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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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beaucoup plus tard. Ils
n’avaient donc ni livres d’histoire, ni archives et c’était un vieillard qui en
était le dépositaire, maillon d’une longue lignée d’hommes qui s’étaient
transmis ce patrimoine de génération en génération.
    « Les dieux savent que ce trou n’est pas un endroit bien
attrayant. Pourtant nous avons tout ce qu’il nous faut sur place. La marée nous
procure de quoi manger sans même que nous ayons à chercher. Les cocotiers nous
donnent le sucre, l’huile de nos lampes et une boisson fermentée. Nous tirons
d’un palmier les fibres dont nous tissons nos vêtements ; d’un autre, la
farine et d’un autre encore des fruits, les coyacapûli. Nous n’avons pas besoin
de faire des échanges avec les autres tribus et les marais qui nous entourent
nous mettent à l’abri de leurs attaques. »
    Il continua ainsi à m’énumérer, sans grand enthousiasme, les avantages
naturels d’Aztlán, mais j’avais cessé de l’écouter et je pensais combien
j’étais loin de ce « cousin » qui portait le même nom que moi.
Peut-être même avions-nous un ancêtre commun, mais nous avions évolué d’une
façon totalement différente à cause de l’énorme disparité de notre éducation et
de notre environnement. Ce cousin aurait très bien pu vivre dans l’antique
Aztlán que ses aïeux avaient refusé de quitter. Ignorants de l’écriture, ils
ignoraient également tout ce qui en découle : l’arithmétique, la
géographie, l’architecture, le commerce, les conquêtes. Ils en savaient encore
moins que les Chichimeca, ces barbares cousins qu’ils méprisaient tant et qui
eux, du moins, avaient osé s’aventurer en dehors de l’horizon borné d’Aztlán.
    Parce que mes ancêtres avaient abandonné ce cul-de-basse-fosse, j’avais
hérité des connaissances et de l’expérience accumulées par les Azteca-Mexica,
sans parler des arts et des sciences des civilisations antérieures. Du point de
vue culturel et intellectuel, j’étais aussi supérieur à mon cousin Mixtli que
les dieux l’étaient par rapport à moi. Cependant, je m’abstins de faire étalage
de ma supériorité, car il n’était pas responsable de la condition dans laquelle
l’avait plongé l’apathie de ses pères. Je me sentais prêt à faire tout mon
possible pour le persuader d’abandonner Aztlán pour un monde de lumière.
    Canautli, le vieux conteur, assistait à notre repas et nous regardait
déguster les cuisses de grenouilles d’un œil envieux.
    Tout affamé que j’étais, je trouvai le moyen de leur raconter
brièvement, entre deux bouchées, ce qu’étaient devenus les Azteca après avoir
quitté Aztlán. De temps à autre, ils hochaient la tête, en signe de muette
admiration ou peut-être d’incrédulité, tandis que je dressais ce glorieux
tableau. J’esquissai une rapide biographie de l’actuel Uey tlatoani Motecuzoma
et une description lyrique de Tenochtitlán. Le vieux grand-père ferma les yeux
en soupirant, comme s’il voulait imaginer toutes ces merveilles dans sa tête.
    « Jamais les Mexica ne seraient montés si haut et si vite sans
l’écriture, poursuivis-je. Vous aussi, tecuhtli Mixtli, vous pourriez faire
d’Aztlán une grande cité et égaler vos cousins mexica si vous appreniez l’art
de consigner les paroles.
    — On est très bien comme on est », répliqua-t-il. Pourtant,
son intérêt s’éveilla quand je lui montrai comment son nom s’écrivait, en
grattant le sol de terre battue avec un os de grenouille.
    Il se faisait tard et mon cousin m’offrit une paillasse pour dormir.
J’achevai mon allocution en leur expliquant comment j’étais arrivé à Aztlán en
remettant mes pas dans ceux de mes ancêtres pour tenter de prouver la véracité
de la légende.
    « Vous pourrez peut-être me répondre, vénérable conteur, dis-je en
me tournant vers le vieux Canautli. Ont-ils emporté des provisions en vue d’un
éventuel repli quand ils sont partis d’ici ? »
    Je ne reçus pas de réponse ; le vénérable conteur s’était endormi.
    « Vos aïeux sont partis avec presque rien », me dit-il le
lendemain matin.
    Je venais de déjeuner avec toute la famille de poissons minuscules et
de champignons grillés. Mon homonyme était parti pour s’occuper des affaires de
la cité et m’avait laissé en compagnie du grand-père. Contrairement à la
veille, c’est lui qui fit, ce jour-là, tous les frais de la conversation.
    « Si nos conteurs ont

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