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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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accueillis par les lames des Anglais. Les corps étaient si nombreux
qu’ils finissaient par gêner même les mouvements de sir John. Les Anglais
menaient l’offensive. Neuf cents hommes en attaquaient huit mille, mais les
neuf cents pouvaient avancer en regardant où ils mettaient les pieds, sans
craindre que les rangs suivants ne les poussent en avant.
    — Venez ici, maudits ! Je
vous attends ! hurlait sir John.
    Il riait. En cet instant, l’idée ne
l’effleurait même pas que certains Français puissent convoiter le renom que
leur vaudrait la mort ou la capture de sir John Cornewaille. Ils avançaient et
tombaient, victimes de la boue et des obstacles qu’ils ne pouvaient voir, puis
ils arrivaient devant une hache qui s’abattait impitoyablement sur eux.
    — Serrez les rangs !
beugla-t-il en s’assurant qu’il y avait bien un homme à main gauche et sir
William à main droite.
    Il fallait combattre épaule contre
épaule pour n’offrir à l’ennemi aucune occasion de percer la ligne, et les
hommes d’armes de sir John combattaient comme il le leur avait appris. Ils
avaient enjambé les premiers cadavres français et leur deuxième ligne soulevait
les visières pour enfoncer leur lame dans les yeux et les gorges des blessés
afin qu’ils ne puissent se relever. Les Français poussaient des hurlements en
voyant la lame plonger, se tortillaient dans la boue et mouraient un par un
dans d’horribles convulsions. Et pourtant, d’autres continuaient d’accourir
pour finir égorgés, fracassés ou embrochés. Certains, s’estimant à l’abri des
flèches, avaient relevé leur visière, et sir John enfonça la pointe de sa vouge
dans un visage, tandis que sir William en perçait d’autres de sa lance et
choisissait ses victimes en grondant, lui qui était d’ordinaire un homme calme
et renfermé.
    — C’est le sang de Dieu,
William ! lui cria sir John. Mais c’est de la joie !
    Le fracas ne cessait pas. Acier
contre acier, hurlements et cris de guerre. Les Français étaient tombés si
nombreux qu’ils formaient une barricade impossible à franchir sans éviter les
lames anglaises. Les sillons se remplissaient de sang et des hommes tombés se
noyaient dans la boue. Sir John prenait lui aussi des coups, mais ils étaient
trop faibles, jusqu’au moment où un Français parvint à lui assener un coup de
hache dont la violence lui fut épargnée parce que le manche se brisa. Sir John
poussa un cri de défi et abattit sa hache sur les jambes de l’homme qu’il
trancha net aux genoux. Ses hommes et lui faisaient une percée dans les rangs
français. Sur sa gauche, sans qu’il puisse le voir, le duc d’York mourut.
    L’assaut français avait d’abord
frappé l’avant-garde anglaise. Une centaine d’hommes étaient morts dans ce
combat avant que l’oriflamme parvienne jusqu’aux hommes d’Henry, et parmi les
premiers se trouvait Ghillebert, seigneur de Lanferelle. Les Anglais sur sa
gauche avaient reculé au moment de la charge, mais le duc d’York et ses hommes
étaient restés sur leur position en brandissant leurs lances.
    — Lanferelle ! cria-t-il
en attaquant.
    Il tenait à ce que l’Anglais
connaisse le nom de son agresseur. Ce n’était pas le lieu pour faire montre de
la courtoisie des tournois ou de ses talents d’escrimeur. C’était le lieu où
l’on tranche, embroche et tue, où l’on cloue l’ennemi de peur.
    — Cédez ! cria-t-il au duc
qui avait rabattu sa visière et qui, pour toute réponse, lui donna un coup
d’épée.
    Lanferelle abattit sa masse d’armes sur
son épaule, l’accrocha et le fit tomber en avant de tout son long !
    — Il est mien ! hurla
Lanferelle.
    Et c’est alors que la joie de la
bataille le gagna avec l’exultation du combattant qui domine son ennemi. Il se
dressa au-dessus du duc, un pied posé sur son dos, et tua quiconque essayait de
le sauver. Quatre de ses hommes d’armes le secondaient.
    — Je veux l’étendard !
cria Lanferelle. (Il trouvait que la grande bannière ducale ferait bel effet
dans son manoir, suspendue sous les solives noircies de suie de sa galerie,
afin que le duc, devenu son prisonnier, soit condamné à la voir chaque jour.)
Viens mourir ! cria-t-il au porte-étendard.
    Mais les Anglais mirent l’homme en
sûreté et fondirent sur Lanferelle, qui esquivait et ripostait, tout en criant
à ses hommes de défendre ses arrières, faisant goûter de sa masse quiconque
osait l’approcher. Lanferelle

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