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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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continua Lanferelle en souriant, mais combien de ses hommes doit-il
laisser à Harfleur pour en protéger les remparts brisés ? Mille ?
C’est une si petite armée, mon père.
    — Mais au moins qui se bat,
alors que la vôtre sommeille à Rouen.
    — Mais notre armée, répliqua
durement Lanferelle, est véritablement aussi nombreuse que puces dans le giron
d’une putain de Paris. J’espère que vous resterez, mon père, et que les puces
pourront se gorger de sang anglais. Fais à Mélisande mes compliments,
ajouta-t-il à l’adresse de Hook. Et donne-lui autre chose. Jean !
appela-t-il. (L’écuyer que Hook avait vu dans les collines d’Harfleur arriva au
trot et, sur l’ordre de son seigneur, ôta son surcot. Lanferelle le prit et le
plia avant de le tendre à Hook.) S’il y a bataille, dis à Mélisande de le
porter. Cela suffira peut-être à la protéger. Je regretterais sa mort. Je vous
souhaite à tous deux la bonne journée.
    Et sur ces mots, il retourna auprès
du maréchal.
    Le lendemain, les nuages se
rassemblèrent au-dessus de la mer et dérivèrent sur Harfleur. Les archers
étaient occupés à colmater provisoirement les brèches des murs avec des
palissades en attendant l’arrivée de maçons d’Angleterre. Les hommes
continuaient de tomber malades et les caniveaux empestaient, charriant leurs
ordures dans la Lézarde qui coulait de nouveau dans le canal traversant la
ville et se déversant dans le port.
    Le roi lança un défi au dauphin, lui
proposant un combat d’homme à homme dont le vainqueur remporterait la couronne
de France.
    — Il refusera, dit sir John
Cornewaille qui était venu voir l’entraînement des archers. Le dauphin est un
gros paresseux, et Henry est un guerrier. Ce serait comme loup et porcelet.
    — Et si le dauphin refuse le
combat, sir John ? demanda Thomas Evelgold.
    — Nous rentrerons en
Angleterre, sans doute, dit tristement sir John. (C’était l’opinion de toute
l’armée. Les jours raccourcissaient et fraîchissaient, et bientôt, avec les
pluies d’automne, viendrait la fin de la saison des campagnes. Et même si Henry
voulait poursuivre, l’armée était trop petite et les troupes françaises trop
nombreuses. Les plus expérimentés déclaraient que seul un fou oserait prendre
un tel risque.) Si nous avions six ou sept mille hommes de plus, continua sir
John, nous pourrions les moucher, mais nous ne le pouvons. Nous laisserons une
garnison dans ce cloaque et nous rentrerons.
    Les renforts continuaient d’arriver,
mais ils n’étaient pas nombreux, guère suffisants pour compenser les morts ou
les malades. Cependant, les navires continuaient de les débarquer et les
nouveaux venus contemplaient avec stupéfaction les toits écroulés, les églises
effondrées et les décombres.
    — La plupart d’entre nous rentreront
bientôt, dit sir John à ses hommes, et ceux-là défendront Harfleur.
    Il était amer. La prise d’Harfleur
ne suffisait pas à compenser les vies et l’argent gâchés. Sir John ne voulait
pas s’arrêter là, ni le roi, disait-on, mais tous les autres seigneurs, ducs,
comtes, évêques et capitaines conseillaient au roi de retourner en Angleterre.
    — Nous n’avons pas le choix,
dit un soir Evelgold à Hook. (Les grands seigneurs étaient au conseil et
tentaient de faire entendre raison à l’ambition du roi. L’armée attendait.
C’était une belle soirée et le soleil couchant projetait de longues ombres sur
le port. Hook et Evelgold, attablés devant la taverne Au paon, buvaient l’ale
apportée d’Angleterre, car les brasseries d’Harfleur avaient été détruites.)
Nous devons rentrer, ajouta-t-il, pensant aux vives discussions qui devaient se
dérouler dans la salle de la guilde à côté de l’église Saint-Martin.
    — Peut-être que nous resterons
en tant que garnison ? avança Hook.
    — Seigneur, non ! protesta
Evelgold en se signant. Cette maudite grande armée française reprendra la cité
sans nulle peine ! En trois jours, elle abattra nos palissades et nous
tuera jusqu’au dernier.
    Hook ne répondit pas. Il contemplait
l’étroite entrée du port où un navire arrivait, entouré d’une nuée de mouettes.
    — Le Saint-Esprit, dit
Evelgold.
    Le Saint-Esprit était un
nouveau bâtiment construit avec l’argent du roi pour soutenir l’armée
d’invasion, mais il servait surtout désormais à ramener les malades en
Angleterre. Le navire s’approchait du quai. Hook aperçut des

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