Avec Eux...
et sâil était encore là je suis persuadée quâil ne reviendrait pas lui-même de la pérennité quâa acquise cette entreprise. Il nâaurait pas pu imaginer non plus à quel point la demande était importante et, hélas, croissante, à quel point on avait tant besoin de cette idée.
Dâun point de vue télévisuel, donc, les Restos du cÅur est aujourdâhui le show humanitaire principal en France. Je sais, ça fait bizarre dâemployer le mot « show » accolé au mothumanitaire, mais parfois ce sont la musique et la chanson qui font passer les messages. Il y avait eu des précédents, bien sûr, nous nâavons rien inventé.
Chanteurs sans frontières avait été rassemblé pour un disque et un concert au profit de lâÃthiopie en 1985, sur une idée de Valérie Lagrange qui en avait confié la représentation à Renaud, mais câétait une réplique française du Band Aid de Bob Geldof . Câest lui, Geldof, qui le premier a initié ce genre de grand rassemblement dâartistes pour une cause humanitaire. Cela a été un succès phénoménal. Et puis il y a eu beaucoup de polémiques sur lâargent et son utilisation, comme toujours. Il y a toujours un doute sur la traçabilité du don. Câest pourquoi, quand je produis des émissions qui font appel aux dons, je me préoccupe dâabord de la manière dont on va expliquer aux donateurs ce quâon va faire de leur argent et comment ils pourront le vérifier. Désormais, on a heureusement des moyens pour suivre de manière très précise le cheminement dâun don, ce nâest plus le règne de lâopacité et des frais de fonctionnement qui grèvent une grosse partie de la somme récoltée.
Quoi quâil en soit, depuis la fin des années 1980 la télévision est devenue un partenaire majeur de la charité publique. Un devoir quâelle remplit au-delà , je pense, des espérances. Et parfois même, comme dans le cas du Sidaction , il arrive que la télévision soit un vrai moteur dâopinion capable de faire bouger les choses et évoluer les mentalités.
19. Jâai envie dâembrasser le
 monsieur sur la bouche
Le sida fait des milliers de morts, mais je me rends bien compte, au début des années 1990, que notre pays est peut-être le moins bien informé sur cette maladie. Il nây a encore jamais eu dâémission spécifique ou de grand débat dédié à ce virus mortel, à ce phénomène de société effrayant. Avec la collaboration de Christophe Dechavanne et Jean-François Boyer, le directeur de la communication du ministère de la Santé, jâavais déjà soutenu une démarche dâinformation sur le préservatif à un franc, vu comme « premier vaccin », et nous avions pu commencer à parler du sida en le dédramatisant avec les mots dâAlain Souchon : « Sortez couverts »⦠Mais en ce début des années 1990, au vu du nombre hallucinant de décès, il devient indispensable dâinformer véritablement la population. Aux Ãtats-Unis, la machine est déjà en marche depuis longtempsâ¦
Câest vraiment moi qui ai voulu faire le Sidaction . Dans les milieux de la mode, de la chanson, des médias, du show-business, on mourait déjà beaucoup du sida, sans jamais révéler la véritable origine du décès. On mourait dâune « longue maladie », « honteuse », puisque câétait une maladie dâamour honteuse, et puis personne ne savait vraiment comment onlâattrapait, cette maladie ! La première personnalité qui est morte officiellement du sida fut le chanteur allemand Klaus Nomi, en 1983. On a ensuite beaucoup parlé de Rock Hudson, lâacteur américain, qui a fait son coming out et qui est mort le 2 octobre 1985, chez lui, à Beverly Hills, après avoir passé quelques mois à lâHôpital américain de Neuilly.
à cette occasion, Line Renaud lance un cri dâalarme au journal télévisé de William Leymergie. Elle explique que les artistes français, à lâimage des Américains déjà très largement impliqués, devraient sâengager contre ce fléau en participant à des galas pour récolter
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