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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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plus
farouchement que je pus.
    Elles levèrent une de leurs huit extrémités et me mirent dans la main
le poignard de l’uandakuari. J’entrevis le métal sombre, plus sombre encore
dans la pénombre ; je passai mon pouce sur le fil de la lame ; elle
était dure et tranchante.
    « Vous y êtes arrivées », leur dis-je, sentant une vague de
gratitude et presque d’affection monter en moi, à l’égard du monstre accroupi à
mes pieds.
    « Facile, remarqua Droite.
    — Il avait mis ses habits à côté du lit, précisa Gauche.
    — Il m’a rentré ça, dit Droite en tapotant mon tepuli, ce qui me
fit sursauter.
    — Heureuse.
    — Je m’ennuyais, se plaignit Gauche. Rien à faire. Seulement être
balancée. J’ai tâté les habits, trouvé le couteau.
    — Elle prend le couteau, pendant que je suis heureuse, dit Droite.
Elle prend le couteau pendant que…
    — Et maintenant ? coupai-je.
    — Il ronfle. On apporte le couteau. Maintenant, on va le
réveiller. Etre encore heureuse. »
    Sans même attendre que je les remercie, les jumelles détalèrent en
crabe le long de la balustrade obscure et je rentrai dans ma chambre pour
attendre le lever du soleil.
    Les courtisans de Tzintzuntzani ne semblaient pas être des lève-tôt.
Seul le prince héritier vint prendre une collation avec nous. Je lui annonçai
que nous allions partir. Puisque apparemment, son père était satisfait de notre
cadeau, nous ne voulions pas nous éterniser et l’obliger à interrompre ses
plaisirs pour s’occuper de ses hôtes.
    « Puisque vous voulez partir, me dit affablement le prince, nous
ne vous retiendrons pas. Il n’y aura qu’une petite formalité. Nous allons vous
fouiller, vous-mêmes, vos gardes et vos esclaves et toutes vos affaires. Ne le
prenez pas comme une offense, je vous en prie. Je dois moi-même m’y soumettre à
chaque fois que je pars en voyage. »
    Je haussai les épaules avec autant de détachement que l’on peut en
avoir quand une troupe de soldats en armes se referme sur vous. Ils nous
palpèrent, Zyanya et moi, puis nous demandèrent d’ôter nos sandales. Dans la
cour, ils inspectèrent tous nos hommes. Ils déballèrent nos paquets et tâtèrent
même les coussins des chaises à porteurs. D’autres personnes étaient levées
maintenant, des enfants du palais pour la plupart, et ils assistaient au
déroulement des opérations avec des yeux brillants et malins. Je me tournai
vers Zyanya ; elle regardait les enfants avec attention, essayant de
deviner lesquels… Elle me surprit en train de sourire et se mit à rougir encore
plus que la petite lame de métal – j’en avais ôté le manche – que j’avais
cachée sur ma nuque, sous mes cheveux.
    Les soldats dirent à Tzimtzicha que nous n’emportions rien que nous
n’ayons amené avec nous. Sa vigilance se transforma aussitôt en amabilité et il
nous dit : « Alors, il faut que vous emportiez quelque chose, pour en
faire présent à votre Uey tlatoani. » Il me remit un petit sac de cuir qui
contenait, je le vis par la suite, de nombreuses perles fines de la plus belle
qualité. « Et aussi, ajouta-t-il, quelque chose d’encore plus rare, qui
rentrera parfaitement dans votre grande litière. Je ne sais comment mon père va
pouvoir s’en passer, c’est ce qu’il possède de plus précieux ; mais c’est
lui-même qui l’a ordonné. »
    Sur ce, il nous montra l’énorme femme chauve à la poitrine débordante
qui avait servi de nourrice au vieillard pendant le dîner de la veille. Elle
était deux fois plus lourde que les jumelles et les porteurs ne cessèrent de la
maudire tout au long du voyage. Environ chaque longue course, il fallait que la
caravane s’arrête et attende pendant qu’elle se trayait elle-même de ses
propres mains pour se soulager. Zyanya ne cessa de rire ; elle rit même
lorsque je présentai le cadeau à Ahuizotl et qu’il ordonna de me faire exécuter
sur-le-champ. Je me hâtai alors de lui révéler le pouvoir que le lait de cette
femme avait sur le vieux Yquingare ; Ahuizotl réfléchit un moment et
annula mon exécution et Zyanya se remit à rire de plus belle, si bien que
l’Orateur Vénéré et moi nous joignîmes à cette gaieté.
    Si Ahuizotl a pu tirer un parti quelconque de cette femme, elle aura
été une acquisition plus intéressante que le poignard. Les métallurgistes
mexica l’étudièrent attentivement, le grattèrent en profondeur, prélevèrent des
limailles et déclarèrent

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