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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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autres peuples, physiquement et intellectuellement, et nos corps reflètent
nos sentiments délicats ; nous sommes d’une grande pudeur et ces poils que
vous trouvez si étranges sont conformes à notre nature. En effet, même lorsque
nous sommes nus, nos parties intimes restent discrètement cachées.
    — Je trouve au contraire que ça attire l’attention. C’est plutôt
de la provocation que de la pudeur. »
    J’étais assis, jambes croisées, et il m’était bien difficile de cacher
la protubérance qui soulevait mon pagne. Son visage prit une expression
d’incrédulité et elle murmura pour elle-même :
    « De simples poils… aussi ordinaires que de l’herbe dans les
rochers… ça peut exciter un étranger…» Puis, s’adressant à moi :
« Nous acceptons cette curiosité comme un péché avoué. Et maintenant,
servez-vous de jipuri. »
    Elle poussa devant moi un panier rempli de ces petits cactus frais et
verts. J’en choisis un qui avait de nombreux bourrelets.
    « Non, prenez celui-ci qui a cinq côtes. Ceux qui en ont davantage
sont réservés à la consommation quotidienne pour les coureurs qui doivent
accomplir de longues distances ou pour ceux qui veulent se bercer de rêves. Le
jipuri à cinq côtes est le plus rare de tous et c’est par lui qu’on approche le
plus la lumière divine. » Je mordis un morceau du cactus qu’elle me
tendait ; il avait une saveur légèrement amère. Elle en choisit un autre
pour elle.
    « Ne le mâchez pas trop vite, ma-tuâne Su-kurû. L’effet va être
très rapide parce que c’est la première fois que vous en prenez. Il faut que
nous soyons à l’unisson. »
    En effet, à peine eus-je avalé le premier suc que je sentis les murs de
la maison s’évanouir autour de moi et je vis tous les villageois occupés à
jouer ou à festoyer. Je ne pouvais croire que je voyais véritablement à travers
les murs, car tout était très net sans que je me serve de ma topaze. Cette
vision si précise ne pouvait qu’être due au jipuri. L’instant d’après, je
n’étais plus sûr de rien ; il me sembla que je me mettais à flotter, que
je m’élevais et passais à travers le toit. Les silhouettes devenaient de plus
en plus petites à mesure que je montais vers la cime des arbres. Ayyo  !
m’exclamai-je, mais la voix du si-riame me cria :
    « Pas trop vite, il faut que vous m’attendiez ! »
    Je viens de vous dire qu’elle avait crié, mais en fait, je ne
l’entendais pas ; ses paroles n’atteignaient pas mon ouïe, mais ma bouche,
je les dégustais, en quelque sorte. Elles étaient délicieuses et douces comme
du chocolat et c’est leur saveur qui me parvenait. Tous mes sens semblaient
avoir interverti leurs fonctions. J’entendais l’arôme des arbres et la fumée
des feux de cuisine dérivant tout comme moi, parmi les branches. Au lieu
d’avoir une odeur de végétation, le feuillage résonnait de façon métallique et
la fumée faisait un bruit sourd comme lorsqu’on frappe doucement sur un tambour.
Je ne voyais pas les couleurs, je les sentais ; le vert des arbres était
un parfum moite et le rouge des fleurs avait une odeur épicée. Le ciel n’était
pas bleu, il était empreint d’une senteur charnelle comme celle des seins d’une
femme.
    C’est alors que je m’aperçus que ma tête reposait effectivement entre
deux seins généreux. Mon toucher n’était pas affecté par la drogue. Le si-riame
m’avait rattrapé ; elle avait ouvert son corsage de jaguar, elle me
serrait contre elle et nous nous élevâmes ensemble vers les nuages. Je dois
dire qu’une partie de mon individu montait plus vite que le reste. Mon tepuli
s’allongeait et se raidissait palpitant de désir comme si un tremblement de
terre était survenu sans que je m’en aperçoive. Le si-riame poussa un rire joyeux.
Je goûtai son rire, rafraîchissant comme des gouttes de pluie et ses mots comme
des baisers.
    « C’est le plus grand bienfait de la lumière divine, Su-kurû. La
chaleur et l’éclat qu’elle donne à l’acte du ma-rakame. Mélangeons nos deux
feux divins. »
    Elle déroula sa jupe de jaguar et s’allongea dessus, complètement nue
ou du moins aussi nue que peut l’être un Tarahumara, car elle avait bien un
petit triangle d’ombre en bas du ventre. Je distinguais la forme de ce coussin
alléchant et frisé, mais sa couleur sombre s’était transformée en odeur. Je me
penchai pour la respirer ; elle était humide, chaude et

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