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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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Premier de tous les Princes, de la ville de Mexico,
capitale de la Nouvelle-Espagne, en cette veille de la fête du Corpus Christi
de l’année mille cinq cent trente et un de Notre Seigneur, nous vous adressons
nos salutations.
     
    Ce sont la douleur, la colère et la contrition qui nous dictent ces
lignes. Dans notre dernière lettre, nous exprimions notre exaltation à propos
des sages observations de notre Souverain concernant une possible, que dis-je
une irréfutable, similitude entre la divinité indienne Quetzalcoatl et notre
saint Thomas. Nous sommes maintenant dans l’obligation d’annoncer avec une
grande tristesse et un grand embarras de très mauvaises nouvelles.
    Nous nous empressons de signaler qu’aucun doute n’a été jeté sur la
brillante théorie, per se , de Votre Bienveillante Majesté, mais nous
devons vous faire savoir que votre dévoué chapelain a montré trop de hâte en
voulant apporter des preuves à cette hypothèse.
    Les hosties enfermées dans le coffret découvert dans l’antique cité de
Tula nous avaient paru un témoignage certain de la véracité de cette
supposition. Et voilà que nous venons d’apprendre – comme Votre Majesté le lira
dans les pages ci-jointes – en écoutant le récit de notre Aztèque que nous
avons été trompés par un acte de superstition des Indiens accompli il n’y a pas
très longtemps. Ils y auraient été encouragés par un prêtre espagnol apostat qui
s’était auparavant rendu coupable d’un vol inqualifiable et sacrilège. Par
conséquent, nous avons dû, à notre grand regret, écrire à la Congregatio de
Propaganda Fidei pour confesser notre crédulité et pour lui demander qu’elle ne
tienne pas compte de cette fausse preuve. Etant donné que les autres relations
apparentes entre saint Thomas et le mythique Serpent à plumes sont purement
accidentelles, il faut s’attendre à ce que la Congregatio rejette la théorie de
Votre Majesté, du moins avant d’avoir des preuves plus tangibles.
    Nous souffrons d’avoir à faire une réponse aussi décourageante, mais
nous soutenons que la faute n’en incombe pas à notre trop grand empressement à
vouloir prouver la perspicacité de Votre Majesté, elle est uniquement le
fait de ce vieux singe d’Aztèque !
    Il savait très bien que nous étions en possession de ce coffret et il
était parfaitement conscient de l’excitation qu’il avait suscitée chez nous et
chez tous les Chrétiens de ce pays. Ce misérable aurait pu nous dire comment
cet objet s’est trouvé là où on l’a découvert. Il aurait pu empêcher toute
cette joie prématurée et les nombreux offices célébrés en son honneur, ainsi
que le respect dans lequel nous tenions cette relique apparemment divine. Et
par-dessus tout, il aurait pu nous épargner de nous ridiculiser en faisant
connaître l’affaire jusqu’à Rome.
    Mais non, ce gredin a été témoin de notre félicité en dissimulant une
méchante gaieté et il n’a pas dit un mot pour ouvrir nos yeux abusés. Ce n’est
que lorsqu’il était trop tard que, dans le cours de son récit et avec un air
détaché, il a dévoilé la véritable origine de ces hosties et la façon dont
elles avaient été cachées à Tula. Nous nous sentons personnellement humiliés,
sachant que nos supérieurs de Rome vont se gausser de cette mystification. Mais
nous sommes encore plus contrits parce que dans notre empressement à informer
la Congregatio, nous avons paru attribuer la même crédulité à Notre Très
Respecté Empereur, bien que nous ayons fait tout cela dans le seul but de
laisser à Votre Majesté tout le crédit d’une découverte qui aurait réjoui les
Chrétiens du monde entier.
    Nous savons que vous voudrez bien rejeter tout le blâme de notre
confusion sur le vrai coupable, cet Indien fourbe et perfide dont le silence
est parfois aussi offensant que les paroles. (Dans ces dernières pages, Sire,
vous verrez qu’il utilise la noble langue castillane comme prétexte pour
prononcer des mots qui jamais encore n’étaient tombés dans l’oreille d’un
évêque.) Notre Souverain reconnaîtra peut-être enfin que quand cette créature
se moque effrontément du vicaire de Votre Majesté, elle se moque du même coup
de Votre Majesté elle-même et de façon tout à fait consciente. Peut-être, Sire,
trouverez-vous qu’il est grand temps de renvoyer ce vieux barbare dépravé dont
nous souffrons la présence importune et les grossières révélations depuis

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