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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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comme une permission à tous les abus de la
religion, sans prévoir la manière dont elles pourraient être interprétées et
sans me douter le moins du monde que je les regretterais amèrement toute ma
vie.
    La cérémonie de consécration des terres dura trois jours entiers, avec
prières, invocations et fumées d’encens. Certains rites étaient uniquement
l’affaire des prêtres, mais d’autres requéraient la participation de tous. Je
ne fis aucune objection car soldats et colons se réjouissaient à l’idée de ces
journées de repos et de détente. Nochipa et Béu étaient, elles aussi,
visiblement ravies d’avoir l’occasion de revêtir des habits plus riches et plus
féminins que la tenue de voyage qu’elles avaient sur le dos depuis si
longtemps.
    La plupart des hommes de la caravane avaient femme et enfants ;
cependant, il y avait deux ou trois veufs qui profitèrent de la fête pour
faire, l’un après l’autre, la cour à Béu. Certains jeunes garçons firent
également des avances maladroites à Nochipa. Je ne pouvais les critiquer car
Béu et Nochipa étaient infiniment plus belles, plus fines et plus désirables
que les paysannes lourdes et trapues qui les accompagnaient.
    Quand elle croyait que je ne la voyais pas, Béu repoussait avec hauteur
les hommes qui venaient lui demander de danser avec eux ou qui trouvaient un
prétexte quelconque pour s’approcher d’elle. Mais parfois, quand elle savait
que j’étais dans les parages, elle aguichait outrageusement un pauvre rustre
avec des yeux et un sourire si doux que le malheureux en transpirait d’émotion.
Je voyais bien qu’elle agissait ainsi pour me montrer qu’elle était encore une
femme attirante, mais c’était inutile, car Béu était aussi belle que Zyanya
l’avait été. Pour moi, contrairement à ces paysans qui l’adulaient, j’étais
depuis longtemps accoutumé à ses manigances et à ses ruses. Je me contentais de
faire de grands sourires et d’opiner du chef, comme un frère qui donne sa
bénédiction. Alors, son regard se glaçait, sa voix se faisait cinglante et le
malheureux, si soudainement congédié, n’avait plus qu’à battre piteusement en retraite.
    Nochipa, elle, ignorait ces jeux. Elle était aussi pure que les danses
qu’elle exécutait. Quand un jeune homme s’approchait d’elle, elle le
considérait avec tant d’étonnement et de candeur qu’après avoir balbutié
quelques mots, il baissait les yeux, rougissait et s’éclipsait furtivement. Son
innocence même la rendait inviolable, une innocence qui faisait honte au galant
comme s’il s’était conduit de façon indécente. Je restais à l’écart, doublement
fier de ma fille ; fier de la voir si belle et fier de savoir qu’elle
saurait attendre l’homme qu’elle aimerait. Combien de fois depuis, ai-je
regretté que les dieux ne m’aient pas terrassé à ce même instant en punition de
ma vanité. Mais les dieux ont des châtiments bien plus cruels en réserve.
    Le soir du troisième jour, quand les prêtres épuisés eurent annoncé que
la cérémonie était terminée et qu’on pouvait se mettre au travail pour édifier
la nouvelle communauté sur des terres consacrées, je dis à Qualânqui :
    « Demain, les femmes vont commencer à couper des branches pour
faire les huttes et les hommes vont défricher les bords de la rivière.
Motecuzoma a donné l’ordre que les semailles se fassent le plus rapidement
possible et les colons n’auront besoin que d’abris rudimentaires pendant ce
temps. Plus tard, avant la saison des pluies, nous tracerons les rues et nous
ferons les habitations définitives. En attendant, les soldats vont se trouver
inactifs, aussi, comme la nouvelle de notre installation a dû déjà parvenir à
la capitale, je crois que nous devrions nous hâter d’aller rendre visite au Uey
tlatoani des Teohuacana pour lui faire connaître nos intentions. Nous
emmènerons les soldats avec nous. Ils sont assez nombreux pour empêcher qu’on
nous fasse prisonniers ou qu’on nous expulse, mais pas assez tout de même pour
faire que nous venons en agresseurs. »
    Je me tournai ensuite vers Béu pour lui dire :
    « Un jour, ta sœur m’a prêté son charme pour m’aider à circonvenir
un chef étranger, un homme très puissant. Si je me présente à la cour de
Teohuacan en compagnie d’une jolie femme, ma mission paraîtra plus amicale
qu’audacieuse. Puis-je te demander, Béu, de…
    — De t’accompagner, Zaa,

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