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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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mot était dit. Ils savaient qui nous étions. Allaient-ils nous livrer ? Revêtus d’uniformes russes, nous étions bons pour la corde. Les étrangers se mirent à rire et ouvrirent leurs sacs, mais Petit-Frère leur inspirait une crainte certaine ; deux fois plus grand qu’eux, avec son front bas et son nez cassé, il évoquait le diable en personne.
    Les chameliers nous proposèrent du pain humide et collant qui fit nos délices, ainsi qu’un liquide grumeleux versé d’une outre en peau de chèvre et qui se révéla être du lait. En échange, ils eurent de la machorka et du papier de journal en guise de papier à cigarettes.
    Tous riaient, et comme le rire est contagieux, nous riions aussi. Le plus âgé posa des questions discrètes concernant la vodka. Alte, toujours prévoyant, en avait dans sa gourde, laquelle fut vidée en un clin d’œil par les trois hommes. Mis en confiance, ils attirèrent Alte à l’écart et, avec force paroles et force gestes pour se faire comprendre, ils montrèrent, en faisant des dessins dans la neige, la direction de l’ouest.
    Un des hommes se mit à courir en rond, cria : « Boum ! Boum ! » et tomba comme mort. Alte secoua la tête, ce qui parut ravir les hommes.
    Deux jours plus tard, nous entrions avec les chameliers dans un village.
    – Ça va faire du vilain, murmura le Vieux. Dans un village, il y a des gens, et là où il y a des gens, il y a la N. K. V. D. C’est aussi vrai que l’Amen dans une église !
    Les trois chameliers semblèrent deviner ce qu’il disait et devinrent hilares. L’un d’eux cria avec insouciance :
    –  Njet politrûk !
    Notre arrivée ne sembla éveiller aucune attention particulière. Le chef, qui se nommait Fjodor, nous indiqua quelques huttes ; un homme s’occupa des chiens, puis Fjodor fit signe à Alte de le suivre.
    Comme Alte, visiblement, hésitait, Fjodor redit en riant :
    –  Njet politrûk.
    Le légionnaire jeta son fusil mitrailleur sur son épaule et s’offrit à accompagner le Vieux. Celui-ci se décida enfin et, tout en se courbant pour sortir, il nous lança par-dessus son épaule :
    – Si dans une demi-heure on n’est pas rentrés, venez à notre recherche.
    – Je n’aime pas ça, grommela Barcelona d’un air inquiet. Ces gens savent que nous sommes des Allemands ; en nous aidant, ils prennent un risque terrible, alors pourquoi le font-ils ? Vous allez voir qu’ils vont nous ramener une bande de N. K. V. D. !
    – Alors il leur faudra être vifs, dit Porta qui sortait une poignée de grenades. Ces pets les feront réfléchir.
    – Filons ! proposa Steiner. J’ai vu où le type a garé l’attelage.
    – On ne va tout de même pas laisser le Vieux et le blédard en plan !
    – C’est vrai, réfléchit Steiner, mais quelle merde d’attendre dans cette souricière !
    – Peut-être sont-ils déjà pris, dit nerveusement le « Professeur ». Après, ça va être notre tour.
    – Et sois heureux s’ils te tuent, prévint Porta du ton le plus gai. A un héros de la légion SS, on a l’habitude d’en faire bien plus que ça ! Si on te laisse ta peau, tu aboutiras au Cap Deshnev. Tu sais ce que c’est ?
    – Non, murmura le Nordique en plissant ses paupières.
    – C’est un endroit où les SS en viennent à ramasser du plomb avec les ongles, et ça jusqu’à ce qu’Is en pourrissent.
    Porta se lançait déjà dans une description alléchante des mines de plomb, lorsque la porte s’ouvrit brusquement pour livrer passage à Alte qu’accompagnaient le légionnaire et Fjodor. Ils poussaient devant eux un petit type maigre en uniforme d’artilleur allemand.
    – Regardez le cadeau de Fjodor. Ça fait trois mois qu’ils le cachent ; ils disent qu’il a été fusillé.
    Nous regardions avec stupeur un soldat livide qui avait tout au plus dix-huit ans.
    – Fusillé ! s’exclama Barcelona Blom. Comment ça ?
    Petit-Frère, qui s’épouillait assis sur une table, leva les yeux et regarda, méfiant le jeune artilleur.
    – Si tu as été fusillé, copain, tu dois être mort, et si tu rappliques ici comme mort c’est que tu es un revenant. Moi, j’aime pas ça du tout, aussi je te conseille de filer, sans ça je te tuerai au point de te faire passer le goût du revenant.
    – Cesse tes conneries une bonne fois ! cria Alte impatienté. – Il se tourna vers l’étranger et lui tendit une gourde donnée par Fjodor. – Prends une lampée d’eau-de-vie de

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