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Aventuriers: Rencontres avec 13 hommes remarquables

Aventuriers: Rencontres avec 13 hommes remarquables

Titel: Aventuriers: Rencontres avec 13 hommes remarquables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Heimermann
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frotté le museau de son bateau d’aluminium sur la banquise avec un évident plaisir. Quelques scientifiques et cameramen l’accompagnaient et ce nouveau mode de vie semblait lui convenir à la perfection. Déjà, il parlait de son prochain voyage en Amazonie et de sa volonté de rapporter de ce nouveau périple des informations susceptibles de mieux faire comprendre les dangers écologiques qui menacent notre planète. Mais aussi de pleines brassées de récits capables d’exciter ses deux enfants – Sarah-Jane et James-John – et tous ceux qui, avec eux, applaudissaient à sa nouvelle occupation.
    Peter buvait et racontait. Avec ce mélange de raideur et de chaleur qui le caractérisait si fort. Cette voix un rien pincée, ce discours abrupt, cette moustache impérieuse qui, de fait, rehaussait la moindre de ses intonations. Il se réjouissait et bien évidemment n’osait évoquer les éventuels risques attachés à ce type de pérégrinations. Un an plus tôt, évoquant la disparition d’Eric Tabarly, le géant néo-zélandais n’avait pas souhaité s’avancer sur ce terrain-là non plus. Comme son frère de mer dont il partageait le calme et l’opiniâtreté, Peter Blake ne savait qu’aller de l’avant. Mû par le seul principe de la découverte, comme si les vanités personnelles et les égoïsmes passagers étaient, pour lui, les plus sûrs moyens d’hypothéquer son besoin de progresser.
    Mis à part quelques spationautes russes ou américains, Peter Blake était sans doute l’être humain le mieux placé pour faire le tour des richesses recélées par notre bonne vieille planète. Au compteur de ses joies océanes, l’infatigable marin totalisait près de 500 000 milles nautiques, soit l’équivalent de vingt-cinq révolutions terrestres ! Mille courses menées à la cravache, mais aussi d’interminables migrations concoctées dans le simple but d’aller voir un peu plus loin si sa curiosité était toujours intacte. A peine marié, le jeune époux n’avait-il pas convié sa belle pour une croisière en direction de la lointaine Diego Garcia? Et convoqué sept cents couches-culottes en renfort avant de programmer un embarquement supplémentaire en compagnie de ses deux rejetons invités à visiter, cette fois, les îles Galapagos ?
    Avec un arrière-arrière-grand-père chargé d’achever plusieurs cartes esquissées par James Cook en personne et un père pilote de canonnière en mer du Nord pendant la Deuxième Guerre mondiale, Blake possédait quelques raisons d’être attiré par le large. Les circonstances de son enfance achevèrent de le bombarder marin. Originaire des quartiers nord d’Auckland, le gamin apprit à barrer comme on monte à bicyclette. A la sauvette ou presque, simplement parce que la logique commandait qu’il rejoigne la majorité et goûte comme tout un chacun ce loisir typiquement national.
    Une bassine pleine d’huile de vidange lui permit d’apprendre les subtilités du sextant, une caisse de whisky mima sa première embarcation et c’est à la limonade qu’il baptisa la suivante. Son frère Tony et sa sœur Janet étaient souvent de la partie, mais la chronique rapporte que son enthousiasme n’avait pas d’équivalent et que la barre du Jepeto familial lui était accordée bien plus souvent qu’à son tour. Le novice se prit naturellement au jeu et décida de façonner lui-même son prochain rêve : un Buccaneer, monté pièce par pièce derrière le garage familial. Quitte à sécher quelques cours rébarbatifs ou à faire exploser la baignoire de la salle de bains censée accueillir le plomb de son futur quillard !
    Celui qui bien des années plus tard galérera quatre Tours du monde durant avant de remporter le cinquième, buta une première fois sur le trophée Jules-Verne avant de le domestiquer et essuya une mésaventure initiale en Coupe de l’America avant de dominer, là aussi, l’exercice, avait d’emblée compris que la patience est une vertu incomparable. La remarque est fondamentale : Blake n’était peut-être pas un skipper instinctif ou un régatier génial, mais sa foi en lui, son obstination vis-à-vis de ses objectifs, sa volonté de gommer ses erreurs avant de surenchérir étaient sans limites. Régulièrement, il insistait : « La voile est peut-être affaire d’intuition et de talent, mais elle est d’abord le fruit du travail et de l’expérience. »
    A dix-huit ans, Blake avait certes grimpé le mont Egmont, visité les

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