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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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malheureuse.
    – C'est triste, bien triste ! dit
son patron, avec un sourire plein de condescendance. Je ne doute
pas qu'elle ne fût extrêmement belle.
    – Voyez-vous mon chien ? dit Hugh
d'un ton brusque.
    – Fidèle, je parie, répliqua son patron,
lorgnant le chien, et plein d'intelligence ? Les animaux
vertueux et bien doués, hommes et bêtes, sont toujours très
hideux.
    – Ce chien que vous voyez, et un de la
même portée, furent la seule chose vivante, excepté moi, qui poussa
des cris plaintifs ce jour-là, dit Hugh. De deux mille hommes, et
davantage (la foule était plus nombreuse, parce que c'était une
femme), le chien et moi nous fûmes les seuls à ressentir quelque
pitié. Si ç'avait été un homme, il aurait été bien aise d'être
débarrassé d'elle, car elle avait été contrainte par la misère de
le laisser maigrir et presque mourir de faim ; mais comme ce
n'était qu'un chien, et qu'il n'avait pas naturellement les
sentiments d'un homme, il en eut du chagrin.
    – C'était pure stupidité de bête brute,
certainement, dit M. Chester, et bien digne d'une bête brute
comme lui. »
    Hugh ne répliqua pas ; mais sifflant son
chien, qui bondit au sifflement et vint sauter et gambader autour
de lui, il souhaita le bonsoir à son ami, le gentleman
sympathique.
    « Bonsoir, répondit M. Chester.
N'oubliez pas que vous êtes en sûreté avec moi, tout à fait en
sûreté. Aussi longtemps que vous le mériterez, mon bon garçon, et
vous le mériterez toujours, j'espère, vous aurez en moi un ami sur
le silence duquel vous pouvez compter. Maintenant faites attention
à vous, et songez à quoi vous vous exposez. Bonsoir ! Dieu
vous assiste ! »
    Hugh, intimidé par le sens caché de ces
paroles, fit le chien couchant, et gagna la porte en rampant, pour
ainsi dire, d'une manière si soumise et si subalterne, d'une façon,
en un mot, si différente des airs de bravache qu'il avait en
entrant, que son patron resté seul sourit plus que jamais.
    « Et cependant, dit-il en prenant une
prise de tabac, je n'aime pas qu'on ait pendu sa mère. Ce garçon a
un bel œil ; je suis sûr qu'elle était belle. Mais très
probablement c'était une grossière créature ; elle avait
peut-être un nez rouge et de gros vilains pieds. Baste ! Tout
a été pour le mieux, sans aucun doute. »
    Après cette réflexion consolante, il mit son
habit, adressa un regard d'adieu au miroir et sonna son domestique.
Celui-ci parût promptement, suivi d'une chaise et de ses
porteurs.
    « Pouah ! dit M. Chester,
l'atmosphère que ce centaure m'a apportée est empestée : cela
pue l'échelle et la charrette. Ici, Peak. Apportez quelque eau de
senteur et arrosez le parquet ; prenez la chaise sur laquelle
il s'est assis, et exposez-la à l'air : jetez un peu de cette
essence sur moi. Je suis suffoqué ! »
    Le domestique obéit ; puis la chambre et
le maître étant tous deux purifiés, M. Chester n'eut plus qu'à
demander son claque, à le placer gracieusement plié sous son bras,
à s'asseoir dans la chaise, et à se laisser emporter dehors en
fredonnant un air à la mode.

Chapitre 24
     
    Comment ce gentleman distingué passa la soirée
au milieu d'un cercle brillant, éblouissant ; comment il
enchanta tous ceux dont il s'approcha, par la grâce de son
maintien, la politesse de ses manières, la vivacité de sa
conversation et la douceur de sa voix ; comment on remarqua
dans chaque coin du salon que Chester était un homme d'une heureuse
humeur, que rien ne le troublait, que les soucis et les erreurs du
monde ne lui pesaient pas plus que son habit, et que sa figure
souriante reflétait constamment un esprit calme et
tranquille ; comment d'honnêtes gens, qui par instinct le
connaissaient mieux, s'inclinèrent néanmoins devant lui, pleins de
déférence pour chacune de ses paroles, et courtisant la faveur d'un
de ses regards ; comment des gens qui avaient réellement du
bon se laissèrent aller au courant, le flattèrent, l'adulèrent,
l'approuvèrent, et se méprisèrent eux-mêmes de tant de
bassesse ; comment, en un mot, il fut un de ceux qui sont
reçus et choyés dans la société par nombre de personnes qui,
individuellement, se fussent éloignées avec dégoût de celui qui
faisait en ce moment l'objet de leur attention avide : voilà
des choses si naturelles, qu'elles se présenteront d'elles-mêmes à
nos lecteurs. De pareilles platitudes sont si communes qu'elles ne
valent à peine

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