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Avec Eux...

Avec Eux...

Titel: Avec Eux... Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Cantien
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très concrète que cette maladie ne se transmet pas par la salive mais seulement par le sperme et par le sang. Cette image fera ensuite le tour du monde : le baiser de l’amour, et non pas celui de la mort…
    Gérard Depardieu, lui, réalise l’interview d’un jeune garçon en phase terminale dans un hôpital. Je dois avouer qu’il me touche particulièrement. Lorsque je l’ai appelé pour lui demander de réaliser cet entretien filmé, son accueil a été dans un premier temps plutôt réservé. Mais au final, j’ai rarement vu quelqu’un s’intéresser de façon aussi précise, aussi humaine aux malades. Il pose des centaines de questions avec beaucoup de douceur à ce jeune garçon d’à peine vingt ans, d’une maigreur affolante…
    Tout le long de l’émission, les présentateurs se succèdent dans une vraie ferveur, presque une communion… Une grande prière le temps d’une nuit. Le réalisateur de l’émission, Jérôme Revon, a mis six mois à préparer le tournage, une vraie performance personnelle. Je crois qu’au fond, surce programme, personne n’est là par hasard. Nous avons tous compris qu’une épidémie est en train de détruire toute une frange de la population et qu’il nous faut montrer que ce n’est pas une maladie de drogués et d’homosexuels, mais qu’elle touche tous les milieux, toutes les couches sociales, hommes, femmes et enfants…
    Â 
    Ã‡a avait été très compliqué d’avoir tous les présidents de chaîne. Déjà, ils ne s’aimaient pas entre eux, mais ils pouvaient à la rigueur oublier leurs différends pour une telle cause, l’espace d’un soir. Pourtant, il y a eu des bagarres sans nom. C’était invraisemblable de voir que, même pour une cause comme celle-là, on n’arrivait pas à se faire entendre de gens d’une telle qualité. Deux présidents se sont battus, réellement battus, lors d’une réunion qui se passait dans les bureaux d’une des chaînes (on changeait de lieux pour les réunions, parce qu’il ne fallait pas que TF1 ait le leadership). Ça paraît impensable, et l’écrire aujourd’hui, des années plus tard, renforce encore mon sentiment d’incompréhension, mais les présidents de deux grandes chaînes de télévision française en sont venus aux mains, parce qu’ils n’étaient pas d’accord sur la ligne éditoriale !
    Comme je l’ai dit, c’était une soirée économiquement « vide », donc pour les chaînes de télévision qui vivent avec la pub, c’était une catastrophe, « un accident industriel ». Mais il y avait d’autres soucis. D’abord ils n’étaient pas d’accord sur le temps que devait durer l’émission, que je voulais faire exister quatre heures. Ensuite il y a eu beaucoup de discussions sur l’idée qu’une partie de l’argent généré par la publicité diffusée pouvait quand même être répartie entre les chaînes. Puis il y a eu des discussions sans fin sur qui faisait quoi, quel journaliste pour les reportages, ceux de TF1,ceux de France 2, de France 3 ? Quelle répartition des rôles. Qui allait présenter ? Un animateur de TF1, un présentateur de M6 ? C’était une querelle d’espace, de leadership et de visibilité. On en oubliait presque le sida.
    C’est comme ça. Dès le moment où on choisit de mettre six chaînes de télévision ensemble, il faut penser six fois. Peut-être n’avais-je pas intégré la pensée divisée par six ! Il a bien fallu le faire, et on l’a fait. L’important, c’était de réussir la soirée.
    Â 
    L’émission se termine… Dans les coulisses, tous les présidents de chaîne sont présents, fiers d’avoir réussi ce pari. Plus de bagarres ! Oubliée, le temps d’un soir, la pression économique et l’absence de recettes publicitaires. Nous avons, cette nuit-là, récolté une somme d’argent incroyable pour aider les malades : 270 millions de francs donnés par 1,4 million de donateurs…
    Cette émission ne pouvait pas se faire sans l’appui du ministère

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