Avec Eux...
ministère pour défendre des causes humanitaires. Une soirée en particulier, au profit du Haut Comité aux Réfugiés, mâa laissé un souvenir vraiment intense. Julien Clerc, le parrain de lâassociation, avait donné pour lâoccasion un concert très intime dans les salons du Quai dâOrsay.
Il y a eu aussi ce dîner mémorable avec Lionel Ritchie et le conseiller en relations internationales, Pascal Renouard de Vallière. Lionel Ritchie avait été très sensible à la cause dâUnitaid, cet organisme initié par les présidents Jacques Chirac et Luiz Inácio Lula da Silva, chargé de gérer la taxe de solidarité sur les billets dâavion à des fins humanitaires et de développement. Le principe en est simple : un certain montant est prélevé sur tous les billets dâavion afin de pouvoir soigner des enfants atteints de paludisme, de tuberculose oudu sida en Afrique et dans les pays les plus pauvres. Câest Philippe qui avait participé à son lancement et cette réalisation lui tenait particulièrement à cÅur.
Autre moment de vie important au ministère : ce déjeuner que jâavais organisé avec Astrid Betancourt et sa mère Yolanda, du temps où Ingrid était encore prisonnière des FARC dans la jungle colombienne. Suite à cette entrevue, Philippe avait initié un grand nombre dâactions secrètes pour libérer Ingrid. Elles nâont pas abouti dans un premier temps, mais se sont révélées fructueuses plus tard. Lâinexorable loi du temps. Je nâoublierai jamais le touchant récit de Yolanda Betancourt à propos de la petite radio colombienne, seul lien quâelle avait alors avec sa fille.
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Enfin, anecdote improbable au Quai dâOrsay, jâai même organisé un déjeuner avec toutes les Miss France sur la requête dâun des membres du cabinet des ministres.
â Mais quel lien cela a-t-il avec les Affaires étrangères ?
â Ces jeunes femmes-là représentent la France ! avait-il répondu.
Comme jâavais très envie de lui faire plaisir, jâavais promis de lui organiser ce déjeuner, tout en me disant que, pour que cela soit légitime, il fallait au moins quâil y ait une Miss Monde à notre table. Ce déjeuner avait donc été un savant dosage entre les Miss France, une Miss Monde, des ambassadeurs de France à lâétranger et des ambassadeurs de lâétranger en France. Câétait très joyeux au final, un peu moins sérieux que les autres rendez-vous officiels. Câétait même un peu surréaliste. Jâavais fait visiter le ministère aux Miss : après le grand salon dâapparat avec ses lustres majestueux où nous avions déjeuné, elles avaient découvert la chambre du roi avec sa salle de bains tout en or, le boudoir de la reine et sasalle de bains dâargent avec ses doubles rideaux de velours, le salon du congrès, celui de lâHorloge, des Beauvais et des Ambassadeurs⦠Le ministère des Affaires étrangères est lâun des plus beaux palais de la République française. Les Miss sont reparties très heureuses, petites ambassadrices « légères » dâun Quai dâOrsay aux allures parfois poudrées et inaccessibles⦠Après tout, pourquoi pas ?
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Aujourdâhui on boit du champagne au ministère, mais pas pour les mêmes raisons. Lâéquipe de Bernard Kouchner fête son arrivée et, presque malgré nous, Anouchka et moi nous retrouvons avec une coupe à la main. Je ne sais plus si je suis malheureuse pour Philippe ou heureuse pour Bernard Kouchner. Pour moi, ce sont les bulles les plus tristes du monde. Elles me semblent juste être là pour panser des plaiesâ¦
Cependant, tandis que je suis habitée par la mélancolie, quelque chose dâinvraisemblable et dâimpensable va se produire. Bernard Kouchner, qui mâaperçoit, me demande de le rejoindre dans son bureau avec Anouchka. Lâex-bureau de Philippe, dans un ordre impressionnant avec ses parapheurs et classeurs roses classés par catégories, sa pile de dépêches, ses téléphones direct, indirect, interministériel, son parfum de lys, sa fenêtre qui donne sur le parc et cette petite lumière rouge à lâentrée qui
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