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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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assurer qu’ils sont prêts à se mettre en route,
Qualânqui. J’ai bien peur qu’ils n’aient pas pris toutes les dispositions
nécessaires, ils n’ont pas l’habitude de voyager. Vous autres, allez acheter
tout l’équipement et les provisions dont nous aurons besoin, vous quatre, ma
fille, ma sœur et moi. »
    La façon dont les émigrants se comporteraient pendant le voyage me
préoccupait davantage que l’accueil que leur réserverait la population du
Teohuacan. Ces gens étaient des paysans, comme ceux que je devais escorter. Je
comptais même qu’ils seraient heureux de l’arrivée de ces nouveaux colons avec
qui ils pourraient se mélanger et se marier.
    Teohuacan est l’appellation nahuatl. En réalité, les Teohuacana sont un
rameau des Mixteca, ou Tya Nya, comme ils se nomment eux-mêmes. Les Mexica
n’ont jamais cherché à les soumettre au tribut, car excepté les produits
agricoles, ce pays n’a guère de trésors à offrir. Leur principale richesse leur
vient de sources d’eau chaude, difficilement confiscables et de toute manière
les Tya Nya n’avaient jamais fait de difficulté pour nous céder des fioles d’eau
minérale au goût et à l’odeur atroces, mais très réputée comme fortifiant. Les
médecins prescrivaient souvent à leurs malades d’aller dans ce pays pour se
baigner dans ces eaux chaudes et puantes et les indigènes avaient construit
plusieurs auberges relativement luxueuses à proximité des sources. En somme, je
n’avais pas grand-chose à redouter d’une population de cultivateurs et
d’aubergistes.
    Le lendemain, je vis revenir Qualânqui qui me dit :
    « Vous aviez raison, Chevalier Mixtli. Ces rustres avaient pris
leurs meules à grain et les effigies de leurs dieux préférés, au lieu
d’emporter des semences et de la farine de pinolli pour le voyage. Ils ont fort
rouspété, mais je les ai obligés à abandonner tout ça.
    — Et ces gens, pensez-vous qu’ils vont pouvoir former une
communauté capable de se suffire à elle-même ?
    — Je crois. Ce sont tous des paysans, mais il y en a parmi eux qui
sont aussi maçons, plâtriers ou charpentiers. Toutefois, ils se plaignent d’une
chose : ils n’ont pas de prêtres parmi eux.
    — Je n’ai jamais vu une communauté s’installer quelque part sans
qu’aussitôt une multitude de prêtres surgisse d’on ne sait où, exigeant d’être
bien nourrie, crainte et respectée. »
    Cependant, je prévins le palais et on nous attribua six ou sept
tlamacazque novices, si jeunes que leur robe noire n’avait pas eu le temps de
s’imprégner de sang et de crasse.
    Je franchis la chaussée de Tenochtitlán avec Béu et Nochipa la veille
du jour fixé pour le grand départ et nous passâmes la nuit à Ixtapalapan. Je me
présentai, donnai l’ordre d’être prêt à partir aux premières lueurs de l’aube
et vérifiai que les chargements étaient équitablement répartis entre tous. Mes
quatre sous-officiers rassemblèrent les soldats Tecpanecá et je les passai en
revue avec ma topaze, ce qui suscita des sarcasmes étouffés dans les rangs. A
partir de ce jour, les soldats m’appelèrent entre eux Mixteloxixtli, astucieuse
combinaison de mots qui pourrait se traduire grossièrement par Mixtli à l’œil
d’urine.
    Les civils durent certainement me donner des surnoms encore moins
flatteurs, car leurs griefs étaient nombreux, le principal étant qu’ils
n’avaient jamais voulu émigrer. Motecuzoma avait omis de me dire que ce
n’étaient pas des volontaires mais un « surplus de population »
ramassé par ses troupes. Ces gens avaient, à juste titre, l’impression d’avoir
été injustement bannis. Les soldats étaient tout aussi mécontents ; ils
n’appréciaient pas ce rôle de gardiens qu’on leur faisait jouer et rechignaient
à partir si loin de Tlacopan, non pas vers quelque champ de bataille glorieux,
mais vers une monotone garnison. Pour toutes ces raisons, j’appréhendais fort
que le commandant Mixtli Œil d’urine ne soit en butte à des mutineries et à des
désertions.
    Moi aussi, j’ai souvent eu envie de déserter. Les soldats, au moins,
savaient marcher, mais les civils traînaient, s’égaraient ; ils avaient
mal aux pieds, ils boitaient, ils grognaient, ils pleurnichaient. Il y en avait
toujours un qui avait envie de se reposer. Les femmes demandaient sans cesse à
s’arrêter pour donner le sein à leurs enfants. Les prêtres devaient faire halte
à heure fixe

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