourage, la famille et les amis sont hostiles à cet objectif : tenir bon.
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Y aller. Y aller à nâimporte quel prix.
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Les différents mondes que jâai pu traverser et les métiers que jây ai exercés se sont construits sur un chemin de ronces, dâembûches, dâorties. Il a fallu défricher à chaque pas. Bien sûr, jâai sans doute eu de la chance, mais la chance est un talent. Croire en soi-même est la clé de son destin
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Les chemins faciles ne sont jamais intéressants.
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