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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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l’un ni l’autre. »
    J’étais affreusement déçu et peiné ; mais plus encore, j’étais
déconcerté. « Si vous m’aviez dit que vous ne vouliez pas, j’aurais
compris, mais que… vous ne pouvez pas ? »
    Ils se tenaient côte à côte, devant moi. Tlatli, massif et Chimali,
filiforme. Ils semblaient désolés, puis ils se tournèrent l’un vers l’autre et
je ne vis pas ce qui passa dans leur regard. Maladroitement et avec hésitation,
ils se prirent la main et entrelacèrent leurs doigts. Ils étaient liés ainsi
l’un à l’autre, forcés par mon insistance à confesser une chose que je n’avais
jamais soupçonnée. Ils me regardèrent à nouveau, il y avait du défi dans leurs
yeux.
    « Oh ! dis-je, anéanti. Pardonnez-moi, quand vous avez
refusé, j’aurais dû comprendre.
    — Peu importe que tu sois au courant, la Taupe. Mais on voudrait
éviter les commérages. »
    Je revins à la charge. « Mais dans ces conditions, cela pourrait
vous arranger que l’un de vous deux se marie. Simplement pour la forme et
ensuite…
    — Non, je ne veux pas », répondit Chimali avec une calme
détermination. « Et je ne laisserai pas Tlatli accepter. Ce serait de la
lâcheté et une souillure pour les sentiments que nous éprouvons l’un pour
l’autre. Mets-toi à notre place, la Taupe, suppose qu’on te demande d’épouser
l’un de nous.
    — Ce serait scandaleux et tout à fait contraire aux lois et aux
coutumes. Mais, c’est exactement le contraire, si l’un de vous prend Tzitzi
pour femme, pour la forme, seulement, Chimali.
    — Non », répéta-t-il et il ajouta, sincèrement,
peut-être : « Nous sommes désolés.
    — Moi aussi », soupirai-je, en les quittant.
    Mais j’étais bien décidé à ne pas lâcher prise. Il me fallait
convaincre l’un deux que c’était notre intérêt commun. Ma sœur serait
sauvée ; toutes éventuelles suspicions au sujet des relations entre
Chimali et Tlatli seraient levées, ainsi que sur les relations entre Tzitzi et
moi. Ils l’emmèneraient avec eux à Texcoco et je pourrais la voir en secret.
Plus j’y pensais, plus ce plan me semblait convenir à tout le monde. Chimali et
Tlatli ne pourraient pas continuer à refuser sous le prétexte égoïste qu’un
mariage entacherait leur amour. J’arriverais à les persuader – en les menaçant
de les dénoncer comme cuilontin, s’il le fallait. Oui, j’irais les trouver à
nouveau.
    Mais les événements m’en empêchèrent. Il était déjà trop tard.
    Cette nuit non plus, Tzitzi ne revint pas.
    Malgré tout, je dormis. Je ne rêvai pas de vautours, mais de Tzitzi et
moi enfermés dans l’énorme jarre contenant notre réserve d’eau, marquée de
l’empreinte sanglante de la main de Chimali. Mon rêve me ramenait à ces jours
sans vie où Tzitei avait trouvé un prétexte pour que nous sortions ensemble.
Elle avait renversé et brisé la jarre. L’eau se déversa sur le sol et
m’éclaboussa la figure. Je me réveillai, le visage inondé de larmes.
    Le lendemain, une convocation arriva du palais du gouverneur, mais contrairement
à la logique, elle n’était pas destinée au chef de famille, mon père,
Tepetzalan. Le messager déclara que les Seigneurs Héron Rouge et Joie
demandaient que ma mère vienne immédiatement au palais. Mon père demeura
silencieux, la tête courbée et il évita mon regard pendant que nous attendions
son retour.
    Elle revint, toute pâle et ses mains tremblaient en enlevant le châle
qui lui couvrait la tête et les épaules, mais son calme nous surprit. Elle
n’était plus cette femme ulcérée de voir un titre de noblesse lui échapper et
elle n’avait pas non plus le comportement d’une mère éplorée.
    « Nous avons perdu une fille, mais nous n’avons pas tout perdu,
déclara-t-elle.
    — Comment ça, perdu ? demandai-je.
    — Tzitzi n’est jamais arrivée au palais », expliqua ma mère
sans me regarder.
    « Elle a échappé aux femmes qui l’accompagnaient et elle s’est
enfuie. Tous ces événements ont presque rendu fou ce pauvre Pactli ; il a
ordonné qu’on fouille l’île de fond en comble. Un oiseleur est venu dire que
son canoë avait disparu. Tu te rappelles, dit-elle à son père : ce que ta
fille avait menacé de faire : voler un acali pour s’enfuir sur la terre
ferme.
    — Oui, répondit-il, tristement.
    — Elle a dû mettre son projet à exécution. On ne sait pas dans
quelle direction elle est partie, aussi

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