Avec Eux...
des fonds. Et joignant le geste à la parole, elle crée lâAssociation des artistes contre le sida.
Par la suite, dâautres artistes sont morts du sida, nous le savions tous, mais la maladie restait taboue⦠Câest dans ce contexte que jâai mis sur pied une rencontre avec le professeur Montagnier, qui avait découvert le virus avec son équipe, et avec Pierre Bergé et Line Renaud qui sâoccupaient déjà dâune association dâaide aux malades. Jâavais eu la possibilité de mâentretenir avec Line Renaud de façon approfondie sur le sujet. Elle-même avait été alertée par Elizabeth Taylor, profondément engagée dans le combat par le biais de son association lâAMFAR. De nos nombreuses réunions est née lâidée de dédier une soirée exceptionnelle dâinformation et de sensibilisation à la lutte contre le sida. à TF1, Anne Barrère, responsable de la Santé sur la chaîne, organise pour nous des rendez-vous préparatoires avec les meilleurs professeurs des hôpitaux et mâaide à faire le lien avec des associations comme Act Up.
Grâce à ces trois personnalités très impliquées dans lâaide aux malades (parce que la recherche était encore quelque chose dâassez balbutiant), et au soutien dâÃtienne Mougeotte, nous avons donc décidé de monter un Sidaction , en 1994.
« Le problème, dis-je à Line Renaud, câest que lorsque nous allons diffuser cette émission, il y aura peut-être en face un show dâhumour, ou ailleurs une émission sur les plus belles filles du monde ; câest comme le Téléthon , il y a toujours Miss France en face, câest une aberration ! Mais ça fait des années que câest comme çaâ¦Â » Jâavais vraiment peur de cette concurrence, qui pouvait éloigner le public. Je voulais que ce soit cette émission qui soit regardée. Et câest là où nous avons eu LA bonne idée. « Et si ça passait sur toutes les chaînes ? »
Jâai pris mon bâton de pèlerin et jâai pris rendez-vous avec les présidents des autres chaînes. Au début, ils étaient très réticents. Dâautant quâils perdaient lâargent de la pub, puisque le produit des espaces publicitaires était donné à la recherche contre le sida (on avait décidé de répartir les dons de cette émission à 50 % pour la recherche et 50 % pour lâaide aux malades). Mais en fin de compte nous y sommes arrivés : le Sidaction allait être diffusé en même temps sur toutes les chaînes.
La construction de cette émission me laisse une montagne de souvenirs. Câest celle dont je suis la plus fière, mais câest surtout la plus compliquée et la plus difficile qui mâait été donné de monter, parce que ce nâest pas un simple programme de télévision : câest la sensibilisation de tout un pays à une maladie dont on ignorait tout et qui pourtant nous menaçait tous. Câest un Français qui avait identifié le virus, et pourtant nous étions un des derniers pays à comprendre comment il se transmettait : quantité de gens croyaient quâon pouvait lâattraper en sâembrassant, dâoù le fameux baiser de Clémentine Célarié à un homme séropositif. Dâaucuns pensaient même quâon attrapait le sida juste en touchant un séropositif⦠Il fallait tout expliquer, que ce nâétait pas lasalive, que ce nâétait pas ceci, que ce nâétait pas cela⦠Câétait de la pédagogie, un véritable cours de santé publique. Et il fallait rendre tout cela quand même attractif.
Pour ce faire, il nây a jamais eu autant de stars de la télé, de la chanson, du cinéma, de personnalités de tous bords, ensemble, sur un même plateau de télévision, en présence de tous les présidents de chaîne. Car on a réussi ce pari : diffuser le même programme sur toutes les chaînes de télévision de France. Dâailleurs, dans tous les pays, cela a eu un écho retentissant. Lâaudience nâavait aucune importance puisque de toute façon il nây avait pas de concurrence ; mais lâémission a été énormément regardée, Ã
Weitere Kostenlose Bücher