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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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tout cela, elle avait
trouvé quelque espérance et quelque consolation à voir qu'il ne
ressemblait pas aux autres enfants ; comment elle en était
presque venue à croire au tardif développement de sa raison,
jusqu'à ce qu'il fût devenu un homme, et qu'alors son enfance fût
complète et durable : toutes ces anciennes pensées jaillirent
de suite dans son esprit, plus fortes après leur long sommeil et
plus amères que jamais.
    Elle prit son bras, et ils traversèrent à la
hâte la rue du village. C'était bien le même village tel qu'elle
l'avait connu jadis ; néanmoins elle le trouvait un peu
changé ; il avait un autre air. Le changement venait d'elle et
non de lui, mais elle ne songeait pas à cela ; elle s'étonnait
de ne plus lui retrouver la même physionomie ; elle se
demandait à quoi cela tenait.
    Tout le monde reconnut Barnabé ; les
enfants s'attroupèrent autour de lui, comme elle se souvenait de
l'avoir fait avec leurs pères et leurs mères autour de quelque
mendiant idiot, lorsqu'elle était un enfant elle-même. Mais
personne ne la reconnut. Ils passèrent devant chaque maison qu'elle
se rappelait bien, chaque cour, chaque enclos ; et, pénétrant
dans les champs, ils se retrouvèrent bientôt seuls.
    La Garenne fut le terme de leur voyage.
M. Haredale se promenait dans le jardin ; il les vit
passer devant la porte de fer, et l'ayant ouverte, il leur dit
d'entrer par là.
    « Enfin, vous avez eu le courage de
visiter l'antique demeure, dit-il à la veuve. Je vous sais gré de
cet effort.
    – J'y viens pour la première fois,
monsieur, et pour la dernière, répliqua-t-elle.
    – La première depuis bien des années,
mais non pas la dernière.
    – Oh ! la dernière.
    – Voulez-vous dire, repartit
M. Haredale, en la regardant avec quelque surprise, qu'après
avoir fait cet effort, vous êtes résolue de ne pas y persévérer, et
que vous allez retomber dans votre faiblesse ? Ce serait
indigne de vous. Je vous ai souvent dit que vous devriez revenir
ici. Vous y seriez plus heureuse que partout ailleurs, j'en suis
sûr. Quant à Barnabé, il est ici comme chez lui.
    – Et Grip aussi, » dit Barnabé en
présentant son petit panier ouvert.
    Le corbeau sautilla gravement dehors, se
percha sur l'épaule de son maître, et, s'adressant à
M. Haredale, il cria, comme pour donner à entendre peut-être
que quelque rafraîchissement modéré ne serait pas de
refus :
    « Polly, mettez la bouilloire au feu,
nous prendrons tous du thé !
    – Écoutez-moi, Marie, dit affectueusement
M. Haredale, comme il lui faisait signe de le suivre vers la
maison. Votre vie a été un exemple de patience et de courage, sauf
cette unique faiblesse qui m'a souvent causé beaucoup de peine.
C'est bien assez de savoir que vous fûtes cruellement enveloppée
dans la catastrophe qui me priva d'un frère unique et Emma de son
père, sans être obligé de supposer (comme cela m'arrive parfois)
que vous nous associez avec l'auteur de notre double infortune.
    – Vous associer avec lui, monsieur !
s'écria-t-elle.
    – Réellement, dit M. Haredale, je
vous en accuse quelquefois. Je suis tenté de croire que, comme de
nombreux liens attachaient votre mari à notre parent, et qu'il est
mort à son service et pour sa défense, vous en êtes venue en
quelque sorte à nous confondre dans l'assassinat dont il a été
victime aussi.
    – Hélas ! répondit-elle, que vous
connaissez peu mon cœur, monsieur ! que vous êtes loin de la
vérité !
    – C'est une idée si naturelle ! Il
est probable qu'elle vous vient malgré vous et à votre insu, dit
M. Haredale, se parlant à lui-même plutôt qu'à elle. Nous
sommes une maison déchue. L'argent, dispensé de la main la plus
prodigue, ne serait qu'une pauvre indemnité pour des souffrances
telles que les vôtres ; répandu avec économie par des mains
aussi étroitement serrées que les nôtres, il devient une misérable
dérision. Je sens cela, Dieu le sait, ajouta-t-il avec
précipitation. Pourquoi m'étonnerais-je qu'elle le sente
aussi ?
    – Vous me faites vraiment tort, cher
monsieur, répondit-elle avec une grande vivacité ; et quand
vous aurez entendu ce que je désire avoir la permission de vous
dire…
    – Je verrai mes soupçons se
confirmer ? dit-il en observant qu'elle balbutiait et devenait
confuse. C'est bien ! »
    Il accéléra sa marche pendant quelques pas,
mais il revint bientôt se mettre à ses côtés.
    « Et enfin,

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