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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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hommes à son bord,
mais ils n’étaient pas aussi nombreux qu’au précédent voyage. C’étaient
probablement les derniers renforts qui arriveraient.
    — Quinze cents navires nous ont
amenés ici, dit Evelgold avec un rire triste, mais nous n’aurons pas besoin
d’autant pour repartir. Quel malheureux été ! (Le soleil faisait
scintiller les dorures des deux châteaux du Saint-Esprit. Les passagers
contemplaient la ville.) Bienvenue en Normandie. Ta femme retournera-t-elle
avec toi en Angleterre ?
    — Si fait.
    — Je croyais que vous deviez
vous marier ?
    — Je crois que nous le sommes.
    — Fais-le en Angleterre, Hook.
    — Pourquoi ?
    — Parce que c’est la contrée de
Dieu, contrairement à ce maudit pays.
    Centeniers et hommes d’armes étaient
arrivés sur le quai pour voir si certains des nouveaux arrivants appartenaient
à leurs compagnies. Le centenier de lord Slayton, William Snoball, qui était
parmi eux, salua aimablement Hook.
    — Je suis surpris de vous voir
ici, maître Snoball, dit celui-ci.
    — Pourquoi ?
    — Qui est régisseur en votre
absence ?
    — John Willetts. Il se
débrouille fort bien sans moi. Et Sa Seigneurie voulait que je vienne.
    — Car tu es d’expérience, dit
Evelgold.
    — En effet, convint Snoball. Et
Sa Seigneurie voulait que je garde l’œil sur… Tu m’auras compris.
    — Sir Martin ? demanda
Hook. Et au nom de Dieu, pourquoi l’aurait-il envoyé ?
    — À ton avis ? demanda
Snoball.
    Hook imita le geste d’un couteau
tranchant une gorge.
    — Qu’est-ce qu’il espère ?
    — Il espère que sir Martin
veillera sur nos âmes, répondit Snoball qui s’éloigna, jugeant peut-être qu’il
en avait trop dit.
    Hook regarda le navire approcher.
    — Attendons-nous d’autres
hommes ? demanda-t-il.
    — Pas à ma connaissance :
sir John n’a rien dit.
    — Il n’est point heureux.
    — Parce qu’il est dément, il a
pris un coup de lune. Sot comme lièvre. (Evelgold rumina pensivement.) Il veut
que nous marchions sur la France ! L’homme a perdu le sens ! Il veut
notre mort ! Mais peu lui chaut, non ?
    — Pourquoi ?
    — Il ne sera point tué,
non ? Qu’arrive-t-il si nous marchons sur la France et trouvons
bataille ? Les nobles ne sont pas tués, Hook, ils sont faits
prisonniers ! Mais personne ne paierait rançon pour toi ou moi. Nous
serons massacrés, Hook, tandis que nos seigneurs seront emmenés dans quelque
douillet château où on leur donnera bonne chère et belles putains. Sir John
n’en a cure. Il veut se battre ! Mais il sait qu’il devrait penser un peu
à nous. Cependant, cela n’arrivera point. Nous serons rentrés avant la
Saint-Martin.
    — Le roi veut faire campagne.
    — Le roi sait compter comme toi
et moi, il ne fera pas campagne.
    Des amarres furent lancées du bord
du Saint-Esprit et, lentement, le navire fut halé jusqu’au quai. Les
passerelles furent jetées et les nouveaux arrivants, d’une propreté irréelle,
débarquèrent. Il y avait une soixantaine d’archers, tous chargés de leurs armes
et bagages. Les croix de saint George de leurs cottes resplendissaient. À peine
à terre, un prêtre s’agenouilla sur le quai et se signa. Derrière lui
arrivaient quatre archers aux armes de lord Slayton. L’un d’eux avait une
touffe de cheveux blonds qui jaillissait de sous son casque. L’espace d’un
instant, Hook n’en crut pas ses yeux, puis il se leva et s’écria :
    — Michael ! Michael !
    Michael sourit en le voyant.
    — C’est mon frère cadet,
expliqua Hook à Evelgold avant de courir vers Michael et de l’étreindre. Mon
Dieu, te voici !
    William Snoball appela Michael, mais
Hook se retourna.
    — Il viendra quand il sera
prêt, maître Snoball. Où sont vos quartiers ?
    Snoball les lui indiqua à contrecœur
et Hook promit d’y amener son frère, puis il l’entraîna à leur table et lui
servit une pinte d’ale.
    — Que fais-tu donc ici ?
demanda-t-il.
    — Lord Slayton a envoyé ses
derniers archers, sourit Michael. Il a jugé que vous aviez besoin d’aide. Je ne
savais même pas que tu étais là !
    Ils échangèrent des nouvelles. Hook
lui apprit que Robert Perrill avait été tué durant le siège, en se gardant de
préciser comment, et Michael que leur grand-mère était morte, ce qui ne
chagrina guère Hook.
    — C’était une méchante vieille.
    — Mais elle a veillé sur nous,
dit Michael.
    — Sur toi, pas sur moi.
    Mélisande

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