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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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pièces cette histoire de
fuite sur un canoë volé. Et pour que tout rentre bien dans l’ordre, et pour
décourager les questions ou de nouvelles recherches, le gouverneur faisait, en
quelque sorte, taire mon père, avec cette promotion.
    Après avoir rangé les affaires de Tzitzi, je commençai à emballer
celles que j’avais amenées de Texcoco et je mis en dernier la statuette de
Xochiquetzal. Puis, je pris mon panier d’osier sur l’épaule et je quittai la
maison pour ne jamais plus y revenir. Un papillon m’accompagna pendant un
moment, tandis que je me dirigeais vers la rive, il voletait au-dessus de ma
tête.
    J’eus la chance de trouver un pêcheur qui, contrairement à tous les
usages, ne se reposait pas pendant la fête de l’Ochpaniztli et qui se préparait
à partir à la pêche au corégone. Il accepta de m’emmener jusqu’à Texcoco, pour
une somme bien supérieure à ce que lui aurait rapporté toute une nuit de pêche.
    En chemin, je lui demandai : « Avez-vous entendu parler d’un
pêcheur ou d’un oiseleur qui aurait perdu un canoë, ces derniers temps, ou de
quelqu’un à qui on aurait volé un acali ?
    — Non », me répondit-il.
    Je me retournai pour contempler l’île paisible et illuminée par le
soleil de l’après-midi. Elle s’étalait à la surface du lac, comme toujours,
mais jamais plus on n’y entendrait « le tintement des clochettes »,
et personne ne s’en soucierait. Seigneur Héron Rouge, Seigneur Joie, mon père,
ma mère, Chimali, Tlatli et tous les habitants de l’île, l’avaient déjà
oubliée.
    Tous, sauf moi.
    « Tiens, Tête Haute ! » s’écria la Dame de Tolan, la
première personne que je rencontrai en regagnant mon appartement au palais.
« Tu es déjà de retour ?
    — Oui, Madame. Je ne me sens plus chez moi à Xaltocán et j’ai
beaucoup à faire ici.
    — Est-ce que tu aurais la nostalgie de Texcoco, par hasard, me
dit-elle en souriant. C’est que tu nous apprécies alors. J’en suis très
heureuse, Tête Haute.
    — Je vous en prie, Madame, dis-je, d’une voix altérée. Ne
m’appelez plus ainsi. J’en ai assez des têtes hautes.
    — Ah bon », dit-elle. Son sourire disparut tandis qu’elle
examinait mon visage.
    « Comment veux-tu qu’on t’appelle alors ? »
    Je pensai à tout ce qui m’attendait et je lui répondis : « Le
nom que j’ai reçu d’après le livre des prophéties est Tlilectic-Mixtli.
Appelez-moi Nuage Noir. »
     

I H S
A.I.M.C.
     
    A Son Auguste et Impériale Majesté Catholique, l’Empereur Charles
Quint, Notre Roi  :
     
    A Sa Très Haute et Très Puissante Majesté, notre Souverain : de
cette ville de Mexico, capitale de la Nouvelle-Espagne, le jour de la Fête des
Douleurs, de l’année de Notre Seigneur mille cinq cent vingt-neuf.
    Nous sommes au regret de ne vous pouvoir joindre à ce dernier envoi de
pages manuscrites les dessins que Votre Majesté réclame dans sa dernière
lettre, « ces dessins de personnes, principalement du sexe féminin,
exécutés par notre conteur et dont il est question dans son récit ». Ce
vieil Indien, lui-même, quand on lui a demandé où ils étaient, a ri à l’idée
qu’il aurait pu conserver pendant tant d’années des pochades aussi indécentes
qui, même si elles avaient eu une valeur quelconque, auraient peu de chance
d’exister encore.
    Nous ne regrettons pas la perte de ces obscénités, étant assurés que,
même si ces dessins avaient été disponibles, ils n’auraient pas pu intéresser
Votre Majesté. Nous savons que Notre Impérial Souverain est habitué à voir des
œuvres d’art comme celles de Maître Matsys, dont le portrait d’Erasme est si
ressemblant. Les personnages que les Indiens représentent dans leurs
barbouillages sont rarement reconnaissables, même comme êtres humains, à
l’exception de quelques fresques et bas-reliefs.
    Votre Très Haute Majesté avait demandé à son chapelain de rassembler
des « écrits, tablettes et autres témoignages », pour appuyer le
récit des pages précédentes. Mais Sire, j’affirme que cet Aztèque exagère
beaucoup quand il parle d’écriture, de lecture, de dessin et de peinture. Ces
sauvages n’ont jamais rien créé, ni possédé ou conservé aucun souvenir écrit de
leur histoire, à part quelques livres faits de feuilles pliées, des peaux ou
des panneaux recouverts d’une multitude de dessins primitifs, dignes des
gribouillages d’un enfant. Ils sont

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