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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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fut une grande souveraine !
    — Tu es ma reine, lui dit-il.
    — Et quand j’étais au
couvent ? continua-t-elle sans relever le compliment maladroit. J’avais
une amie, sœur Béatrice, qui était bien plus âgée, et qui m’a dit de m’enfuir,
de vivre ma vie. Je m’en pensais incapable, mais tu es arrivé. À présent, je
ferai ce que fit la reine Mélisande. J’agirai comme bon me semble. Et je
demeurerai avec toi.
    — Je suis un archer, dit Hook.
Rien de plus.
    — Non, tu es un
vintenier ! Demain, peut-être un centenier, qui sait ? Et un jour,
nous aurons de la terre.
    — Demain est la
Saint-Crépinien, dit Hook, incapable de s’imaginer possédant des terres.
    — Et il ne t’a point
oublié ! Demain, il sera avec toi.
    Hook espéra qu’elle disait vrai.
    — Fais-moi la faveur de porter
le surcot de ton père, demanda-t-il.
    — Je le ferai, promit-elle
après une hésitation.
    — Hook ! cria Evelgold
dans le noir. Il est temps d’emmener tes hommes à l’avant. Hook !
    — J’arrive.
    — Je te reverrai, dit
Mélisande, avant…
    Elle n’acheva pas.
    — Tu me reverras, dit-il avant
de l’embrasser passionnément et de lui laisser sa cape. Je viens !
cria-t-il à Evelgold.
    Aucun des archers n’avait pu dormir
à cause de la pluie et des grondements de tonnerre. Ils suivirent en grommelant
Hook sur la côte menant au plateau où ils cherchèrent les sentinelles qu’ils
devaient relever. Hook finit par découvrir Walter Magot cent pas au-delà des
épieux.
    — Dis-moi que tu m’as laissé un
bon feu et un pot de brouet, dit Magot.
    — Et bien épais, Walter, avec
orge, bœuf, panais et navets.
    — Tu entendras les Français.
Ils avancent à pied avec leurs chevaux. S’ils s’approchent trop, tu n’as qu’à
chanter pour qu’ils s’éloignent.
    Hook scruta le nord. Les silhouettes
des bêtes se découpaient sur les feux des Français qui flambaient malgré la
pluie.
    — Ils veulent que leurs chevaux
soient chauds au matin, dit-il.
    — Ils veulent nous
charger ? Dès le matin, tous ces gaillards sur leurs maudits destriers.
    — Prie pour qu’il cesse de
pleuvoir, alors.
    — Par le Christ, oui, dit Magot
avec ferveur. (Par une telle pluie, les cordes des arcs mollissaient et se
détendaient.) Reste au chaud, Nick, dit-il en s’éloignant avec ses hommes.
    Hook s’accroupit sous la pluie
cinglante. Des éclairs qui déchiraient le ciel se plantaient dans la vallée
derrière le camp français, et dans cette soudaine lumière il vit des tentes et
des bannières. Si nombreuses, et tant d’hommes étaient venus jusqu’à ce champ
de bataille. Un cheval hennit. Par vingtaines, ils étaient amenés au bord du
plateau et Hook entendait leurs sabots piétiner dans la boue. Deux hommes
s’approchèrent et décampèrent quand il éleva la voix. La pluie se relâchait par
moments, il entendait alors les rires et les chants du camp ennemi. Celui des
Anglais était silencieux. Rares étaient ceux qui devaient dormir d’un côté ou
de l’autre. Ce n’était pas seulement le froid et la pluie qui les tenaient
éveillés, mais la certitude de devoir combattre le matin venu. Les armuriers
devaient affûter les armes et Hook frissonna en pensant à ce que l’aube allait
apporter. « Sois avec moi », supplia-t-il saint Crépinien. Puis il se
rappela le conseil du prêtre de la cathédrale de Soissons : le ciel
prêtait plus d’attention aux prières qui demandaient une faveur pour autrui, et
il pria pour que Mélisande et le père Christopher survivent à la tourmente du
lendemain. La pluie se remit à tomber, virulente et si drue que les lumières du
camp français pâlirent.
    — Qui va là ? s’écria
soudain Tom Scarlet.
    — Ami ! répondit une voix.
    Un éclair révéla l’arrivée d’un
homme d’armes depuis le camp anglais. Il portait une cotte de mailles et des
jambières, mais pas de surcot et, au lieu d’un casque, un chapeau de cuir à
large bord.
    — Qui es-tu ? demanda
Hook.
    — John Swan. Et vous
autres ?
    — Les hommes de sir John
Cornewaille.
    — Si tous les hommes de cette
armée étaient comme sir John, dit Swan qui devait presque crier dans le vacarme
de la pluie, les Français seraient bien avisés de fuir ! Vos arcs sont
encordés ?
    — Par ce temps ? certes
non ! répondit Hook.
    — Et s’il pleut ainsi demain
matin ?
    — Nous raccourcirons les
cordes, messire, et nous tirerons, mais elles se

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