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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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avons trouvé seulement l’homme, à moitié enseveli sous un
mœllon, comme je l’avais pensé.
    — On n’a encore rien dit à Cocôton. Notre maître veut-il aller la
voir ? me demanda Turquoise.
    — Pour lui apprendre ce que je ne peux arriver à croire
moi-même ? » Je rassemblai mes dernières forces pour redresser mon
corps chancelant et j’ajoutai : « Non, je n’irai pas. Viens, Chanteur
Etoile. On va chercher encore. »
    Au-delà de notre maison, la rue partait en pente douce vers un pont qui
enjambait le canal et les maisons qui étaient en bas avaient été gravement
touchées par le déferlement des eaux. De plus, c’étaient les plus pauvres du quartier
et elles étaient construites en bois ou en adobe. Comme l’avait dit Chanteur
Etoile, ces maisons n’existaient plus ; ce n’étaient que des tas de
briques de boue et de paille à moitié dissoutes, de planches brisées et de
débris de mobilier. Mon domestique me montra un amas de chiffons qui gisait au
milieu.
    « Il est là, me dit-il. Ce n’est pas une bien grande perte. Il
vivait en se vendant aux nommes des péniches d’ordures, ceux qui ne sont pas
assez riches pour se payer une femme ; il ne demandait qu’un grain de
cacao. »
    L’homme était face contre terre, un paquet de haillons et de cheveux
gris collés par la boue. De mon pied, je le retournai et je le vis pour la
dernière fois. De ses orbites vides, Chimali me regardait, la bouche grande
ouverte.
    Plus tard, quand j’eus un peu repris mes esprits, les paroles de
Chanteur Etoile me revinrent : on avait vu cet homme récemment sur les
péniches du quartier. Je me demandai alors si Chimali venait seulement de
découvrir où j’habitais et s’il était venu traîner par ici, tâtonnant en
aveugle, dans l’espoir d’une occasion de me nuire. L’inondation lui avait-elle
donné le moyen de m’infliger la plus cruelle blessure et de se mettre ensuite
hors de portée de ma vengeance ? Ou bien, toute cette tragédie n’était-elle
qu’une sinistre farce manigancée par les dieux, car ils semblent trouver du
plaisir à arranger des concours de circonstances incroyables et inexplicables.
    Jamais, je ne le saurai.
    A ce moment, tout ce que je savais, c’était que ma femme n’était plus
et je ne pouvais l’accepter ; il fallait que je la cherche. Je dis à
Chanteur Etoile :
    « Si ce misérable est ici, Zyanya doit y être également. On
déplacera ces millions de briques l’une après l’autre s’il le faut. Je commence
pendant que tu vas chercher de l’aide. Allez, dépêche-toi ! »
    Il partit au galop et je me penchai pour soulever une poutre et je
tombai évanoui.
    Il était tard dans l’après-midi lorsque je revins à moi. J’étais dans
mon lit et mes deux domestiques étaient penchés sur moi. Je leur demandai aussitôt :
    « L’avez-vous trouvée ? »
    Ils firent tous deux un signe de dénégation.
    « Je vous avais dit de déplacer chaque pierre, grondai-je.
    — Ce n’est pas possible, maître, gémit Chanteur Etoile. L’eau
monte à nouveau. Je suis arrivé juste à temps, sinon vous auriez été noyé.
    — On ne savait comment faire pour vous réveiller, me dit Turquoise
visiblement inquiète. L’Orateur Vénéré a donné l’ordre d’évacuer la ville avant
qu’elle soit submergée. »
    J’ai passé cette nuit-là sur une colline en compagnie d’une foule de
fugitifs endormis. Nous n’avions même pas un arbre pour nous protéger, mais
Turquoise avait pensé à emporter des couvertures. Chanteur Etoile, Cocôton et
elle s’enroulèrent dedans et ils s’endormirent ; mais moi, je restai
éveillé, la couverture sur les épaules, à regarder mon enfant, la seule chose
qui me restait et je pleurai.
    Il y a quelque temps, Seigneurs révérends, j’avais comparé Zyanya au
maguey généreux. J’ai oublié de vous dire une chose à propos de cette plante.
Une fois dans son existence, une seule fois, elle produit une haute tige qui
porte une multitude de fleurs jaunes odorantes et ensuite, elle meurt.
    Cette nuit-là, j’essayai de trouver du réconfort dans les assurances
que nous donnent les prêtres, quand ils disent que les morts ne sont pas
malheureux et que mourir, c’est se réveiller après avoir rêvé qu’on a vécu.
C’est possible et les Chrétiens disent à peu près la même chose. Mais c’était
une bien piètre consolation pour moi qui restait dans le rêve, vivant, seul et
possédé. Je

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