Avec Eux...
de la Santé. Ãtienne Mougeotte me dit alors : « Il faut que tu rencontres le nouveau ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy. Il faut quâil soit dans cette histoire, et quâon implique le gouvernement. » On organise un dîner avec Philippe Douste-Blazy, dans son appartement, en présence de plusieurs autres personnes (des représentants de chaînes, des journalistes et tout le cabinet du ministre.
Jâai eu un coup de foudre pour lui. Jâai adoré lâhomme de santé plus que le ministre, jâai été totalement admirative de son implication dans la lutte contre cette maladie ; jâaimais sa manière de dédramatiser les choses, non pas le sida, puisque le sida nâest quâun drame, mais sa capacité à être pédagogue et à expliquer le contexte, et je me disais que le message devait passer par lui. Cette soirée dans son appartement sâest terminée de façon assez étrange à quatre heures du matin, ce qui, pour une réunion avec un ministre, est franchement inhabituel. Tout le monde était parti, sauf lui et moi. Ce jour-là sont nées notre histoire de cÅur et notre implication commune dans les causes humanitaires. Nous avons commencé une vie ensemble, qui a duré quatorze ans.
Et nous lâavons commencé par cette réussite quâa été le premier Sidaction , qui sâappelait dâailleurs plus précisément Ensemble contre le sida . Dâun coup, en France et ailleurs en Europe, voire dans tout le monde occidental, les émissions de télé se sont mises à lever des fonds privés colossaux en faisant appel à la générosité publique. Câétait lâapparition dâun nouveau phénomène, dont jâétais à la fois actrice et spectatrice. Cela nâavait jamais existé auparavant, jamais aucun média nâavait eu autant de puissance, nâavait pu lever des fonds aussi significatifs. Les sommes levées lors de ces émissions, Sidaction , Pièces jaunes , Téléthon , Restos du cÅur , donnaient le vertige, mais aussi une certaine forme de colère parce quâon constatait que les télés faisaient appel à la générosité publique pour combler un vide, un manque qui aurait dû relever des gouvernements, quels quâils soient.
Alors oui, comme je lâai dit, câétait un phénomène nouveau : désormais, dès le moment où un problème humanitaire ou un problème de santé publique devient si conséquent quâil ne peut pas être simplement géré par un ministère, le seul outil suffisamment puissant pour sensibiliser les populations, les citoyens, le public, câest évidemment la télévision. Il me semblait que câétait un devoir pour une chaîne, privée ou publique, de parler des choses graves à des téléspectateurs qui, par ailleurs, se branchaient sur ces chaînes pour se divertir ou pour sâinformer. Ãa fait partie également du devoir dâinformation et de sensibilisation.Mais on dépassait cet ordre établi, on passait à un nouvel aspect des choses : « On vous demande de lâargent, parce que sans cet argent, on avancera moins viteâ¦Â »
Par contre, il me semblait clair que les téléspectateurs qui regardaient ces programmes nâétaient pas obligés de donner de lâargent. Il nây avait aucune culpabilité induite dans le discours, on nâécrivait pas sur lâécran : « Monsieur X a donné un euro, Monsieur Z a donné trois euros ! » Câest une demande, certes, il y a même un compteur dâargent pour le Téléthon , mais rien ne me choque dans cette requête. Les sommes dâargent récoltées sont gigantesques, et je comprends le questionnement qui peut naître sur la légitimité de cette demande, ou sur le fait quâon nâa pas toujours su où allait précisément cet argent. Dâoù, je le répète, cette obligation, dès le moment où on fait un appel au don ou à une promesse de don, dâexpliquer ensuite à Monsieur Tout-le-Monde, au sens le plus positif du terme, ce quâon a fait de son euro.
Il y a toujours des polémiques sur la répartition des dons. Mais aussi sur le choix des causes : « Pourquoi on fait une
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