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Avec Eux...

Avec Eux...

Titel: Avec Eux... Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Cantien
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et s’il était encore là je suis persuadée qu’il ne reviendrait pas lui-même de la pérennité qu’a acquise cette entreprise. Il n’aurait pas pu imaginer non plus à quel point la demande était importante et, hélas, croissante, à quel point on avait tant besoin de cette idée.
    D’un point de vue télévisuel, donc, les Restos du cœur est aujourd’hui le show humanitaire principal en France. Je sais, ça fait bizarre d’employer le mot « show » accolé au mothumanitaire, mais parfois ce sont la musique et la chanson qui font passer les messages. Il y avait eu des précédents, bien sûr, nous n’avons rien inventé.
    Chanteurs sans frontières avait été rassemblé pour un disque et un concert au profit de l’Éthiopie en 1985, sur une idée de Valérie Lagrange qui en avait confié la représentation à Renaud, mais c’était une réplique française du Band Aid de Bob Geldof . C’est lui, Geldof, qui le premier a initié ce genre de grand rassemblement d’artistes pour une cause humanitaire. Cela a été un succès phénoménal. Et puis il y a eu beaucoup de polémiques sur l’argent et son utilisation, comme toujours. Il y a toujours un doute sur la traçabilité du don. C’est pourquoi, quand je produis des émissions qui font appel aux dons, je me préoccupe d’abord de la manière dont on va expliquer aux donateurs ce qu’on va faire de leur argent et comment ils pourront le vérifier. Désormais, on a heureusement des moyens pour suivre de manière très précise le cheminement d’un don, ce n’est plus le règne de l’opacité et des frais de fonctionnement qui grèvent une grosse partie de la somme récoltée.
    Quoi qu’il en soit, depuis la fin des années 1980 la télévision est devenue un partenaire majeur de la charité publique. Un devoir qu’elle remplit au-delà, je pense, des espérances. Et parfois même, comme dans le cas du Sidaction , il arrive que la télévision soit un vrai moteur d’opinion capable de faire bouger les choses et évoluer les mentalités.

19. J’ai envie d’embrasser le
 monsieur sur la bouche
    Le sida fait des milliers de morts, mais je me rends bien compte, au début des années 1990, que notre pays est peut-être le moins bien informé sur cette maladie. Il n’y a encore jamais eu d’émission spécifique ou de grand débat dédié à ce virus mortel, à ce phénomène de société effrayant. Avec la collaboration de Christophe Dechavanne et Jean-François Boyer, le directeur de la communication du ministère de la Santé, j’avais déjà soutenu une démarche d’information sur le préservatif à un franc, vu comme « premier vaccin », et nous avions pu commencer à parler du sida en le dédramatisant avec les mots d’Alain Souchon : « Sortez couverts »… Mais en ce début des années 1990, au vu du nombre hallucinant de décès, il devient indispensable d’informer véritablement la population. Aux États-Unis, la machine est déjà en marche depuis longtemps…
    C’est vraiment moi qui ai voulu faire le Sidaction . Dans les milieux de la mode, de la chanson, des médias, du show-business, on mourait déjà beaucoup du sida, sans jamais révéler la véritable origine du décès. On mourait d’une « longue maladie », « honteuse », puisque c’était une maladie d’amour honteuse, et puis personne ne savait vraiment comment onl’attrapait, cette maladie ! La première personnalité qui est morte officiellement du sida fut le chanteur allemand Klaus Nomi, en 1983. On a ensuite beaucoup parlé de Rock Hudson, l’acteur américain, qui a fait son coming out et qui est mort le 2 octobre 1985, chez lui, à Beverly Hills, après avoir passé quelques mois à l’Hôpital américain de Neuilly.
    Ã€ cette occasion, Line Renaud lance un cri d’alarme au journal télévisé de William Leymergie. Elle explique que les artistes français, à l’image des Américains déjà très largement impliqués, devraient s’engager contre ce fléau en participant à des galas pour récolter

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