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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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rétorquai-je. Sa hargne avait fait retomber toute
l’excitation que j’aurais dû ressentir en présence d’un descendant direct des
Azteca.
    « La courtoisie n’est pas de mise envers un étranger assez fou
pour venir ici, grommela-t-il, sans même me regarder et en embrochant une autre
grenouille. Il faut avoir le cerveau dérangé pour s’aventurer dans ce cloaque.
    — Voilà deux ans que je marche à la recherche d’un endroit qui
s’appelle Aztlán, fis-je aigrement. Peut-être pourriez-vous me dire…
    — Vous l’avez trouvé, coupa-t-il d’une voix morne.
    — C’est ici ? m’exclamai-je.
    — C’est là-bas, bougonna-t-il, en faisant un signe par-dessus son
épaule, toujours sans lever les yeux de sa mare boueuse. Suivez le sentier
jusqu’à la lagune et appelez un bateau pour qu’il vous fasse traverser. »
Je me retournai et je vis qu’il y avait bien un sentier dans le fouillis de la
végétation. Je m’y engageai, n’osant croire…
    Mais, soudain, je réalisai que je n’avais même pas remercié le jeune
homme et je revins près de lui.
    « Merci », lui dis-je et en même temps, je le fis basculer
dans l’eau stagnante. Quand il refit surface, la tête coiffée d’algues
gluantes, je lançai le panier de grenouilles sur lui et je le laissai à ses
imprécations, tandis que je prenais la direction de l’Endroit des Blanches
Aigrettes, le légendaire Aztlán.
    Que croyais-je découvrir ? Peut-être un petit Tenochtitlán ?
Une cité de pyramides, de temples et de tours ? Je ne sais trop. En tout
cas, ce que j’y trouvai était bien misérable.
    Je suivis le sentier qui serpentait au sec dans le marais. Peu à peu,
les arbres s’espacèrent et le terrain devint de plus en plus boueux et
glissant. Les palétuviers aux racines pendantes cédèrent la place à des roseaux
qui émergeaient de l’eau. Là, le chemin s’arrêta au bord d’un lac empourpré par
le soleil couchant. C’était une grande nappe d’eau saumâtre et peu profonde à
en juger par les roseaux et les joncs qui y poussaient et les aigrettes
blanches posées un peu partout. Devant moi, j’aperçus une île, environ à deux
portées de flèche de la rive. Je pris mon cristal pour la regarder.
    Aztlán était donc une île sur un lac, tout comme Tenochtitlán. Mais là,
s’arrêtait toute similitude. C’était un petit mamelon de terre ferme, à peine
rehaussé par la ville qui était construite dessus, car il n’y avait pas un seul
bâtiment de plus d’un étage. Pas une seule pyramide, pas un seul temple assez
haut pour se distinguer du reste. L’île, ensanglantée par le crépuscule, était
environnée par la fumée bleue des feux du soir. De tous les endroits du lac,
des pirogues se préparaient à regagner l’île. Je hélai la plus proche de moi.
Le pêcheur fit glisser son canoë entre les roseaux et m’observa d’un air
soupçonneux. Puis, après avoir marmonné un juron, il me dit :
    « Vous n’êtes pas le… vous êtes étranger. »
    Et toi, pensai-je, tu es un autre de ces malappris. Je montai sur le
bateau avant qu’il ait eu le temps de s’en aller.
    « Si vous êtes venu chercher le chasseur de grenouilles, je peux
vous dire qu’il est occupé. Emmenez-moi sur l’île, s’il vous plaît. »
    A part un autre juron, il n’émit aucune protestation, ne montra aucune
curiosité et ne prononça pas un seul mot, tandis qu’il manœuvrait sa barque. Il
me déposa à l’extrémité de l’île, puis il repartit vers ce que je découvris par
la suite être des canaux – autre ressemblance avec Tenochtitlán. Je partis dans
la ville. Outre une voie assez large qui faisait le tour de l’île, il n’y avait
en tout que quatre rues ; deux dans le sens de la longueur et deux dans le
sens de la largeur, grossièrement pavées de coquilles d’huîtres et de
palourdes. Les maisons et les cabanes qui se pressaient le long des rues et des
canaux étaient blanchies avec un enduit fabriqué avec de la poudre de
coquillage.
    L’île était ovale et très étendue. Elle était aussi grande que Tenochtitlán,
sans le quartier de Tlatelolco. Je pense qu’il y avait aussi autant de maisons,
mais comme elles n’avaient qu’un seul étage, le nombre de ses habitants était
sans comparaison avec la population grouillante de Tenochtitlán. Du centre de
l’île, je pouvais voir tout le lac et je m’aperçus que celui-ci était encerclé
de toutes parts par le même marécage

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