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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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ans. Je n'ai qu'un mot à vous dire et à prêter serment
devant vous, pour vous mettre à même de le faire mettre en prison
en attendant l'instruction. Je ne vous demande, pour le moment, que
de le mettre en lieu sûr. Le moindre retard peut le faire tomber
entre les mains des émeutiers.
    – Ah ! mon Dieu ! mon
Dieu ! cria le lord-maire, qu’est-ce que je vais
devenir ? Dieu du ciel… il y a de grands personnages au fond
de tous ces troubles, vous savez… vraiment, je ne peux pas.
    – Milord, dit M. Haredale, la
victime était mon propre frère. Je lui ai succédé dans ses
biens : il n'a pas manqué de langues traîtresses dans le temps
pour faire circuler tout bas le bruit que j'étais pour quelque
chose dans cet horrible assassinat ; oui, moi, moi qui
l'aimais, Dieu le sait, si tendrement ! Enfin, voici le moment
venu, après tant d'années d'angoisse et de misères, de le venger,
et de mettre au jour un crime si artificieux et si diabolique qu'il
n'a pas son pareil. Chaque minute de retard de votre part peut
délier les mains sanglantes de ce misérable, et le faire échapper à
la justice. Milord, je vous somme de m'entendre, et d'expédier
cette affaire sur-le-champ.
    – Mon Dieu ! mon Dieu ! cria le
chef de la magistrature, mais vous savez bien que ce n'est pas
l'heure de mes séances… je ne vous comprends pas d'agir avec cette
insistance indiscrète… vous ne devez pas… réellement vous ne devez
pas… et encore je parierais que, vous aussi, vous êtes
catholique ?
    – C'est vrai, dit M. Haredale.
    – Dieu du ciel ! je crois que tout
le monde se fait catholique exprès pour m'ennuyer et me tourmenter.
Vous aviez bien besoin de venir ici : ils vont venir, à leur
tour, mettre le feu, c'est sûr, à Mansion-House, et c'est à vous
que nous en aurons l'obligation. Faites enfermer votre prisonnier,
monsieur, donnez-lui un gardien… et… et… repassez à l'heure des
séances… alors nous verrons. »
    Avant que M. Haredale eût seulement le
temps de répliquer, le bruit d'une porte qui se ferma et des
verrous qu'on tira en dedans lui annonça que le lord-maire venait
de faire retraite dans sa chambre à coucher, et que toute
réclamation serait désormais inutile. Les deux clients déconfits se
retirèrent ensemble, et le concierge ferma la porte derrière
eux.
    « Et voilà comme il me congédie !
reprit le vieux gentleman, sans que je puisse obtenir de lui aide
ni justice Qu'est-ce que vous allez faire, monsieur ?
    – Je vais essayer d'autre chose, répondît
M. Haredale, qui était déjà remonté sur son cheval.
    – Je vous assure que je vous plains, et
d'autant plus que nous sommes tous les deux dans le même cas. Je ne
suis pas sûr d'avoir ce soir une maison à vous offrir :
laissez-moi vous l'offrir, au moins, pendant qu'elle est encore
debout. Pourtant, en y réfléchissant, ajouta le vieux gentleman en
remettant dans sa poche son portefeuille qu'il avait déjà tiré, je
ne veux pas vous donner ma carte : car, si on la trouvait sur
vous, cela pourrait vous mettre encore dans l'embarras. Je
m'appelle Langdale ; je suis marchand de vin
distillateur ; je demeure à Holborn-Hill. Si vous venez me
voir, vous serez là bienvenu. »
    M. Haredale s'inclina et piqua des deux,
tout près de la chaise, comme auparavant, pour se rendre chez sir
John Fielding, qui passait pour un magistrat actif et résolu ;
il était d'ailleurs déterminé, si les émeutiers venaient à
l'attaquer, à exécuter lui-même l'assassin de ses propres mains,
plutôt que de le laisser échapper.
    Ils arrivèrent cependant à la demeure du
magistrat, sans encombre : car l'émeute, comme nous l'avons
vu, était occupée à concerter des plans plus profonds, et il frappa
à la porte. Comme le bruit s'était généralement répandu que sir
John avait été mis au ban par les émeutiers, sa maison avait été
gardée toute la nuit par des agents de la police. L'un d'eux, sur
la déclaration de M. Haredale, jugeant l'affaire assez
importante pour l'introduire devant le magistrat, lui procura
sur-le-champ une audience.
    On ne perdit pas de temps pour délivrer un
mandat d'arrêt, afin de mettre l'assassin à Newgate, bâtiment neuf
qui venait d'être récemment achevé à grands frais, et que l'on
considérait comme une prison d'une force respectable. Quand on eut
le mandat, trois agents de police garrottèrent l'accusé de
nouveau : car, dans les efforts qu'il avait faits en

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