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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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et sir John plia les jambes pour vérifier que les plaques glissaient
bien les unes sur les autres, mais Cartwright savait s’y prendre. Il fixa
ensuite les grèves sur les mollets et les genouillères, puis les bottes
renforcées de plates furent bouclées sur les jambières.
    Il lui passa ensuite sa jupe. Elle
était faite de cuir, recouvert de maille et de bandes d’acier afin de protéger
l’entrejambe. Sir John songea à ses archers qui tentaient de dormir sous la
pluie battante. Ils seraient épuisés et glacés au matin, mais il ne doutait pas
qu’ils combattraient. Il entendit des pierres racler des lames. On affûtait
haches, pointes et épées.
    Le plastron et la dossière étaient
les plus lourds, faits d’acier de Bordeaux comme le reste de l’armure, et
Cartwright serra habilement les boucles avant de fixer les arrière-bras,
avant-bras et cubitières puis, en s’inclinant légèrement, lui présenta sur un
plateau les gantelets armés dont les paumes de cuir étaient découpées afin que
sir John puisse avoir bonne prise sur la garde de son épée. Les spallières
protégeaient l’épaule, point vulnérable où se rejoignaient plastron et
dossière, puis Cartwright fixa le gorgerin protégeant le cou. Certains hommes
portaient un ventail en mailles pour couvrir l’espace entre heaume et plastron,
mais le gorgerin d’acier finement façonné était plus solide, même si sir John
s’irrita en tentant de tourner la tête.
    — Dois-je desserrer les
courroies, sir John ?
    — Non, non.
    — Vos bras, je vous prie.
    Cartwright passa le surcot
par-dessus la tête de son maître et l’aida à enfiler les larges manches, puis
il lissa l’étoffe brodée du lion couronné et de la croix de saint George, passa
la ceinture et y accrocha la grande épée de sir John, Charmante.
    — Me confierez-vous le fourreau
au matin, sir John ?
    — Bien sûr.
    Sir John se débarrassait toujours de
son fourreau avant un combat, pour ne pas risquer de s’y prendre les jambes. À l’approche
de la bataille, Charmante reposait, lame nue, dans une boucle de cuir.
    Cartwright lui passa un capuchon de
cuir. Sa tâche était terminée. Le capuchon amortissait le heaume.
    — Ôte la visière ! ordonna
sir John.
    Un jour, lors d’un tournoi à Lyon, sir
John avait réussi à fermer d’un coup d’épée la visière de son adversaire et
n’avait ainsi eu aucun mal à le vaincre. Demain, se dit-il, il faudra
compter sur tous les avantages, même minimes.
    — Je crois que l’ennemi a des
arbalètes, dit humblement Cartwright.
    — Ôte-le.
    Cartwright obéit puis, en
s’inclinant, lui tendit le casque. Sir John le mettrait plus tard et Cartwright
le fixerait aux spallières, mais pour l’heure son seigneur était prêt.
    Il pleuvait toujours. Dans la nuit,
un cheval hennit et le tonnerre gronda. Sir John prit le ruban de soie violet
et blanc, la faveur de son épouse, et y déposa un baiser avant de le fourrer
dans l’étroit interstice entre gorgerin et plastron. Certains hommes nouaient
ces faveurs à leur cou et, au cours d’un combat, sir John, déséquilibré,
s’était rattrapé au ruban de son adversaire et l’avait fait tomber de cheval
avant de le tuer. Si demain un ennemi empoignait le sien, il céderait sans
peine ni péril pour sir John… Un avantage, même minime… sir John plia les bras et,
satisfait, esquissa un sourire.
    — Merci, Cartwright.
    L’armurier s’inclina et prononça les
paroles qu’il lui adressait chaque fois depuis le premier jour.
    — Sir John, vous êtes armé de
pied en cap pour la bataille.
    Tout comme l’étaient trente mille
Français.
     
     
    — Il faut que tu t’en ailles,
dit Hook à Mélisande. Pars cette nuit. Prends tout notre argent, tout ce que tu
peux porter, et pars.
    — Mais où ?
    — Retrouve ton père.
    — J’ai choisi de rester avec
toi, dit-elle d’un ton buté.
    — Nous allons mourir.
    — Non, protesta-t-elle sans
grande conviction.
    — Tu as entendu le père
Christopher : il a écouté les hérauts, et d’après lui il y a trente mille
Français. Nous sommes six mille.
    Mélisande se blottit contre lui à
l’abri de sa cape. Ils étaient adossés à un arbre qui ne les protégeait guère
de la pluie.
    — Mélisande était mariée à un
roi de Jérusalem, dit-elle. Et le roi mourut et tous les hommes déclarèrent
qu’elle devait aller au couvent et se mettre en prières, mais elle
refusa ! Elle se fit reine et ce

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