Azteca
maladroits, mais nous étions, tous deux, bien
inexpérimentés. Jamais, l’un de nous n’aurait pensé à pratiquer ces transports
avec quelqu’un d’autre, aussi, nous n’avions pas grand-chose à nous apprendre
l’un à l’autre. Il nous fallut longtemps pour découvrir que je pouvais me
mettre dessus, et par la suite, nous inventâmes des positions diverses et
variées.
Ma sœur se détacha de moi et s’étira voluptueusement. Nos deux ventres
étaient mouillés par la petite traînée de sang produite par la rupture de son
chitoli et par un autre liquide, mon propre omicelt, blanc comme de l’octli,
mais plus épais. Tzitzi plongea un tampon d’herbe sèche dans la petite jarre
d’eau qu’elle avait apportée avec mon déjeuner et nous nettoya tous les deux,
pour qu’il n’y ait pas de traces révélatrices sur nos vêtements. Ensuite, elle
enroula son sous-vêtement autour d’elle, arrangea ses habits froissés, m’embrassa
sur les lèvres et me dit « Merci » – ce que j’aurais dû penser à dire
avant elle – enveloppa la jarre dans le linge et descendit en courant la pente
herbeuse en sautillant gaiement.
Et voilà, messieurs les scribes. Voilà comment prirent fin les chemins
et les jours de mon enfance.
I H S
A.I.M.C.
A Son Auguste et Impériale Majesté Catholique l’Empereur Charles Quint,
Notre Roi :
A la Très Eminente Majesté de la ville de Mexico, capitale de la
Nouvelle-Espagne, le jour de la Fête des Morts de l’année mil cinq cent
vingt-neuf de Notre Seigneur.
En envoyant, à la demande de Votre Majesté, un nouveau chapitre de
l’Histoire des Aztèques, votre serviteur nécessairement obéissant, mais
toujours réticent, vous demande la permission de citer Varius Germinus alors
qu’il soumettait à son empereur une vexata quaestio : « Quiconque ose
parler devant toi, ô César, ne connaît pas ta grandeur ; quiconque n’ose
pas parler en ta présence ignore ta bonté. »
Bien que nous risquions de vous offenser et de recevoir un refus, nous
vous supplions, Sire, de nous accorder la permission d’abandonner cette
pernicieuse entreprise.
Attendu que Votre Majesté vient de lire, dans la partie précédente du
manuscrit remis entre vos royales mains, la confession brutale et presque
allègre de l’Indien d’avoir commis l’abominable péché d’inceste – acte proscrit
par tout l’univers connu, tant civilisé que sauvage, acte exécré par des
peuples aussi dégénérés que les Basques, les Grecs et les Anglais, acte
interdit par la maigre lex non scripta des frères barbares de l’Indien
lui-même ; par conséquent, un acte que nous ne pouvons pas lui pardonner
sous prétexte qu’il a été commis avant que le pécheur n’ait eu connaissance de
la morale chrétienne – pour toutes ces raisons, nous espérions avec confiance
que Votre Majesté serait suffisamment horrifiée pour ordonner de mettre un
terme immédiat aux péroraisons de l’Indien, sinon à lui-même, en personne.
Cependant, le fidèle clerc de Votre Majesté n’a jamais désobéi à un
ordre de son suzerain. Ci-joint les pages écrites depuis le dernier envoi. Nous
forcerons les scribes et l’interprète à poursuivre l’odieuse tâche de couvrir
de nouveaux feuillets, jusqu’à ce que Notre Très Estimé Empereur juge bon de
leur faire grâce. Nous vous prions et vous supplions, Sire, après avoir terminé
la lecture des nouveaux paragraphes de l’histoire de la vie de l’Aztèque, qui
contient des passages à écœurer Sodome, de bien vouloir reconsidérer l’ordre de
continuer cette chronique.
Que la pure lumière de Notre Seigneur Jésus-Christ guide toujours Votre
Majesté, c’est là le vœu ardent de Votre A.I.M.C., le dévoué légat
missionnaire,
( ecce signum ) Zumarraga
TERTIA PARS
A l’époque dont je viens de parler et où on me donna le surnom de
Taupe, j’allais encore à l’école. Quand le soleil se couchait et que le travail
de la journée était terminé, tous les garçons de plus de sept ans, habitant les
villages de Xaltocán, allaient à la Maison de l’Edification de la Force, ou
bien, filles et garçons mêlés fréquentaient la Maison de l’Apprentissage des
Manières.
Dans la première école, les garçons s’entraînaient à de durs exercices
physiques et apprenaient le jeu de balle du tlachtli et les rudiments du
maniement des armes. Dans l’autre école, on donnait aux filles et aux garçons
des notions
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