Azincourt
pouvons combattre ou
mourir, dit Hook.
Il jeta son arc, devenu inutile
puisqu’ils n’avaient plus de flèches.
« Alors bats-toi », dit la
voix.
Et Hook se rendit compte que c’était
saint Crépin, le plus dur des deux frères, qui lui parlait.
— Tu es là ! s’écria-t-il
dans un mélange d’émerveillement et d’étonnement.
« Bien sûr que nous sommes là,
répondit saint Crépin avec agacement. Nous sommes là pour nous venger !
Alors combats-les, sottard ! Qu’attends-tu ? Accomplis l’œuvre de
Dieu, par le Christ ! Massacre ces maudits gueux ! »
Hook trembla de peur. Un Français
s’avançait en titubant vers les épieux, le bras gauche inerte sous sa spallière
brisée et ensanglantée.
— Que devons-nous faire,
Nick ? demanda Scarlet.
— Tuez-les ! s’écria Hook
en prenant sa vouge sur son épaule. Tuez tous ces misérables ! Par saint
Crépin, tuez-les !
Son exhortation ranima les archers
qui poussèrent un grand cri et se glissèrent entre les épieux pour affronter le
flanc français. Les archers étaient armés de haches, épées et masses. La
plupart étaient pieds nus, aucun n’avait de jambières et peu d’entre eux
pouvaient s’offrir un plastron, mais dans la boue ils étaient capables de se
mouvoir plus vite que leurs adversaires.
— Tuez-les ! clama
Evelgold, dont le cri fut repris par d’autres archers encore.
Dans l’air flottaient une
sauvagerie, un désir de tuer ces hommes qui avaient juré de couper les doigts
des archers. Et Gallois comme Anglais, leurs bras endurcis par les années à
l’arc, ils allèrent massacrer la noblesse de France.
Hook laissa à son sort l’homme
blessé et s’attaqua à un colosse en surcot écarlate. Son premier coup lui
aurait valu le mépris de sir John s’il l’avait vu, et le géant l’esquiva avant
de frapper de sa lance. Il le manqua, et Will du Dale assena sur son heaume un
coup de masse qui le terrassa. Geoffrey Horrocks s’agenouilla sur lui, souleva
sa visière et y enfonça sa dague. Hook renversa d’un coup de vouge un homme en
surcot noir et blanc qu’un autre archer acheva d’un coup de masse. Les
Français, embourbés, pouvaient à peine bouger pour les éviter, et leurs coups
se perdaient dans le vide à chaque esquive agile des archers.
Ce fut une bagarre comme il y en
avait dans les tavernes. Comme le jeu de balle-au-pied de Noël, quand les
hommes de deux villages se rencontraient dans une mêlée de coups de pieds et de
poings et de crocs-en-jambe. Mais cette partie se jouait avec du plomb et de
l’acier. Deux ou trois archers attaquaient un homme, le faisaient trébucher ou
l’assommaient, puis un troisième l’achevait au sol d’un coup de poignard au
visage. Le plus rapide était de viser l’œil et les Français imploraient la
pitié en voyant la lame plonger et leur cri mourait quand elle atteignait la
cervelle. Et durant tout ce temps, les trompettes anglaises sonnaient dans le
vacarme d’acier et de cris.
C’était l’heure de la vengeance.
Hook se battait en se rappelant Soissons. Il savait que les deux saints étaient
avec lui. C’était leur fête et en ce jour ils rendaient à la France chaque coup
qu’elle avait porté à leur ville. Il y avait tant de morts et de blessés
français que Hook devait les enjamber pour atteindre ses prochains adversaires.
Tom Scarlet, le robuste Will Sclate et Will du Dale l’accompagnaient et
d’autres archers se joignirent à eux en hurlant comme des démons. Une épée
s’abattit sur Hook, mais le coup fut amorti par sa cotte de mailles et son
haubergeon, et Sclate terrassa l’homme d’un coup de hache. Hook en abattit un
autre et Will lui ouvrit la cuisse d’un coup de hache. Les archers étaient
couverts de boue et de sang, pieds nus et hurlants : leur peur s’était
changée en rage.
Un chevalier français,
resplendissant dans son surcot de drap d’or, esquiva le coup de Scarlet et
riposta avec sa masse pour écraser l’insolent archer, mais Hook lui assena un
coup de hache qui fendit son gorgerin et acheva l’homme à terre. Un hurlement
d’agonie remplit le ciel au-dessus du champ ensanglanté d’Azincourt.
Puis un Français, qui portait un
ruban bleu à son cou et un lion d’argent sur son heaume, mit un genou en terre
et ôta son gantelet droit pour le tendre à Hook. Celui-ci était à quelques pas
et allait abattre sa vouge sur le lion étincelant, quand il comprit ce que
demandait
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