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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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l'aspect de la chambre remplie d'un
voluptueux confort auquel il n'était pas accoutumé ; le
silence qui lui donna le loisir d'observer ces choses, et de sentir
comme elles le mettaient mal à son aise : toutes ces
influences qui n'opèrent que trop souvent sur des esprits cultivés,
mais qui deviennent d'une puissance presque irrésistible quand
elles pèsent sur un esprit grossier comme le sien, domptèrent Hugh
en un moment. Il s'avança peu à peu plus près de la chaise de
M. Chester, et, regardant par-dessus l'épaule la figure du
gentleman son interlocuteur, reflétée par le miroir, comme s'il
cherchait dans son expression quelque encouragement, il dit enfin
avec un rude effort de conciliation :
    « Voulez-vous me parler, maître, ou
faut-il que je m'en aille ?
    – Parlez, vous, dit
M. Chester ; c'est à vous à parler, mon bon garçon. J'ai
parlé, moi, n'est-ce pas ? J'attends maintenant que vous
parliez à votre tour.
    – Mais voyons, monsieur, répliqua Hugh
avec un embarras qui ne faisait que croître, ne suis-je pas l'homme
auquel vous avez laissé en particulier votre cravache avant de
quitter à cheval le Maypole, en lui disant de vous la rapporter
lorsqu'il désirerait vous parler sur un certain sujet ?
    – Certainement si, vous êtes bien cet
homme, ou il faut que vous ayez un frère jumeau, dit
M. Chester en regardant l'inquiète figure de Hugh reflétée
aussi par le miroir ; ce qui n'est pas probable, n'est-ce
pas ?
    – Je suis donc venu, monsieur, dit Hugh,
vous rapporter cela, en y joignant autre chose ; c'est une
lettre, monsieur, que j'ai prise à la personne qui en était
chargée. »
    En même temps il posa sur la toilette l'épître
même d'Emma, cette missive dont la perte avait causé tant de
chagrin à Dolly.
    « Avez-vous enlevé ceci de vive force,
mon bon garçon ? dit M. Chester en y jetant les yeux,
sans le moindre signe visible d'étonnement ou de plaisir.
    – Pas tout à fait, dit Hugh, pas tout à
fait.
    – Qui était le messager auquel vous
l'avez pris ?
    – Une femme, la fille d'un nommé
Varden.
    – Oh ! vraiment, dit gaiement
M. Chester. Ne lui avez-vous pas encore pris autre
chose ?
    – Quelle autre chose ?
    – Oui, dit le gentleman d'un ton
traînant, car il était occupé à fixer un tout petit morceau de
taffetas d'Angleterre sur un tout petit bouton à l'un des coins de
la bouche, autre chose.
    – Eh bien !… un baiser.
    – Et rien de plus ?
    – Rien.
    – Je présume, dit M. Chester avec la
même aisance, et en souriant deux ou trois fois pour voir si le
petit morceau de taffetas adhérait bien au petit bouton, je présume
qu'il y avait quelque autre chose. J'ai entendu parler d'un bijou…
une simple bagatelle… Une chose de si minime valeur, en vérité, que
vous pouvez ne plus vous en souvenir. Vous rappelez-vous quelque
chose de ce genre… un bracelet, par exemple ? »
    Hugh, en marmottant un jurement, plongea la
main dans sa poitrine, et tirant de là le bracelet, enveloppé d'une
poignée de foin, il allait mettre le tout sur la toilette, quand
son patron, arrêtant sa main, l'invita à remettre le bijou à
l'endroit où il était.
    « Vous avez pris cela pour vous, mon
excellent ami, dit-il ; gardez-le donc. Je ne suis ni un
voleur, ni un receleur. Ne me le montrez pas. Vous ferez mieux de
le cacher, et promptement. Ne me montrez pas non plus l'endroit où
vous le mettez, ajouta-t-il en détournant la tête.
    – Vous n'êtes pas un receleur ! dit
Hugh d'un ton brusque, malgré le respect croissant que lui
inspirait le gentleman. Comment appelez-vous cela, maître ? et
il frappa la lettre de sa main pesante.
    – J'appelle cela d'une manière toute
différente, dit froidement M. Chester. Je vais vous le prouver
à l'instant, vous verrez. Vous avez soif, je
suppose ? »
    Hugh, passant sa manche en travers de ses
lèvres, répondit oui d'un air rechigné.
    « Allez à ce cabinet ; apportez-moi
une bouteille que vous y trouverez et un verre. »
    Il obéit. Son patron le suivit des yeux, et,
quand il eut tourné le dos, M. Chester sourit alors, ce qu'il
n'avait eu garde de faire tant que Hugh était debout à côté de la
glace. À son retour, il remplit le verre, et lui dit de boire.
Cette goutte expédiée, il lui en versa une autre, puis une
autre.
    « Combien en pouvez-vous boire ?
dit-il en remplissant le verre derechef.
    – Autant qu'il vous plaira de m'en
donner. Versez toujours.

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