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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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maïs.
    – Je ne peux pas, dit le jeune soldat. Je ne supporte rien de tout ça.
    Porta haussa le cou, du poêle où il s’était juché :
    – Pourquoi que tu ne supportes pas la goutte, frère ?
    – J’ai la tête fêlée. – Il se détourna et montra une plaie ouverte qu’il avait dans la nuque, ou plutôt une cicatrice rouge sang. – Ils m’ont fusillé là. Depuis, je me sens bizarre.
    _C’est pas beau, murmura Barcelona en fixant l’horrible cicatrice suppurante. Mais comment est-ce que c’est arrivé ?
    – Je m’appelle Paul Thomas et je suis canonnier au 209 e d’artillerie, expliqua l’étranger en essuyant son front couvert de sueur. Ils nous ont pris un soir. On était montés en ligne avec nos S. M. G. ( Schweres Maschinengewehr : mitrailleuse lourde) et la section était au complet. La plupart, des nouveaux.
    Il s’arrêta comme si le fait de parler constituait un effort immense. Fjodor lui tendit un bol de lait qu’il but aussi avidement que s’il avait peur que nous ne le lui dérobions ; puis il regarda le petit Kalmouck avec reconnaissance et chuchota :
    –  Spassibo tovaritclu
    Fjodor lui tapota la joue en lui disant des tas de choses dans sa propre langue qui n’était pas du russe.
    – Notre chef de section, Tauber, un sous-off’, voulait se rendre. Hans Bülow et moi, au contraire, nous voulions combattre encore, mais Tauber dit que c’était en pure perte. Peut-être qu’il avait raison, mais on disait tant de choses sur Ivan que je trouvais qu’il valait mieux continuer ; tant qu’on tirait ils ne pouvaient pas nous avoir et nous avions encore des masses de grenades à main. On pouvait très bien tenir une demi-heure et, au bout de ce temps-là, s’échapper, mais Tauber affirmait qu’on serait mieux traité en se rendant. Justement, les Russes avaient crié plusieurs fois des promesses de vie sauve pour ceux qui se rendraient. Finalement, Tauber nous a menacés de sa mitraillette ; il était sous-officier et je pensais qu’il en savait plus long que moi qui suis 2 e classe. Donc, nous nous sommes levés, les bras en l’air.
    – Et où était le reste de la batterie ? demanda Barcelona très étonné.
    – Ils avaient filé ; c’était nous l’arrière-garde. Au début Ivan s’est bien conduit. On a eu du schnaps et des cigarettes ; un sous-off voulut la Croix de fer de Tauber qui la lui donna en échange d’un gros morceau de pain qu’on s’est partagé ; puis ils nous ont emmenés vers l’arrière pour nous interroger comme nous interrogeons nos prisonniers. Ils nous ont demandé si nous étions Jeunesses Hitlériennes, tout comme nous leur demandons s’ils sont Komsomols ; naturellement, tout le monde a dit non, mais ils ont découvert qu’on mentait parce qu’un idiot l’avait écrit dans son livret militaire. Alors, ça a changé. Ils étaient sûrs que nous avions torturé des gens et tout le bazar ; ça n’a servi à rien de jurer qu’on ne l’avait pas fait ; ils nous ont traités de fumiers et nous ont menacés des pires choses, puis ils nous ont emmenés à des kilomètres en arrière, dans un village qui s’appelle Daskjovo ou quelque chose comme ça. On n’est pas tout à fait soi-même quand on est au milieu des Ivans.
    – Je le crois volontiers, dit le légionnaire ; j’aime bavarder avec eux du bon côté d’une mitrailleuse.
    – Au village, ils ont volé tout ce que nous avions, montres, bagues, argent, mais ils ne nous ont pas battus.
    – Tiens, prends une machorka, petit, dit Alte.
    – Je chique, dit Paul en souriant. – Il se caressa la nuque et nous regarda comme s’il s’en excusait. – Ils ne nous ont pas battus, continua-t-il en réfléchissant, mais ils nous ont fusillés.
    – Je ne comprends rien, coupa Petit-Frère. C’est un vrai artilleur et pas un revenant, et qui devrait être mort. Et pourtant il vit ! Qui ose me traiter d’idiot ?
    – L’un après l’autre, ils nous ont liquidés, continuait Paul. Un à la fois, chacun son tour. On faisait la queue et on attendait, comme quand on attend la soupe devant les cuisines. J’étais le dernier, le plus jeune et j’avais le droit de vivre le plus longtemps, a dit le Russe qui commandait. Quand ils m’ont poussé vers l’avant, je me suis agenouillé ; j’avais vu comment avaient fait les douze autres. – Il regarda nerveusement autour de lui. – Le plus curieux, c’est que j’avais une telle peur que je ne me rendais

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