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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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ces habitants des forêts, je
suppose que cela leur suffisait.
    « Ces courses incessantes, poursuivit Tes-disora, montrent aux
dieux créateurs que leurs créatures sont bien vivantes. En plus, elles rendent
les hommes plus aptes à l’exercice de la chasse et c’est aussi un entraînement
pour les jeux auxquels vous allez assister et participer, je l’espère, au cours
de la fête. Et ces jeux ne sont eux-mêmes qu’un entraînement.
    — Dites-moi, je vous prie, un entraînement pour quoi ?
soupirai-je, me sentant déjà fatigué du seul fait d’en parler.
    — Pour la vraie course, bien sûr. Le ra-rajipuri. » Mon
expression le fit rire. « Vous verrez, c’est l’apothéose de toutes les
fêtes. »
    Le tes-gûinapuri débuta le lendemain quand toute la population du
village se fut rassemblée au bord de la rivière, devant la maison du si-riame
pour attendre que celui-ci fasse son apparition et donne le signal de commencer
les festivités. Chacun avait revêtu ses habits les plus beaux et les plus
colorés ; les hommes avaient des pagnes et des manteaux en peau de daim et
les femmes des jupes et des corsages de la même matière. Certains s’étaient
peints la figure de points et de courbes d’un jaune éclatant et beaucoup
avaient des plumes dans les cheveux, bien que les oiseaux de ces régions
septentrionales n’aient pas un très beau plumage. La plupart des chasseurs
vétérans transpiraient déjà car ils portaient leurs trophées sur eux : des
peaux de pumas qui leur tombaient jusqu’aux chevilles, de lourdes fourrures
d’ours ou l’épais pelage d’un animal à grandes cornes des montagnes.
    Le si-riame sortit de sa maison, entièrement vêtu de peaux de jaguar
luisantes et tenant dans sa main un bâton terminé par une boule d’argent brut.
Je fus si stupéfait que je pris ma topaze pour m’assurer de ce que je voyais.
Sachant que le chef était aussi un sage, un juge, un sorcier et un médecin, je
m’attendais à voir une telle sommité sous les traits d’un solennel vieillard.
Mais ce n’était ni un homme, ni un vieux, ni une personne solennelle. C’était
une femme pas plus âgée que moi, jolie et encore embellie par un chaud sourire.
    « Votre si-riame est une femme ! m’exclamai-je tandis qu’elle
entonnait les prières traditionnelles.
    — Pourquoi pas ? répliqua Tes-disora.
    — Je n’ai jamais vu une chose pareille.
    — Notre ancien si-riame était un homme. Quand un si-riame meurt,
tous les adultes du village, hommes et femmes, se réunissent et tous peuvent
être élus. Nous mâchons beaucoup de jipuri pour entrer en transe. Cela nous
donne des visions ; certains se mettent à courir furieusement et d’autres
sont pris de convulsions. Cette femme a été la seule à être touchée par la
lumière divine, ou du moins, elle a été la première à se réveiller et à nous
dire qu’elle avait vu le Grand-Père Feu, la Mère Eau et le Frère Cerf et
qu’elle leur avait parlé. Elle a été éclairée par la lumière divine et c’est la
seule et unique condition pour accéder aux fonctions de si-riame. »
    La femme cessa de chanter, sourit à nouveau, éleva ses beaux bras pour
bénir la foule et rentra chez elle, tandis que tout le monde poussait une
acclamation d’affectueux respect.
    « Elle va rester enfermée ? demandai-je à Tes-disora.
    — Oui, pendant les fêtes, me répondit-il avec un petit rire. Il
arrive que des gens se conduisent mal pendant un tes-guinapuri. Ils se battent,
commettent l’adultère ou toutes sortes d’autres méfaits. Le si-riame est une
femme sage, ce qu’elle ne voit ni n’entend, elle ne le punit pas. »
    J’ignorais si ce que j’avais l’intention de faire était considéré comme
un méfait ; à savoir, poursuivre, attraper et m’unir à la plus attirante
des femmes tarahumara. Mais les événements en décidèrent autrement et, loin
d’être châtié, je fus récompensé.
    D’abord, comme tous les habitants du village, je m’empiffrai de gibier
et de bouillie de maïs et j’avalai des quantités de tesguino. Ensuite, trop
lourd pour me lever et trop ivre pour marcher, je tentai de me joindre à une
partie de balle, mais les Tarahumara m’auraient surpassé même si je m’étais
trouvé en parfaite condition. Je les laissai pour m’intéresser à un groupe de
femmes qui jouaient au cerceau et, en particulier, à une très jeune fille qui
m’avait attiré l’œil. J’ai bien dit l’œil, car

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