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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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soixante-dix traits, faisant pleuvoir la mort dans la fosse et
forçant les Français à s’abriter. Dès lors, puisqu’ils ne pouvaient les voir,
Hook et ses hommes se jetèrent sur eux par le travers en priant pour que les
tirs anglais cessent.
    Aucun de ses hommes ne fut touché.
Les archers poussèrent un cri de guerre en s’élançant à la suite de Hook, qui
faisait tournoyer sa vouge et abattait ses adversaires. Voulant esquiver, il
cogna la paroi de la fosse, perdit l’équilibre et tomba. La peur lui glaça
soudain les veines. Il était à terre et vulnérable, et redoutait d’avoir
endommagé son arc dans sa chute. Plus tard, il se rappellerait avoir aussi
éprouvé de l’extase durant ce combat. Dans son souvenir, ce ne serait qu’un
tourbillon d’hommes hurlants et un fracas d’acier étincelant ; mais sur
l’instant il se releva et vit un homme d’armes, une épée à la main, au bord de
la fosse. L’homme portait une armure de plates et un surcot figurant un cœur
écarlate percé d’une lance ardente. Sa visière était relevée et Hook vit la
peur dans son regard, mais il n’éprouva nulle pitié. C’était tuer ou être tué,
disait toujours sir John. Hook courut sur l’homme, vouge brandie à deux mains,
et l’embrocha. Il vit son adversaire ouvrir de grands yeux terrifiés et se
débattre dans un geignement quand il le cloua contre la paroi. D’un coup de
botte, il dégagea son arme et fit volte-face, prêt à affronter les autres, mais
le combat était déjà terminé. Il n’y avait que huit Français dans la fosse. La
troupe plus nombreuse qui avançait vers la Sauvage avait dû les laisser là et
les oublier. Ils n’avaient eu le temps que de détruire la manivelle du volet de
la barricade, mais à présent il n’en restait plus qu’un en vie.
    — Qui imaginerait s’attaquer à
une bombarde à la hache ! se moqua Tom Scarlet.
    — Des blessés ? demanda
Hook.
    — Je me suis tordu la cheville,
dit Horrocks, haletant, les yeux encore écarquillés d’étonnement ou de peur.
    — Tu t’en remettras, répliqua
Hook. Sommes-nous tous là ?
    Tous étaient présents, et Will du
Dale accourait avec Mélisande et ses six archers. L’unique Français survivant
gémit. Il ne portait qu’un gambison rembourré et Will Sclate lui avait enfoncé
sa hache en pleine poitrine. Ce n’était plus qu’un amas d’entrailles et de
côtes brisées ruisselant de sang.
    — Mettez un terme à ses
souffrances, ordonna Hook à ses archers qui restèrent pétrifiés. Oh, par
Dieu ! s’impatienta-t-il avant de s’en occuper lui-même d’un coup de vouge
dans la gorge.
    — C’est la dernière fois que
ces sottards tenteront cela, dit Will du Dale du bord de la fosse.
    Il essayait de montrer de l’entrain,
mais sa voix tremblait et l’horreur emplissait ses yeux. Derrière lui,
Mélisande fixait le carnage d’un regard vide.
    — Tu ne devrais point être là,
lui dit Hook.
    — Je ne peux rester au camp. Ce
maudit prêtre pourrait venir.
    — Nous veillerons sur elle,
Nick, le rassura Will en ramassant une torche. Vois ce qu’ils ont fait.
    Avec leur grande hache, les Français
avaient fendu deux des arceaux d’acier qui cerclaient le fût de la bombarde.
L’arme était désormais inutile, risquant d’exploser, mais ce n’était pas
l’affaire de Hook.
    — Fouillez ces gueux,
ordonna-t-il. (Les trois archers qui avaient dépouillé les premiers cadavres
avaient récolté des chaînes d’argent, des pièces et broches, ainsi qu’une dague
au pommeau incrusté de pierreries. Leur nouveau butin les rejoignit dans un
carquois.) Nous partagerons plus tard, décréta Hook. À présent, partons. Aux
arcs !
    Le sien n’avait pas souffert de sa
chute. Il mit sa vouge en bandoulière et encocha une flèche avant de sortir de
la fosse dans l’aube envahie par la fumée.
    La bataille faisait rage devant la
taupe et autour de la fosse de la Fille du roi. Les Français s’étaient emparés
des deux, mais les Anglais, accourus en nombre, les repoussaient
inexorablement. Une sonnerie de trompettes appela l’ennemi à battre en retraite
vers Harfleur. Hook aperçut la bannière au lion de sir John à main gauche,
tandis que ses hommes repoussaient le large groupe de Français qui formait à
présent l’aile gauche.
    — Aux arcs ! cria-t-il en
joignant le geste à la parole.
    Malgré le rappel, les Français
n’osaient pas tourner les talons, redoutant d’être

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