Avec Eux...
100 %, et pas uniquement parce quâil nây avait que cela à voir.
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Ce soir du 7 avril 1994, tout le monde est à son poste. Je sais combien lâenjeu est important et une vague dâémotion sâempare de moi dès le lancement du générique, tandis que défilent des photos qui prennent vie, des sourires dâenfants malades, jusquâà ce jeune garçon qui lance : « le sida, jâen ai ras le bol »⦠La salle est pleine à craquer. Sur la scène, présentateurs, artistes et équipes hospitalières entourent une jolie jeune femme brune qui témoigne. Ses longs cheveux encadrent son regard triste, elle pourrait être ma fille, ma sÅurâ¦
« Bonsoir, je mâappelle Barbara et jâai dix-neuf ans. Il y a deux ans jâai fait la connaissance dâun garçon plus âgé. Jâai été séduite par son originalité, malheureusement il mâa transmis le virus du sida. Il se savait séropositif mais, par négligence ou par peur de me perdre, il ne mâa rien dit. Ce fut ma première et ma dernière grande histoire dâamourâ¦Â »
La caméra balaye lâassistance, on aperçoit Jean-Pierre Foucault, Pierre Bellemare, Henry Chapier, Jean-Luc Delarue,tous très graves et impliqués, avec sur le revers de leurs vestes le désormais célèbre ruban rouge. Sophie Favier a les larmes aux yeux. Mireille Dumas, Tina Kieffer et Christine Bravo ont les yeux rivés sur la jeune fille qui poursuit : « Lâannonce de ma séropositivité a totalement bouleversé ma vie. Désespérée, pensant être proche de la mort, jâabandonne le lycée. Comment continuer si tout est perdu dâavance ? Malgré lâentourage familial extrêmement attentif, je mâexcluais moi-même peu à peu. Mal informée et par peur de gêner les autres, je lavais mon linge et ma vaisselle séparément. Vinrent ensuite les longs mois dâintense désarroi⦠Jâai essayé plusieurs fois dâen finir avec la vie, puis un jour je fis la connaissance dâune personne qui consacrait sa vie à la lutte contre le sida. Cette rencontre a bouleversé ma vie. Aujourdâhui je dépense beaucoup de mon temps à aller dans les entreprises, les lycées et tous les lieux où lâon mâaccueille pour délivrer mon témoignage sur la maladie. Je me sens le devoir de soutenir tout ce qui peut aider à diminuer lâextension du sida et si jamais mon témoignage empêche une seule personne dâattraper ce satané virus, ou si ce témoignage empêche lâexclusion dâune seule personne contaminée ou sâil permet à ces malades de retrouver un peu de joie et dâespoir, alors ma vie aura un sens. »
Difficile dâenchaîner après ce poignant témoignage à fleur de larmes⦠Frédéric Mitterrand et Christophe Dechavanne prennent à leur tour la parole : « Christophe et moi avons un peu lâimpression que câest ce soir ou jamaisâ¦Â »
Tous les artistes sans exception, dâElton John à Catherine Deneuve, ont accepté de défendre bénévolement cette cause et chacun y met du sien. Catherine Deneuve lit de larges extraits du livre Le Couloir de lâinfirmière Françoise Baranne, qui a suivi pendant trois ans le douloureux parcours depersonnes atteintes du sida et rejetées par la société. Plus tard, toujours très impliquée, elle interprétera en plateau Aimer à perdre la raison , la chanson de Jean Ferrat. Christophe Dechavanne rappelle les pratiques à risques en matière de transmission du virus : « La contamination ne peut sâéviter quâen portant un préservatif. Le baiser, le serrement de main, etc. on ne le répétera jamais assez, ne contaminent pas ! »
Il est interrompu par Clémentine Célarié : « Jâai envie de faire un truc bête depuis le début, câest dâembrasser le monsieur qui est derrière moi sur la boucheâ¦Â » Elle joint le geste à la parole, embrassant ce jeune homme séropositif sous les applaudissements de lâassistance. à cette époque, toutes les rumeurs les plus stupides circulent, mais ce baiser les anéantit dâun seul coup. Il fait comprendre de manière
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