Azteca
refuser. » Il tirait sur
mon manteau et ajouta d’une voix implorante : « Elle était vierge et
suffisamment développée pour tenir son rôle de femme. Vous me l’avez dit
vous-même, Seigneur Chevalier : faites tout ce que demandent les dieux. La
Mort Fleurie de votre fille a consacré la nouvelle colonie et assuré la
fertilité de la terre. Vous n’auriez pas pu refuser cette bénédiction.
Croyez-moi, Chevalier commandant, nous avons seulement voulu rendre hommage… à
Xipe Totec… à votre fille et… à vous-même ! »
Je lui donnai un coup si violent qu’il vacilla et je dis à
Qualânqui :
« Vous savez quel genre d’hommages on rend dans ces
circonstances ?
— Oui, mon ami.
— Alors vous savez ce qu’on a fait à cette pauvre innocente.
Faites la même chose à ces ordures. Tout ce que vous voudrez. Vous avez assez
de soldats ; ils pourront tout se permettre et qu’ils prennent leur
temps ! Ensuite, je veux qu’il ne reste pas un seul survivant à
Yanquitlan. »
Ce fut le dernier ordre que je donnai dans ce maudit lieu. Qualânqui se
chargea de tout. La foule se mit à hurler comme si elle était déjà à l’agonie,
mais les soldats furent prompts à exécuter les instructions. Pendant que
quelques-uns d’entre eux rassemblaient les hommes adultes et les tenaient sous
bonne garde, les autres posaient leurs armes et retiraient leurs vêtements pour
se mettre à l’œuvre. Quand l’un d’entre eux était fatigué, il changeait de
place avec un camarade de la garde.
Toute la nuit, j’assistai à ce spectacle, éclairé par les grands feux
qui brûlèrent jusqu’au matin. Je ne voyais pas réellement ce qui se déroulait
sous mes yeux ; je ne prenais aucun plaisir à ma vengeance. J’entendais et
je voyais seulement Nochipa danser gracieusement à la lueur du feu, chantant
mélodieusement, accompagnée de la flûte.
Voici exactement comment les choses se passèrent : Les plus jeunes
enfants et les bébés en maillot furent mis en morceaux par les soldats,
lentement, comme on pèle et on coupe un fruit avant de le manger, sous les yeux
de leurs parents. Les autres, garçons et filles, jugés assez grands pour servir
sexuellement, furent violés par les Tecpanecá, tandis qu’on obligeait leurs
sœurs et leurs frères aînés ainsi que leur père et leur mère à regarder. Quand
ces enfants furent dans un tel état qu’on ne pouvait plus les utiliser, les
soldats les laissèrent mourir. Ils s’emparèrent ensuite des adolescents, filles
et garçons et des jeunes gens et des jeunes femmes. J’ai déjà dit que les
prêtres étaient jeunes et ils furent tous pris dans le lot. Le prêtre qui était
cloué au sol assistait à tout cela en gémissant, en jetant des yeux terrorisés
sur ses propres parties si vulnérablement exposées. Mais, même dans leur fureur
lubrique, les Tecpanecá avaient senti qu’ils ne devaient pas toucher à
celui-là.
De temps à autre, les hommes parqués dans un coin essayaient de se
libérer quand ils voyaient violer leur femme, leur sœur ou leur fille. Mais le
cordon de gardes les tenait prisonniers et ne les laissait même pas se
détourner du spectacle. Quand ils en eurent terminé avec les jeunes, les
soldats, quoique leurs appétits et leurs capacités se fussent considérablement
émoussés, réussirent à violer les femmes d’âge mûr et même les deux ou trois
grand-mères qui étaient du voyage.
Le soleil était déjà haut quand ils achevèrent leur tâche. Qualânqui
leur donna l’ordre de relâcher les hommes. Alors, les pères, les frères et les
oncles des victimes allèrent se jeter sur les corps désarticulés, souillés de
sang et d’omicetl. Avec leurs couteaux d’obsidienne, les Tecpanecá les
mutilèrent et les tuèrent.
Pendant ce temps, le prêtre écartelé était resté bien tranquille,
espérant peut-être qu’on l’avait oublié. Mais à mesure que le soleil montait,
il comprit que sa mort serait encore plus atroce que les autres car, saturée
d’eau de chaux, la peau commençait lentement mais inexorablement à se rétracter
en séchant. Les seins de Nochipa s’aplatissaient tandis que la peau resserrait
son étreinte sur la poitrine du prêtre. Il suffoquait.
Le cou, les poignets et les chevilles de Nochipa le serraient comme un
garrot. La figure, les mains et les pieds du prêtre prirent une vilaine couleur
pourpre. De ses lèvres béantes, s’échappait un « euh… euh… euh… »
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